Les 8 leçons de la maladie de Bouteflika et des scandales de Sonatrach

Les 8 leçons de la maladie de Bouteflika et des scandales de Sonatrach

Il convient, à l’avenir, devant privilégier les intérêts supérieurs de l’Algérie, pour les autorités de tirer huit leçons à la fois de la maladie du président Abdelaziz Bouteflika et des scandales financiers de Sonatrach. Mais il existe d’autres scandales touchant d’autres secteurs dévoilés tant par la presse algérienne qu’internationale) qui ternissent l’image de l’Algérie.

La dernière image du président.

Premièrement. Il ne pourra y avoir aucun développement véritable en Algérie, une symbiose Etat citoyens si l’on ne rétablit pas la morale, une meilleure gestion des deniers publics, propriété de toute la population algérienne, évitant de dépenser sans compter, surtout de ceux qui sont en charge de gérer la Cité. La corruption socialisée, favorisée par la dominance de la sphère informelle, produit de la logique bureaucratique rentière, où une minorité contrôle 50% de la masse monétaire en circulation (62,5 milliards de dollars estimation de 2012),les transferts illicites de capitaux par la surfacturation, produit du non contrôle et de la fixation administrée du taux de change du dinar algérien deviennent un danger pour la sécurité nationale.

Deuxièmement. Une personne quelle qu’elle soit est un être humain et peut tomber malade évitant une vacance du pouvoir et surtout que ses proches qui n’ont pas été mandatés par le peuple algérien, par des pratiques occultes, s’accaparent du pouvoir. Il n’existe pas de femmes et d’hommes providentiels, l’Algérie recelant d’importantes compétences à tous les niveaux mais marginalisées. De ce fait, outre la limitation des mandats du président, pour éviter une cour stérile dans le temps, et favoriser l’alternance au pouvoir, prévoir un vice président tout en rétablissant la fonction de chef de gouvernement avec de larges prérogatives dans le domaine économique qui est l’enjeu essentiel des années à venir si l’on veut éviter une implosion sociale à terme, qui faute de réseaux organisés crédibles peuvent conduire à l’anarchie.

Troisièmement. Pour les fonctions sensibles, conseillers à la présidence, ministres, cadres supérieurs dans les autres sphères sensibles de l’Etat, PDG de grandes sociétés publiques, outre la moralité sans faille, ( paradoxe des personnes en fonction étant ministres ou PDG depuis plus de 20/30 ans), il devra être interdit d’avoir la double nationalité. Et ce comme cela se passe dans tous les pays du monde. Et l’erreur politique et d’avoir octroyé des fonctions supérieures à des personnes résidant à l’étranger, ou des binationaux dont leur famille vivent à l’extérieur, donc peu préoccupés par le destin de l’Algérie. Où est le secret d’Etat lorsqu’un ministre de souveraineté est marié à une étrangère n’ayant pas la nationalité algérienne ?

Quatrièmement. Eviter la création d’institutions de contrôle dépendant de l’exécutif, qui se télescopant fonction des rapports de force, en l’occurrence le Ministère des Finances ,étant juge et partie, en leur donnant une totale indépendance ,devant les mettre soit sous l’ autorité du président de la république ou du parlement qu’il convient de dynamiser pour le contrôle. Il s’agira de rétablir le rôle de la Cour des comptes dépendant selon la Constitution du président de la république, paradoxalement gelée depuis des années. Avec la mise de centaines de milliards de dollars sur le marché,( 500 milliards de dollars de dépenses publiques programmées entrez 2004/2013 part en devises et en dinars) le rôle des services de sécurité qui doivent se spécialiser de plus en plus dans le renseignement économique et financier,servant seulement d’appoint, il fallait logiquement s’attendre à de malversations. Mais le contrôle le plus efficace est l’instauration d‘un Etat de droit sous tendu par une véritable justice indépendante, et une profonde démocratisation de la société avec de véritables contre-pouvoirs non instrumentalisés tant politiques que de la société civile.

