Chadli Bendjedid
Chadli n’a pas été poussé à la sortie comme certains médias voulaient le faire croire, mais il a simplement démissionné de son propre chef de son poste de président.
«Le président Chadli qui a été accusé de tous les maux quand il a démissionné, a fait quatre erreurs dans son parcours: il a écarté Kasdi Merbah de la SM, libéré Ben Bella, autorisé l’opposition et supprimé l’autorisation de sortie», a déclaré ironiquement, hier, le frère de l’ancien président Khelifa Bendjedid, les larmes aux yeux, saluant la mémoire de Chadli Bendjedid, à l’occasion d’une cérémonie organisée par le mouvement Machaâl Ec Chahid commémorant une année après, sa disparition, le 6 octobre 2012.
Le frère de l’ancien président a tenu surtout à préciser que le président Chadli n’a pas été poussé à la sortie comme certains médias voulaient le faire croire, mais il a simplement démissionné de son propre chef de son poste de président.
«J’étais à Oran, mon frère Chadli m’appelle et me demande de venir en urgence à Alger car il avait une chose importante à m’annoncer. C’était mon frère, le colonel Malek Bendjedid qui m’a attendu à l’aéroport et quand j’ai rencontré mon frère Chadli, il me dit: ‘Je voulais te voir pour t’annoncer que je vais démissionner de mon poste de président ce mercredi. Je voulais te le dire avant que tu le saches à travers la télévision », a révélé Khelifa Bendjedid, devant une assistance très nombreuse composée d’anciens ministres, de militaires, de personnalités politiques et surtout d’amis et d’anciens membres des gouvernements Chadli, venus assister à cette commémoration au palais de la Culture. Le frère de Chadli, qui avait du mal à soutenir son émotion, a tenu à rétablir la vérité sur les dessous de la démission du président Chadli. Il a déclaré aussi: «Le président qui était à l’époque très affecté par les événements qui ont secoué l’Algérie, devait présenter sa démission le mercredi 8 janvier, mais les militaires lui ont demandé de ne rendre publique sa démission que le jeudi 9 janvier, afin qu’ils se préparent à toute réaction du peuple. Le président Chadli leur a dit: ‘Je vous donne jusqu’à samedi 11 janvier, pas une heure de plus. »» Cette vérité se veut comme un témoignage vivant de ce qui s’est passé ce jour là et qui démontre que le président Chadli n’a pas été poussé à la sortie par les militaires, comme on veut le faire croire, a tenu à déclarer Khelifa Bendjedid, qui a été très déçu par la campagne de dénigrement contre son frère après sa démission. «Même les juifs n’auraient pas fait avec les Arabes ce que certains Algériens ont fait avec mon frère», avant d’ajouter dans une colère passionnée: «Chadli est devenu après sa mort, le père de la démocratie. Je le dis haut et fort, les lions resteront des lions et les chiens demeureront des chiens», avant d’ajouter: «Si mon frère ne s’est pas exprimé durant plus de 20 ans c’était pour ne pas jeter de l’huile sur le feu.»
Dans un témoignage offert durant cette cérémonie en hommage à Chadli, le journaliste Saâd Okba, a révélé également l’existence d’un projet de renversement contre le président Chadli. Ce dernier qui était dans l’avion du président lors d’un voyage officiel pour un sommet à Caracas en 1991 avait remis un rapport sur cette affaire au directeur de cabinet, le général Noureddine Ben Kortbi. «Mais visiblement» poursuit le journaliste, le document n’est jamais parvenu au président Chadli et j’ai interrogé à ma descente d’avion sur cette affaire. Cette cérémonie de commémoration à la mémoire de Chadli a été également marquée par les témoignages des amis du président Chadli, comme le général Hocine Maâlem et de la première femme ministre du gouvernement sous Chadli, Zhor Ounissi. Enfin, les présents ont assisté à la diffusion d’un reportage de 11 minutes produit par la Télévision nationale sur le parcours du président Chadli où on a montré des images inédites de l’ancien président en chef militaire au maquis durant la révolution, mais aussi des images inédites sur le débat qu’animait Chadli avec les membres du comité central du FLN et surtout son célèbre discours du 6 octobre 1988, où il avait ému et percé le coeur des Algériens.