Il a dénoncé le retard mis par les pouvoirs publics dans le déblocage de l’aide financière au profit des candidats. Conséquence : le nombre de meetings qu’il comptait animer a été réduit de 32 à 19 seulement.
« L’issue de la prochaine élection présidentielle est presque connue. » Ce n’est pas là une diatribe d’un leader de l’opposition qui a décidé de tourner le dos à la prochaine joute électorale, mais le constat du candidat Mohamed Saïd livré à l’occasion d’une conférence de presse animée hier au siège de sa permanence électorale à Alger. « Quand on voit ce qui se passe sur le terrain, on ne peut pas ne pas arriver à cette conclusion : le résultat de l’élection est presque connu », indique-t-il. Mais il fonde tous ses espoirs sur le peuple pour conjurer une telle perspective. « Aux gens du pouvoir, je leur dirai que vous ne connaissez pas très bien le peuple. Les Algériens ne sont pas dupes et ne se laissent pas entraîner comme un troupeau. Mais il faut d’abord entrer dans la campagne et, alors, c’est au peuple de choisir », assure-t-il.
Pour ce qui est du taux de participation, Mohamed Saïd dit ne pas en faire une maladie. « Personnellement, le taux de participation ne m’inquiète pas outre mesure. Le problème n’est pas dans le taux de participation, mais dans la peur du taux de participation. La principale cause de la baisse du taux de participation dans toutes les élections organisées ces dernières années c’est la fermeture du champ politique et le verrouillage du champ médiatique », soutient-il. Et sans prendre de gants, le candidat Mohamed Saïd assure qu’il y aura fraude et se dit ne pas avoir de moyens pour la contrecarrer. « Aucun parti ne peut prétendre pouvoir surveiller les 50 000 bureaux de vote.
Le seul parti à même de le faire est celui de l’administration. Celui qui a ce parti sera le grand gagnant de l’élection », souligne-t-il.
Dans ces conditions, pourquoi alors participer à l’élection ? « J’ai décidé de participer car le pays est en danger », rétorque-t-il. Il s’est dit déterminé à aller jusqu’au bout de sa logique participationniste quel que soit le prix à payer. Et, d’ores et déjà, il a fait savoir qu’il ne compte pas reproduire le scénario de 1999, c’est-à-dire un retrait à la dernière minute. « Le retrait ne fait pas partie de ma feuille de route », tranche-t-il.
Enfilant l’habit de l’opposant, le candidat Mohamed Saïd a dénoncé le retard mis par les pouvoirs publics dans le déblocage de l’aide financière au profit des candidats. Conséquence : le nombre de meetings qu’il comptait animer a été réduit de 32 à 19 seulement. « Ce retard n’est pas fortuit. Cela obéit à une volonté politique d’étouffer certains candidats et de les empêcher de mener à bien leur campagne électorale. C’est un moyen de pression entre les mains du candidat du pouvoir sur les autres candidats », fulmine-t-il. Sur sa lancée, Mohamed Saïd a aussi dénoncé le traitement de faveur dont a bénéficié le président-candidat dont les portraits sont sur tous les murs de la capitale et des autres villes du pays avant même le début de la campagne. Il ne s’est pas empêché aussi de prendre à partie le candidat Bouteflika à qui il reproche d’avoir fait une campagne précoce. De son point de vue, il y a lieu d’instituer une loi délimitant les tâches du chef de l’État et celles d’un candidat durant la campagne. Il s’est même érigé en défenseur des tenants du boycott qui, explique-t-il, ont le droit d’exprimer leur avis.
Pour ce qui est du bilan des deux mandats de Bouteflika, Mohamed Saïd estime qu’il se caractérise par un point positif (le rétablissement de la sécurité et de la paix) et beaucoup de faiblesses dans la gestion économique.
Idéologiquement, Mohamed Saïd se présente comme islamiste, nationaliste et démocrate à la fois. « J’appartiens au courant majoritaire dans ce pays : le courant algérien. Il est à la fois islamiste, nationaliste et démocrate. » Il assure que sa candidature a bénéficié du soutien de personnalités connues des courants nationalistes sans aller jusqu’à divulguer leur nom.