De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
La mer d’Ulysse, de Guerouabi, de Charles Quint, des Barberousse et du déficit chronique, entame une cure de désintoxication à… Marseille !
Si la capitale phocéenne a mauvaise réputation pour ce genre de guérison, ses hôpitaux, par contre, sont compétitifs et très experts en maladies infectieuses et chroniques. Martin Schulz, Allemand de son état et conscient que l’Union pour la Méditerranée risque une disparition prochaine, convoque donc les présidents de tous les parlements qui composent cette Arlésienne dont tout le monde parle mais que personne n’a jamais vue. Problème majeur sinon incontournable.
La plupart des chambres basses de la mer Méditerranée du flanc sud sont dans une situation peu reluisante, triste, pas belle à voir. Encore moins à montrer. En Algérie et au Maroc, les parlements sont plus les émanations des exécutifs que d’un côté citoyen, en Tunisie et en Egypte, le «sale printemps» empêche toute velléité démocratique et tout fonctionnement parlementaire normal, en Libye post- Kadhafi, il ne reste pratiquement rien qui puisse être assemblé et présenté comme un «parlement », fût- énigmatique ; la Grèce et Chypre, géographiquement du Sud mais comptabilisés «Nord» parce que membres de l’U.E, les représentations nationales ne sont plus rien, si ce n’est des caisses de résonance et d’exécution des ordres de Bruxelles, de la Zone- Euro, des agences de notation. Plus vers le Nord ou l’Ouest, les situations ne prêtent pas non plus à l’optimisme. A la veille du renouvellement du Parlement européen (PE), l’an prochain, l’heure n’est plus aux «solidarités», aux «valeurs fondatrices», à «l’humanisme». C’est un sauve-qui-peut généralisé et honteux qui règne, actuellement à Berlin, Paris, Bruxelles, Luxembourg-City, La Haye … L’Union européenne n’a plus rien de palpable ou même de sérieux à proposer. L’idée même d’Union pour la Méditerranée était conçue initialement comme un complot de l’ex-président français pour exclure la Turquie des négociations d’adhésion avec l’Europe et permettre aux «Arabes» du grand bleu de prendre langue avec Israël en contournant l’autorité palestinienne.
Il est vrai que les Allemands et les Espagnols ont rectifié la trajectoire en exigeant lors d’un sommet à Bruxelles de rajouter à l’intitulé «Union pour la Méditerranée», «processus de Barcelone», pour rappeler à la France sarkozienne que l’Europe n’est pas obligée d’être un enjeu de politique intérieure française. Depuis Ben Ali a fui, Moubarak est encagé comme une bête sauvage, Kadhafi assassiné par la troupe française et l’OTAN, la Syrie dans une situation à tout le moins délicate et pourtant, en Europe, un seul mot, la crise, la crise, la crise… Que pourra faire Martin Schulz à Marseille ? Rien, à part dire des choses et discourir sur le bon voisinage. Rien de bien nouveau, depuis belle lurette. Au moins, depuis les Croisades…
A. M.