Législatives à Oran: L’opposition enfin…en lice

Législatives à Oran: L’opposition enfin…en lice

«La mission n’a pas été simple du fait des 4 500 signatures stipulées par la réglementation, mais le FFS a réalisé un miracle», dira El Hacene Aguenihnai.

Le paysage politique, qui s’est dessiné dimanche dernier à la faveur des dépôts officiels des listes de candidatures, n’est pas encore électrique, mais vraisemblablement s’annonce chaud, notamment en ce qui concerne les formations devant animer l’action politique dans la deuxième capitale du pays, El Bahia-Wahrane. De toutes les appréhensions excitantes soulevées et relevées, l’opposition, remuant, s’agitant partout, fait les cités, coins et recoins de la ville en quête du parrainage populaire. L’un des premiers principes à défendre est d’une part, sa participation vaille que vaille et d’autre part, en découdre dans un terrain qui ne lui est pas défavorable malgré la présence des formations ayant signé leur pacte avec l’allégeance inconditionnelle.

Le service élections auprès de la direction de la réglementation et de l’administration générale d’Oran a, à l’effet de recevoir les candidatures, mobilisé tous ses moyens humains et matériels tout en ouvrant cinq bureaux. En tout, près d’une cinquantaine de partis et une dizaine d’Indépendants ont retiré les dossiers de candidatures. Jusqu’à l’heure butoir du dépôt des dossiers, c’est-à-dire dans la nuit du 5 au 6 mars, 23 partis auraient réussi le pari en se présentant dans les délais, tout en y déposant les papiers leur permettant l’accès à la course électorale prévue pour la journée du 4 mai. Nous avons tenté plusieurs fois de joindre la direction de la réglementation et de l’administration générale ou encore le service élections concerné, mais en vain. Seule la standardiste répondait avant de nous orienter vers le service élections dont le patron est aux abonnés absents. «Le responsable n’est pas là», a-t-on obtenu comme réponse avant de nous inviter à patienter. «On vous communiquera le nombre dans l’après-midi», nous répond-on comme un leitmotiv. Quand la communication fait défaut cédant place à la spéculation.

Le FFS enfin…

Donnés pour «morts» une bonne fois, les partis inscrits dans la contestation ont, malgré leur nombre «dérisoire», pu et réussi à se placer de nouveau en tant qu’acteurs principaux dans le paysage politique local d’Oran. Leur but est de bousculer vaille que vaille l’électorat et faire valoir la force de propositions dans un terrain qui continue à être dominé dans sa totalité par l’activisme de plusieurs formations ayant affiché clairement, sans ambages, inconditionnellement et sans aucun argumentaire leur allégeance totale à la politique gouvernementale. Le Front des forces socialistes revient donc de loin. Tous les connaisseurs des enjeux politiques croient dur comme fer que l’opposition est achevée ou encore qu’elle constituera la grande absente dans les législatives prévues pour la journée du 4 mai de l’année en cours. Le parti de Dda L’ho a totalement faussé les calculs à plus d’un, notamment aux analystes de la «circonstance» croyant au trépas de l’opposition. Le vieux parti d’opposition ou encore le parti des mille et une surprises, prend son destin en main et surprend plus d’un en décidant de prendre part dans cette wilaya où l’opposition est, selon plus d’un, synonyme du rejet de la politique gouvernementale. A Oran et malgré un départ plus ou moins boiteux, le Front des forces socialistes est sorti de ses locaux situés dans le vieil Oran, Sidi El Houari. Guidé par le fédéral Aguenihnai, l’annonce a été étonnante lorsqu’elle a été faite: le parti de Dda L’hocine sera présent dans l’importante bataille électorale du 4 mai. Dimanche dernier, le fédéral du Front des forces socialistes d’Oran prend attache avec L’Expression pour lui annoncer le scoop magistral. «Nous avons déposé notre liste», a-t-il indiqué tout fièrement expliquant, détail par détail, que «sur les 4960 imprimés déposés, la commission a validé 4634 signatures permettant au parti de prendre part à la course électorale». Pour guider la liste d’Oran, la formation du défunt Ait Ahmed a opté pour l’historien et professeur à l’université d’Es Senia, Rabah Lounissi. Il est suivi de Mustapha Merine. Ancien journaliste, Mustapha Merine est cadre municipal et directeur de la division de la culture au niveau de la municipalité d’Oran. La troisième place est revenue à Tafraoui Kheira, membre du conseil national du Front des forces socialistes. Pour la représentation féminine, le FFS n’est pas en reste en alignant huit femmes dans sa liste. Tel qu’a été expliqué par le secrétaire général de la fédération d’Oran, «la mission n’a pas été simple du fait des 4 500 signatures stipulées par la réglementation, mais le FFS a réalisé un miracle», dira El Hacene Aguenihnai appelé localement au nom de Chafaa qui s’est taillé la 19e place dans la liste de son parti. L’Alliance de circonstance contractée entre les deux partis islamistes a, elle aussi, réussi, à se placer sur l’échiquier politique local sous la bannière d’une liste commune regroupant de candidats pour Mouvement de la société pour la paix et la formation du dissident Menasra Abdelmadjid, le Front pour le changement national. Après de longues réunions, les deux partis ont consenti à plébisciter Mechaï Abdelkrim, suivi de Hadjar Aïcha, Hamou Gourara et Amine Allouche, ex-député.

