Bienvenue à la cité du synthétique
Lorsque l’on se promène à la campagne ou en ville, c’est presque du pareil au même, du point de vue de la pollution de l’environnement, avec tous ces milliers de sacs en plastique, qui sont disséminés un peu partout, à travers champs en milieu rural ou dans les jardins, places publiques, sur les arbres etc…
C’est l’invasion de cette espèce indestructible à laquelle
nous n’arrivons pas à mettre fin, et pour cause, l’incivisme de certains citoyens qui n’hésitent pas à se débarrasser des sachets une fois utilisés, comme bon leur semble. Puis il y a le vent qui les emporte pour les éparpiller dans toute la ville.
Pour ceux qui ne le savent pas encore, ces sacs sont très nocifs pour la nature. A titre d’exemple, une région grande comme un Etat des USA, entièrement faite de sacs et déchets en plastique, qu’on appelle le 7ème continent, flotte dans le Nord du Pacifique, tuant requins ou tortues qui les prennent pour des méduses.
Ces sacs sont constitués majoritairement de polyéthylène ou plus rarement de PP (polypropylène) ou de PVC (polyvinyle chlorure). Ces matières premières dérivent à 100% des produits pétroliers et ne sont pas biodégradables.
Il faut moins d’une seconde pour fabriquer un sac plastique qui restera en moyenne 20 minutes dans vos mains et mettra près de 400 ans à disparaître dans la nature.
Aussi, la réduction de l’usage des sacs plastiques dans notre pays, doit se faire de manière appropriée pour la préservation de notre environnement.
Il y a quelque temps déjà, l’Union nationale des plasturgistes (UNP), affiliée à la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), avait proposé une série d’actions aux pouvoirs publics, notamment en matière de réduction de la pollution causée par les sacs en plastique en Algérie.
Il s’agissait, en premier lieu, de renforcer l’effort d’information et de sensibilisation envers les ménages, sur la nécessité de limiter leur consommation de sacs en plastique au minimum, en vue de réduire la pollution engendrée par la prolifération de ces sacs dans les agglomérations.
La deuxième proposition portait sur l’encouragement de la création de microentreprises opérant dans les activités liées à la collecte et la récupération de sachets en plastique en Algérie pour leur recyclage.
Et enfin de développer l’industrie de fabrication de sachets en plastique avec le rajout de nouveaux composants assurant sa décomposition rapide (6 mois à une année), sans porter atteinte aux consommateurs.
D’après des statistiques fournies par cette association, l’Algérie consomme quelque six (6) milliards de sacs en plastique par an, contre 17 milliards en France, à titre de comparaison. Les sachets en plastique représentent un taux de 1,5% de l’ensemble de déchets ménagers en Algérie.
Qu’en est-il aujourd’hui du côté de l’usage de ce type de bourse et surtout, comment s’en débarrasser ?
Lorsque ces sacs ne sont pas purement et simplement abandonnés, ils sont incinérés. Ils contribuent ainsi à la pollution par incinération qui génère de nombreux polluants chimiques comme les dioxines et concentre les métaux lourds comme le mercure, le plomb et le cadmium ou l’arsenic.
Pourtant, les dioxines se retrouvent principalement dans le lait, le beurre, la viande de bœuf et la viande et le poisson en général, mais peu dans les légumes et le sol.
Aussi, le lait, par exemple, est retiré de la consommation lorsque la teneur en dioxines dépasse 5 picogrammes/g de matière grasse (1 pg = 1 millionième de millionième de gramme. Toutefois, il existe depuis quelques années déjà, de nouveaux procédés qui sont de plus en plus utilisés dans les pays évolués.
Tout d’abord, il faut généraliser l’emploi de sacs biodégradables et compostables. Ces sacs disparaissent tout en présentant une résistance au moins égale à celle des sacs plastiques. Il en existe deux sortes : les sacs en papier et les sacs en amidon de maïs.
Les sacs papier cependant présentent quelques désavantages : ils demandent plus d’énergie pour être produits (5 à 7 fois plus qu’un sac en amidon de maïs), les papeteries sont des industries polluantes qui consomment énormément d’eau et surtout le papier met beaucoup plus de temps à se décomposer, ce qui le rend peu intéressant pour le compostage industriel.
Les sacs en amidon de maïs sans OGM sont quant à eux «consommés» très rapidement par les micro-organismes du sol, des rivières, des lacs ou des océans. Leur durée de vie est donc extrêmement limitée, de l’ordre de 3 semaines à deux mois, selon le climat, et ce sont donc des candidats de choix pour le compostage industriel.
Alors que dans beaucoup de pays y compris africains, les sacs en plastique ont été interdits, chez nous on continue d’utiliser les sacs en plastique sans nous référer de manière plus sérieuse aux sacs biodégradables.
Il suffirait, semble-t-il, d’ajouter au polyéthylène un additif de déstabilisation pour le rendre dégradable. Il parait même qu’à certaines régions du pays, il y aurait eu même par moment, la réapparition de sachets noirs totalement interdits à la vente.
En plus de leur effet nocif, ces bourses enlaidissent les endroits où ils sont fixés. Il n’y a pratiquement aucun site qui ne soit envahi par ces sacs comme en témoigne, d’ailleurs, l’intérieur des grandes cités à l’exemple de celles situées à l’Est comme à l’Ouest d’Oran.
Pour H.Menaouer, 58 ans, résidant à Es-Sénia, ce sont les gens qui sont incivils : «Les bourses n’ont quand même pas atterri toutes seules à l’intérieur des cités, sur les terrains vagues, dans la rue, soit partout où l’on jette un regard, il y des centaines de bourses accrochées à toutes sortes d’objets», tiendra à affirmer ce dernier.
Pour B.Abderrahmane, habitant à Sidi Chahmi, il dira à ce propos : «Lorsque je me déplace chaque jour pour me rendre à Oran, je constate tout au long du trajet, des champs et autres espaces qui sont jonchés de sacs en plastique en tous genres.
C’est le vent qui les transporte. Malgré le bon vouloir de certains citoyens de procéder à leur enlèvement, il y en a toujours d’autres qui arrivent.
C’est bien malheureux, car à la télévision, lorsqu’il m’arrive de suivre, par exemple, le tour de France de cyclisme, je suis ébahi par la propreté de toutes les étapes, où pas un papier et encore moins un sac en plastique ne traîne.
Il y a vraiment de quoi se poser quelques questions».
Dans l’attente qu’une solution de substitution à ces sacs en plastique, ne vienne mettre fin à cette invasion qui menace sérieusement l’environnement, un peu de civisme ne ferait de mal à personne.
B.B.Ahmed