L’Etat-Major avait entamé une opération de modernisation : La France craint la puissance de l’ANP

L’Etat-Major avait entamé une opération de modernisation : La France craint la puissance de l’ANP

« Si un bouclier antimissile en Europe est inutile, compte tenu de l’accord iranien, il peut se concevoir avec la participation russe face au Sud. Car du Maghreb au Pakistan, la menace balistique augmente pour tous les Européens ». Tel est le sentiment d’un chercheur qui travaille pour le compte des services de renseignement français et l’avis d’un analyste, exprimés sur ‘’camerounliberty’’.

Pour lui, la menace proviendrait de l’Algérie qui cherche, selon lui, à développer un embryon d’industrie de défense : « Que ferons-nous dans dix ans si l’Algérie, dont certains signaux laissent à penser qu’elle souhaite développer un embryon d’industrie de défense et qui, par ailleurs, renforce sans cesse ses moyens militaires, se dote d’engins de portée intermédiaire, SRBM ou MRBM ? », se pose-t-il la question. Et cela serait d’autant plus inquiétant, ajoute-t-il, que « l’Algérie dispose d’une armée bien équipée, parfaitement en mesure de maîtriser l’usage des missiles balistiques si elle décidait d’en acquérir » . Selon cet analyste, les militaires français « surveillent avec attention la modernisation des capacités de l’armée de l’air algérienne. Il faut une demi-heure à un Sukhoï-24 décollant d’Alger pour se mettre à portée de tir de missile de Marseille ou de Montpellier ». En réalité, ce chercheur ne fait que traduire une appréhension des capitales européennes par rapport à la volonté exprimée des autorités à moderniser l’Armée nationale, au regard des dangers majeurs qui menacent la sécurité du pays. Or, les capitales européennes n’ont jamais admis l’idée que l’ANP se modernise à un rythme effréné pour rattraper le retard engendré par la guerre déclarée contre le terrorisme au début des années 1990. Ces interrogations de l’Occident au sujet des armes conventionnelles dont l’Algérie tente de se doter ne sont pas anodines. Déjà au début des années 1980, ces mêmes spécialistes européens travaillant pour le compte des divers services de renseignements avaient prédit que l’Algérie aurait sa propre bombe nucléaire. Ils ont avancé dans leur thèse le fait que l’Algérie dispose d’une infrastructure nucléaire très importante et de solides compétences scientifiques et technologiques dans ce domaine, fédérées par plusieurs institutions de recherche (notamment le Centre des sciences et de la technologie nucléaires). En 1991, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) savait qu’elle s’était dotée d’un petit réacteur de fabrication argentine, et qui était entré en service deux ans auparavant. Ce réacteur à eau légère dénommé Nour, de faible puissance (un mégawatt thermique), était surveillé et ne comportait pas de risque de prolifération. En 1983, l’Algérie avait signé un accord avec la Chine pour la fourniture d’un réacteur de quinze mégawatts thermiques, dénommé Es-Salam, sur le site d’Aïn Oussera. Les provocations furent attisées par le rappel par Londres, le 10 avril 1991, du colonel William Cross, l’attaché militaire britannique en poste à Alger. Ce « départ » avait été exigé par le gouvernement algérien, l’officier ayant eu l’idée de s’approcher un peu trop près de la base d’Aïn Oussera. Le lendemain, l’existence du réacteur est évoquée par un article du Washington Times alors que l’Algérie avait informé l’AIEA de son existence. L’Algérie a toujours assuré ne pas être intéressée par l’enrichissement ou le traitement de l’uranium, mais seulement pour un usage civil destiné à la recherche. Le budget alloué à ce segment est dérisoire, ce qui démontre le peu d’intérêt accordé par les autorités au nucléaire. Mais ce chapitre n’est pas le seul à intéresser les Européens. Le devenir politique et sécuritaire du pays dans les prochaines années est aussi au cœur des préoccupations du vieux continent. Tout en mettant en exergue le danger que représente Daech qui a déjà mis un pied en Libye, les spécialistes s’interrogent si les futurs dirigeants de l’Algérie « seront-ils mieux disposés vis-à-vis de la France ».Les analystes font le lien avec la dernière déclaration de l’ex-président français Nicolas Sarkozy à Tunis pour qui l’Algérie représente pour la France « la plus grande menace potentielle ». « La Tunisie est frontalière avec l’Algérie (et) la Libye. (…) L’Algérie, qu’en sera-t-il dans l’avenir de son développement, de sa situation ? », a-t-il souligné, résumant les angoisses qui se manifestent de part et d’autre de la Méditerranée, compte tenu de la situation dans le pays. En France, on suit attentivement la situation politique et les relations avec l’Algérie et on ne cesse aussi de s’interroger sur ce qu’il adviendra dans dix ans.

Ismain