Cinquièmement. Sonatrach est l’Algérie et l’Algérie est Sonatrach (97 % des rentées en devises). Aussi, un large débat, sans passion, doit être engagé en urgence, face aux importants bouleversements mondiaux qui s’annoncent sur le plan énergétique, sur l’avenir énergétique de l’Algérie et donc sur la transition énergétique qui engagent la sécurité nationale. Paradoxe, le Conseil National de l’Energie, qu’ils ‘agit e rétablir sans ses prérogatives, présidé par le président de la république et regroupant la majorité des centes décisionnels du pays est gelé depuis de longues années, le Ministère de l’Energie à lui seul ne pouvant engager l’avenir de tout un pays. Parallèlement, outre le bilan des investissements réalisés par Sonatrach à l’étranger, établir un bilan physique ( pour déterminer le pompage et la durée de vie des réserves pétrole et gaz, fonction de l’évolution du coût, de l’évolution du vecteur prix international et de la concurrence des énergies substituables). Ensuite établir le bilan des recettes en devises de Sonatrach, à prix constants entre 1970 et 2013 (la valeur du dollar et du baril de pétrole en termes de parité de pouvoir d’achat n’ étant pas la même en 2013 et en 1970) et par là la ventilation en investissement propres, en apport en fiscalité et en placement tant en obligation européennes,en bons de trésor américains, en droits de tirages spéciaux auprès du FMI (DTS), en yen ou livre sterling, ( environ 190 milliards de dollars non compris les 173 tonnes d’or) en précisant le taux d‘intérêt directeur et la durée du placement .

Sixièmement. Tenant compte des accords internationaux, des mutations tant locales internes que mondiales, comment insérer l’Algérie dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux, étant au sein d’une économie ouverte, loin du volontarisme étatique, vision périmée d’un autre âge, pour déterminer les filières à développer afin de réaliser une transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures. Après 50 années d’indépendance l’Algérie n’ayant pas d’économie productive, avec 97% des exportations hors hydrocarbures et important 701/75% es besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15%. Cela explique en grande partie, avec les augmentations généralisées de salaires sous la pression sociale, la flambée des importations, allant vers 60 milliards de dollars de biens en 2013 auquel il faudra ajouter plus de 12 milliards de dollars de services. La restriction des importations sans ciblage ne risque – il pas d’entrainer la fermeture de chantiers ainsi que l’accélération du processus inflationniste ? Cela suppose une réorientation de toute l’actuelle politique économique qui a montré ses limites et parallèlement un large débat national sur les subventions généralisées sans ciblage source d’injustice sociale, et de gaspillage par des fuites hors des frontières, fuite qui constitue un transfert illicite de devises et sur la fixation par la banque d’Algérie de la cotation du dinar algérien par rapport aux monnaies clefs, (dollar, euro notamment).

Septièmement. Avec l’épuisement inéluctable, sur les réserves de pétrole et du gaz traditionnel horizon 2025/2030, un large débat s’impose, devant comptabiliser la forte consommation intérieure qui doublera vers 2017 du fait du bas prix et du doublement des investissements programmés utilisant les turbines de gaz, au moment où la population approchera 50 millions d’habitants. Le gaz de schiste est-il la solution, nécessitant la maitrise technologique (où en est l’acte de formation) pour éviter la détérioration de l’environnement nécessitant un million de mètres cubes d’eau douce pour un milliard de mètres cubes gazeux ? Où en est-il du programme des énergies renouvelables après l’annonce officielle de débloquer 100 milliards de dollars durant les deux prochaines décennies pour porter à 40% la consommation d’électricité à partir de ces énergies ?

Huitièmement. Un large débat sur le bilan socio-économique 2000/2013 où selon le dernier rapport de l’OPEP (juillet 2013), le prix du baril qui permettrait de financer le budget de l’exercice 2013 de l’Algérie, ne saurait aller en dessous de 123 à 124 dollars contre environ 115 dollars en 2012, une estimation qui reste proche de celle du Fonds monétaire international qui a fixé la rentabilité du baril de pétrole pour l’Algérie à 121 dollars. Pourquoi la non proportionnalité entre l’importance de la dépense publique avec des surcoûts selon les rapports internationaux, de 30/40% et le taux dérisoire du taux de croissance qui détermine le taux d’emploi (non les emplois rentes mais ceux à valeur ajoutée) qui n’a pas dépassé en moyenne entre 2000/2013 3% alors qu’il aurait du être de plus de 10% ? L’Algérie peut-elle continuer dans cette voie suicidaire pour les générations futures, au risque d’une aggravation du déficit budgétaire, de l’épuisement du fonds de régulation des recettes, d’une accélération du processus inflationniste et donc d’une implosion sociale, calmant transitoirement le front social par la distribution de revenus sans contreparties productives en cas de chute brutale du cours des hydrocarbures ?

En bref, pourtant, pour peu d’une réelle volonté politique de changement, loin des intérêts étroits de la rente d’une minorité, du fait de ses importantes potentialités tant matérielles et surtout humaines, l’Algérie peut surmonter cette crise multidimensionnelle à laquelle elle est confrontée

Dr Abderrahmane Mebtoul, expert International en management stratégique