Le nomadisme fait…rage!

Le Front de Libération nationale n’a pas lâché son candidat ayant guidé la liste alignée lors de la députation de 2012. Il s’agit de Hadjoudj Abdelkader qui est reconduit pour un deuxième mandat consécutif. Il est suivi par Mohamed Seghir tandis que Mme Ben Oured Zarfa vient en troisième place. Celle-ci, qui est conseillère au ministère du Travail et de la Sécurité sociale, a été élue dans la liste du Parti des travailleurs en 2007. Elle a rallié le Front de Libération nationale quelques jours après avoir pris ses fonctions en tant que députée. Djamel Khelil, neveu de Chakib Khelil, ex-ministre de l’Energie et des Mines s’est taillé la 4e place tandis que la 5e place est revenue à un propriétaire d’une agence de voyage et Mouhafedh d’Es Senia, Benali El Houari. Une autre femme, répondant au nom de Soumia Ourida est classée à la 6e place, alors que la septième place est revenue à l’actuel P/APW, Chabni Fathallah. Etant ancien militant de l’ex-parti unique, Fathallah a, dès que son dossier de candidatures n’a pas été validé par la hiérarchie du FLN, claqué la porte au parti l’ayant formé, pour rallier rapidement le parti de Moussa Touati, le Front national algérien. Aligné en tant que tête de liste en 2007, il a été élu à l’Assemblée populaire nationale. Des suites d’une zizanie l’ayant opposé avec les cadres locaux du FNA, Fathallah claque de nouveau la porte du FNA pour revenir à de meilleurs sentiments pour la formation-mère, le Front de Libération nationale. Des 12 députés de 2012-2017, ayant postulé cette fois-ci, deux dames ont été reconduites. Il s’agit de Mekki Zoulikha et Mme Reguig. La première est reconduite dans la liste d’Oran tandis que la deuxième a porté sa candidature dans la wilaya de Mascara. Le Front national des libertés, créé dans le sillage des réformes de 2012, présente sa tête de liste en la personne du président du parti, Mohamed Zerrouki. L’enjeu est particulier durant ces élections. Les formations ne réussissant pas à récolter le Smig des électeurs, de moins de 04%, disparaîtront, sinon tout au moins, peineront dans la confection de leurs listes dans les prochains rendez-vous électoraux. En attendant, le ton est donné pour l’étude par l’administration des dossiers des candidats notamment dans leur volet comportemental tout en prenant en compte les recommandations des services de sécurité et les casiers judiciaires de tout postulant. La route qui mène au boulevard Zighout-Youcef est jonchée, de coups bas et de peaux de bananes. Dans toutes ces listes concoctées, ayant ou n’ayant pas le consentement de la base militante, une chose est sûre: plusieurs des candidats les ornant sont marqués par un phénomène qui n’est pas près de prendre du recul de sitôt, le nomadisme hautement… politique.