Le jeûne à Béjaïa : tension la journée et calme le soir

Le jeûne à Béjaïa : tension la journée et calme le soir
De Béjaïa, N. Bensalem

Cependant, cela se fait selon les occupations des uns et des autres. Le quotidien des Béjaouis est marqué par la tension observée durant la journée.

Les gens ont les nerfs à vif avant l’iftar. Pour un oui ou pour un non, les gens se chamaillent, s’échangent parfois les échanges verbaux acerbes qui se transforment quelquefois en empoignades. Du matin au soir, les gens se ruent vers les marchés et magasins. Ces derniers ne désemplissent pas. On achète tout et rien. Fruits, légumes, viandes, gâteaux, confiseries, pains, etc. Chez les marchands de zlabia, hommes et femmes attendent leur tour. Les files s’allongent après les heures de travail, soit à compter de 15h30. Cependant, quelques minutes avant l’heure de la rupture du jeûne, les gens se précipitent chez eux. Les rues se vident et deviennent désertes. Un peu moins d’une heure plus tard, la ville s’anime. La tension de la journée a alors baissé. Les disputes diminuent, voire disparaissent totalement pour laisser place à un calme plat. Le soir, chacun passe son temps comme il le désire. Les plus pieux consacrent leur temps à la vénération de Dieu. Ils convergent vers les mosquées pour accomplir la prière d’el-icha et celle des tarawihs. D’autres, en revanche, rendent visite à leurs familles. Il y a aussi ceux qui préfèrent les cafés maures pour jouer aux dominos, rencontrer des amis et bavarder sur les choses de la vie comme le foot, le travail, le pouvoir d’achat, la politique, etc. Certains choisissent les terrasses des cafés pour siroter un café ou un thé et bavarder avec des amis, surfer sur Internet, commenter l’actualité sur les réseaux sociaux, etc. Les moins jeunes jouent au ballon, courent dans les rues.

Les femmes restent chez elles après une dure journée et surtout plusieurs heures passées à préparer les plats du f’tour. Certains en profitent pour faire des achats le soir. Les jeunes choisissent d’assister aux concerts de chant, aux soirées artistiques et musicales organisés un peu partout. Il faut dire que dans les villes, il y a plus d’animations que dans les villages les plus reculés de la wilaya, où les lieux de loisirs font défaut. Les gens passent leur temps comme ils le peuvent, pas comme ils le désirent, et ce contrairement aux habitants des villes. Dans les villages, les gens se regroupent au niveau de tajmaât pour discuter de tout et de rien ou regarder la télé, faute d’activités et d’animations. Ceux qui ont un véhicule s’évadent pour passer leur soirée en ville où sont animées des soirées culturelles et artistiques. On peut citer, à titre d’exemple, la soirée hommage qui a été organisée à El-Kseur, en hommage à l’artiste Karim Tizouar. A Aokas, l’association Izeghmar du village de Tarement a organisé un gala musical animé par le groupe Imuras, Lounès Guerroudj et d’autres jeunes talents dont Karim Mersel et Farid El-Baz. De nombreuses familles y ont assisté. A Akbou, un hommage a été rendu à Mohamed Haroun. Une statue a été érigée au centre de la ville. Pour sa part, l’association Awal de Tasgua, de Timezrit, a organisé le Festival régional de théâtre de rue, dont l’ouverture a eu lieu jeudi soir. L’ouverture a été marquée par un défilé de la « Fantasia », un divertissement équestre de cavaliers berbères animé par l’association Horizons d’Ouzellaguen.

De nombreuses troupes sont venues des wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa, telles que celle d’Akbou, Beni Maouche, Toudja, Amizour, etc. Ce festival s’étalera sur une dizaine de jours. Il sera clôturé exactement le 10 juin. Divers spectacles seront au programme. A Ighil Nacer, dans la commune d’Akbou, l’association culturelle Soummam organise un Festival de dessin de presse et de la satire les 7 et 8 juin prochain. Huit caricaturistes y prendront part et réaliseront collectivement un tableau mural sur une place publique du village. Au théâtre régional Abdelmalek-Bouguermouh de Béjaïa s’est tenue, pendant quatre jours, la 4e édition du Grand Prix El-Hachemi-Guerrouabi.

L’association Neghma El-Djenadia, pour sa part, anime des soirées musicales andalouses à Bordj Moussa, en hommage à l’artiste Bouzouzou Ali dit Boualem El-Kadi, alors que l’association Tudert d’aides aux cancéreux d’Amizour organise un gala de solidarité à la maison de la Culture pour collecter des fonds au profit des cancéreux, etc. Au village Fethoune (commune de Chellata), l’association Tudert du village organise une semaine d’animation comprenant une série d’activités culturelles et artistiques (musique, théâtre, poésie, contes, etc.) durant les soirées. Notons que les actions solidarité ne s’estompent guère.

Le mouvement associatif, le Croissant-Rouge algérien ainsi que les bienfaiteurs continuent de soutenir les plus démunis à travers la distribution de couffins alimentaires, des restaurants Errahma ainsi qu’avec la préparation des listes de circoncision d’enfants issus de familles démunies.