Le chef terroriste Abou Zeid vise une grande rançon
Le porte-parole du GSPC s’est particulièrement adressé, à travers ce film audio, aux deux gouvernements français et espagnol à qui il promet une lettre spéciale dans les jours à venir.
Dans un enregistrement audio diffusé hier sur la chaîne qatarie Al Jazeera, le responsable de la communication de l’organisation terroriste du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), répondant au nom de Salah Abou Mohamed, a revendiqué le rapt du ressortissant français et de trois autres espagnols lors des deux opérations terroristes perpétrées respectivement au Mali et en Mauritanie. Toutefois, selon le même enregistrement audio, le responsable de la communication de ce groupe terroriste armé indique également que les conditions pour permettre la libération des quatre otages européens seront communiquées prochainement à travers des nouvelles cassettes audio, voire peut-être visuelle. Le porte-parole du GSPC s’est particulièrement adressé, à travers ce film audio, aux deux gouvernements français et espagnol, à qui il promet une lettre spéciale dans les jours à venir. Cette prochaine lettre sous forme d’enregistrement audio ou en images peut-être, déterminera les prochaines exigences du groupe salafiste armé d’Abou Zeid. Selon l’enregistrement, il s’agit de «demandes légitimes des combattants du GSPC et Dieu a informé la France et l’Espagne de ce fait», conclut la lettre de revendication de ce groupe criminel.
Ainsi, il aura fallu attendre presque quinze jours pour qu’enfin le GSPC revendique le rapt des quatre ressortissants européens. Cette attitude du GSPC vis-à-vis de ces enlèvements laisse prédire beaucoup de choses. D’abord, il est clair qu’aujourd’hui le groupe terroriste qui est derrière ces enlèvements et qui détient les ressortissants européens cherche à négocier avec les gouvernements français et espagnol avec l’idée d’être en position de force. Il faut s’attendre donc à ce que des conditions très fermes soient posées aux deux gouvernements. Peut-être que les prochaines exigences concerneront la libération de certains salafistes détenus en Mauritanie, au Mali et même en Europe, comme c’est le cas d’Abou Hamza ou celui d’Abou Qotada détenus en Grande-Bretagne. Il est fort probable que des demandes de rançon soient exigées par les ravisseurs. Le groupe terroriste d’Abou Zeid est en train de passer ses pires moments en raison de l’absence de créneaux financiers qui lui permettent de souffler un peu.
Le fait qu’il détienne aujourd’hui des touristes étrangers lui permettra d’obtenir quelques millions d’euro. Cela signifie, en outre, que la région du Sahel sera le théâtre d’autres attaques terroristes dans les prochaines années. Rappelons d’autre part, que les quatre ressortissants européens enlevés à travers deux opérations terroristes ont été conduits vers un lieu sûr dans le grand désert du Sahel. Le premier ressortissant, le Français Pierre Kamat, a été enlevé le 25 novembre dernier à l’est du Mali, plus précisément à Tiderman, et ce, par des hommes armés. Le rapt a été confirmé par le Quai d’Orsay quelques heures après seulement.
Quatre jours après cet enlèvement, trois autres humanitaires espagnols ont été kidnappés à leur tour en Mauritanie, à Naouakchout. Les victimes sont entre les mains du groupe d’Abou Zeid dans le grand Sahara et le GSPC confirme cela. Il s’agit, selon le communiqué de cette organisation terroriste, du directeur général de la société espagnole Dell Cady Construction de tunnels et de l’infrastructure, Albert Vilatla et de deux autres humanitaires espagnols, Roque Pascual et Alicia Gàmez.
Abou Zeid veut une grande rançon comme à chaque rapt d’étrangers au Sahel
Le nouvel enregistrement du GSPC et sa revendication des deux opérations de rapt d’étrangers dans la région du Sahel, sa participation et sa responsabilité dans ce genre d’affaires ne sont pas étranges. Bien au contraire, le chef terroriste est connu depuis ces quatre dernières années par sa férocité et sa dangerosité, notamment à travers ses opérations terroristes spectaculaires qui visent dans leur majorité des rapts de touristes étrangers. Cette tendance, bien que très payante pour le GSPC au Sahel d’autant que ce genre d’actions rapporte des millions d’euros aux terroristes salafistes, semble aujourd’hui très dangereuse pour son avenir.
Cela dit, Abou Zeid risque fort bien d’être traqué par plusieurs pays européens et même par les Etats-Unis, qui n’hésitent pas à octroyer de nouveaux moyens militaires très sophistiqués aux pays du Sahel afin de venir à bout de ce groupe terroriste en difficulté financière. Le groupe d’Abou Zeid connaît une crise financière jamais égalée depuis des années comme c’est le cas des autres groupes terroristes affiliés à Al Qaïda. D’une part, il est contraint aujourd’hui plus que jamais de recourir aux kidnappings d’étrangers qui s’aventurent dans la région, et ce, avec la bénédiction des trafiquants de drogue et d’armes maliens, tchadiens, mauritaniens et marocains.
D’autre part, le groupe d’Abou Zeid cherche une voie médiatique qui peut lui être très bénéfique sur le plan mondial au grand bonheur d’Al Qaïda et son chef fugitif Ben Laden, qui cherche à son tour à perpétrer des opérations terroristes très médiatiques afin de faire croire aux Etats les plus puissants qu’Al Qaïda est là et sa capacité de nuisance toujours intacte. Abou Zeid qui cherche la bénédiction d’Al Qaïda d’Al Zawahiri et de ses sbires, est derrière plusieurs rapts au Sahel. On se rappelle du rapt du couple autrichien perpétré en janvier 2009 par un groupe terroriste du GSPC en Tunisie. Avant cet enlèvement, il y a eu une opération terroriste plus spectaculaire qui visait des touristes allemands, suisses et canadiens en 2004 en plein désert algérien, à l’époque de Amara Saïfi, alias Al Para, actuellement en détention en Algérie.
Abou Zeid était en ce temps-là le bras droit d’Al Para, il est aujourd’hui à la tête de katibat Tareq Ibn Zyad. Ce n’est pas tout, Abou Zeid est également derrière le rapt des quatre touristes étrangers en 2008, deux anglais et deux diplomates canadiens, ces deux derniers ont été dépêchés par le gouvernement canadien pour une mission au Tchad.
Par Sofiane Abi