On peut organiser un salon du livre annuellement, trimestriellement, voire mensuellement, cela ne changera rien à la problématique de la lecture qui n’a plus la cote chez le jeune public.
La manifestation profite notamment aux auteurs et aux éditeurs du livre scolaire qui représente près de 70 % des ventes, illustrant le désintérêt que connaît le livre littéraire chez les jeunes lecteurs. Cette baisse est le fruit de la combinaison de plusieurs facteurs.
Aujourd’hui, rares sont les enfants qui sont portés sur la lecture préférant passer plus de temps devant leur console de jeux, ainsi que les riches programmes des chaînes satellitaires. Même les célèbres contes de fées qui ont bercé des générations entières ont été adaptés cinématographiquement de la manière la plus spectaculaire. Un éventail de choix aussi riche que varié qui ne laisse guère de place au livre moins insolite et moins magique que toute cette armada de jeux vidéo qui envahissent le marché. Il est aussi beaucoup moins bien loti que les centaines de chaînes satellitaires et leurs saisissantes séries télévisées. Et puis, il ne faut pas oublier que la lecture d’un livre demeure personnelle. Elle ne se partage pas contrairement à la nouvelle technologie ou les jeunes enfants pourraient se mettre à plusieurs pour apprécier une partie de jeux. Mais le désintérêt de l’enfant pour le livre pourrait aussi être lié à la qualité du livre lui-même du point de vue texte, illustration ou l’histoire qui ne répond pas aux aspirations de cette catégorie de lecteurs si complexe. Il y a «un manque de livres envoûtants qui attireraient l’enfant dans le monde de l’imaginaire», déplorait récemment Djamila Mecheri romancière. L’absence du livre dans l’environnement de l’enfant est un autre élément qui pourrait jouer en défaveur de l’amour qu’il peut avoir pour la lecture. Sans doute, beaucoup de parents aimeraient voir leur progéniture s’intéresser à cet outil. Mais combien sont-ils à faire l’effort de lire devant leurs enfants qui sont des imitateurs par excellence ? Les experts s’accordent tous à dire que les parents peuvent être de bons comme de mauvais exemples. Il en est de même pour la présence du livre dans la maison qui influerait positivement sur la personnalité des enfants. Outre ces facteurs cités précédemment, la cherté du livre et l’absence de bibliothèques dans plusieurs régions du pays sont perçues comme un véritable handicap au développement du goût de la lecture chez nos jeunes.
La lecture est un moment de plaisir qui a un rôle déterminant dans le développement et l’épanouissement de l’enfant. Son absence, en revanche, est très préjudiciable pour la culture générale, pour le vocabulaire ainsi que pour la grammaire. A ne pas omettre au passage de rappeler que sur les six millions d’analphabètes recensés par le Centre national d’études et d’analyses pour la population et le développement (Ceneap), 60 % sont de sexe féminin et 75 % masculin âgés entre10 et 15 ans ! La chute de la lecture semble, tout compte fait, persistante au point de prendre le dessus sur l’ascension des autres activités. Ce qui devrait compliquer davantage le développement du livre en direction du jeune public.
A.B