Alors que les prévisions en termes de rendements sont plutôt optimistes, la production de la cerise est, une nouvelle fois, menacée par le capnode, un insecte ravageur qui ne cesse de ravager les cerisaies à travers plusieurs zones d’implantation.
Dans la wilaya de Tizi Ouzou, principal bassin de production de ce fruit rustique, les producteurs et plusieurs spécialistes agronomes viennent d’alerter les services techniques ainsi que les responsables de la DSA (direction des services agricoles de wilaya) sur l’apparition de cette mouche redoutable alors que la campagne de cueillette vient d’être lancée, dès le début de ce mois de juin.
Concernant les rendements pour la saison en cours, les services de la DSA de la wilaya de Tizi Ouzou tablent sur une production totale de 20 000 quintaux, en légère hausse par rapport à la saison d’avant. Lequel volume sera atteint avec une surface productive de près de 1 000 hectares sur une surface globale de plantations de près de 1 200 ha, avec un rendement moyen de 21 quintaux/ha, a fait savoir le responsable de la production végétale auprès de la DSA, M. Kouraba Karim.
Dans cette wilaya du pays, les champs de production de la cerise sont concentrés essentiellement dans les zones montagneuses culminant à plus de 900 mètres d’altitude, à l’instar des régions de Aïn El Hammam et Larbaa Nath Irathen. Afin de sauver la saison en cours, des moyens techniques et scientifiques doivent être déployés en urgence, ont averti des agronomes nombreux afin de prendre de vitesse le capnode dont l’éradication devient de plus en plus difficile. Tel qu’il a été expliqué par des universitaires de la faculté des sciences agronomiques de l’université de Tizi Ouzou, ce ravageur hiverne sous forme de larves ou adultes dans les racines ou dans divers abris dans les branches des cerisiers. Le ravageur se manifeste et s’attaque au fruit dès le mois de mai.
Dans les régions productrices, non seulement dans la wilaya de Tizi Ouzou mais à travers plusieurs régions du pays, le capnode a fait son apparition depuis plusieurs années sans qu’aucun traitement ne parvienne à son éradication. Les recherches qui y ont été menées, attestent que le ravageur a été introduit en Algérie avec l’arrivée de nouvelles variétés de plants non adaptés au climat et aux sols au niveau local. Cependant son éradication nécessite le traitement entier de la cerisaie du pays et la destruction de tous les arbres atteints, chose qui demeure difficile à réaliser, déclare le responsable de la DSA de Tizi Ouzou.
Pourtant, tel que l’explique un spécialiste en la matière, M. Belgat Sassi de la faculté d’agronomie de l’université de Mostaganem, « le cerisier dans notre pays risque de disparaître à moyen terme si des moyens adéquats et efficaces ne sont pas déployés pour le protéger ». Pour ce dernier, il faut d’abord augmenter la production qui demeure très faible. Sur ce plan, il faut rappeler que de nombreux territoires algériens ont perdu de leur vocation. « Dans le passé, le cerisier existait à Constantine et sur les monts de Skikda, alors que maintenant, dans ces régions, il a complètement régressé ou disparu », se souvient-il avant de suggérer que « la culture du cerisier est à avantager dans les territoires où les conditions climatiques et biologiques sont réunies, mais nous avons aussi tous les éléments techniques qu’il faut intégrer pour la réussir pour peu que les pouvoirs publics appuient les paysans et leur viennent en aide d’une façon effective et sérieuse ».
Par la suite, M. Belgat estime qu’ il y a un énorme travail à faire pour réorganiser la filière de la cerise en aval. Il y a des citoyens en Algérie qui ne connaissent même pas la cerise parce qu’ils ne la trouvent pas sur le marché. C’est-à -dire, la commercialisation de ce produit n’est pas généralisée à présent.
Mourad Allal (L’Éco n°90, du 1er au 15 juin 2014)