Le magazine français a relancé la polémique sur les caricatures, Charlie Hebdo enflamme les pays musulmans

Le magazine français a relancé la polémique sur les caricatures, Charlie Hebdo enflamme les pays musulmans

Les manifestations anti-Charlie Hebdo se sont multipliées dans le monde musulman

Ces manifestations violentes rappellent celles qui ont éclaté au lendemain de la publication des caricatures danoises ou des films portant atteinte à l’image du Prophète aux Etats-Unis.



Alors qu’on pensait que l’affaire de la haine religieuse était close, le magazine Charlie Hebdo a une nouvelle fois enflammé certains pays musulmans d’Afrique, en publiant de nouveau une caricature portant atteinte au Prophète (Qsssl). De violentes manifestations ont rassemblé des foules nombreuses dans plusieurs pays comme le Pakistan, le Niger, le Mali, l’Algérie ou le Sénégal pour dénoncer la publication par Charlie Hebdo, à la «Une» de son premier numéro après les attentats perpétrés à Paris, d’une caricature représentant le Prophète Mohammed (Qsssl). Celle-ci qui a été partagée sur Internet, a déclenché les hostilités et alimenté de nouvelles rengaines contre la France.

Quatre personnes sont mortes et 45 ont été blessées vendredi à Zinder, deuxième ville du Niger, dans les manifestations contre la caricature du Prophète Mohammed (Qsssl) en «Une» du dernier numéro de Charlie Hebdo, publié par les collègues des victimes d’un attentat djihadiste le 7 janvier à Paris. Toujours à Zinder, le Centre culturel français a été incendié et trois églises saccagées par les manifestants. A Karachi (sud du Pakistan), la manifestation a tourné à la confrontation avec la police, lorsque des protestataires ont tenté de s’approcher du consulat de France et un photographe pakistanais de l’Agence France-Presse (AFP) a été grièvement blessé. A Dakar, un millier de personnes ont scandé des slogans à la gloire du Prophète Mohammed (Qsssl) et contre Charlie Hebdo. Au Mali, plusieurs milliers de personnes ont dénoncé un «affront à l’islam» alors que le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, alias IBK, a manifesté dimanche à Paris aux côtés de François Hollande. «IBK est Charlie, je ne suis pas Charlie», «L’islam victime du terrorisme international», «Le prophète ne doit pas être caricaturé», étaient les slogans scandés dans la foule. A Alger, 2000 à 3000 manifestants se sont rassemblés, avant-hier.

Détournant le slogan «Je suis Charlie», certains scandaient «Nous sommes tous des Mohammed». Des affrontements ont éclaté quand des manifestants ont tenté de forcer un cordon de policiers armés de matraques qui protégeaient le siège de l’Assemblée nationale. Plusieurs interpellations ont eu lieu. A Amman, 2500 manifestants ont défilé sous haute surveillance et dans le calme, arborant des banderoles sur lesquelles on pouvait notamment lire «L’atteinte au grand Prophète relève du terrorisme mondial». A la «Une» du numéro sorti après la tuerie qui a décimé sa rédaction, Charlie Hebdo a publié mercredi un dessin de Mohammed la larme à l’oeil et tenant une pancarte «Je suis Charlie». Le roi Abdallah II de Jordanie, qui avait participé dimanche à la marche de Paris, a qualifié jeudi Charlie Hebdo d’«irresponsable et d’inconscient». Le site sensible de l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la Ville sainte annexée par Israël, a été le lieu d’une manifestation de quelques centaines de Palestiniens. «Français, bande de lâches», ont scandé des manifestants. A Tunis, des fidèles ont quitté la mosquée El-Fath pour signifier leur désaccord avec un imam, ancien ministre des Affaires religieuses.

«Nous sommes contre toute atteinte à notre Prophète mais cela n’est pas une excuse pour tuer les gens,» prêchait-il, à quoi ils ont rétorqué que les journalistes de Charlie Hebdo «méritaient d’être tués». A Khartoum, quelques centaines de fidèles ont brièvement manifesté après la prière, réclamant des excuses du gouvernement français.

L’Union mondiale des ouléma, dont le siège est au Qatar et qui est dirigée par le prédicateur Youssef al-Qaradaoui, considéré comme l’éminence grise des Frères musulmans, a appelé à des «manifestations pacifiques» et critiqué le «silence honteux» de la communauté internationale sur cette «insulte aux religions».

Les autorités de ce pays, qui avaient fermement dénoncé l’attentat contre Charlie Hebdo, ont «condamné la nouvelle publication de dessins offensants», soulignant que cela alimentait «la haine et la colère». En Iran, une manifestation de protestation prévue samedi par des étudiants islamistes a été annulée sans raison officielle. Selon l’agence de presse Fars, les organisateurs ont toutefois annoncé que le rassemblement aurait lieu demain devant l’ambassade de France à Téhéran, sous réserve d’obtenir l’aval des autorités.

Suite à ces incidents le président français François Hollande a dénoncé, ce samedi 17 janvier, les violences qui ont caractérisé les manifestations contre les caricatures de Charlie Hebdo dans plusieurs pays dont l’Algérie, rapportent des médias français. Des drapeaux français ont été brûlés par des manifestants, notamment en Algérie, rapporte la radio France Info sur son site Internet. Elle publie une photo de l’agence Reuters montrant des manifestants algériens en train de brûler le drapeau français.