Le redéploiement terroriste dans la région est une occasion inespérée pour que l’armée américaine mette un pied au Sahel.
Le Pentagone suspecte la présence d’Al Qaîda parmi les rebelles libyens. Voilà une hypothèse qui n’est pas de nature à rassurer les observateurs connaissant la «voracité» militaire de l’Oncle Sam et l’importance que les Américains portent à la région du Sahel. Mardi dernier, un haut officier américain a déclaré qu’il suspectait l’infiltration de mem-bres de la nébuleuse dans les rangs des rebelles libyens.
Pour les mêmes observateurs, cette déclaration s’apparente à un signe avant-coureur américain pour préparer le terrain à une invasion terrestre et installer une base armée sur le territoire libyen, sous prétexte de combattre Al Qaîda. L’appétit vient en mangeant et l’invasion vient en…attaquant. Le Pentagone semble avoir ficelé son plan pour installer durablement ses bases militaires en Libye. Selon nos sources, ce plan a été soigneusement préparé depuis un certain temps. «Il s’agit maintenant de passer à la phase d’exécution» ajoutent nos sources.
Sinon comment expliquer cet empressement à affirmer que la rébellion est infestée par
Al Qaîda? Du reste, cette «révélation» est loin de constituer un scoop. Elle est avancée par les services de sécurité algériens depuis les premiers jours des troubles en Libye. Et elle a été retirée aussi bien par les ministres de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, et des Affaires étrangères, Mourad Medelci.
Nul n’ignore qu’Al Qaîda, en mettant à son profit la situation qui prévaut en Libye, a réussi avec la grande complicité des rebelles libyens à acquérir des armes lourdes dont des missiles antiaériens. Cette organisation terroriste se retrouve en position de force et si l’on se fie aux mêmes sources, elle a déjà procédé au recrutement de plusieurs dizaines d’éléments auxquels elle assure des entraînements sur l’utilisation des armes.
C’est particulièrement au niveau du territoire de Benghazi que la nébuleuse a trouvé refuge. Et elle vient de mettre la main sur l’une des plus importantes réserves pétrolières qu’elle veut exploiter au maximum en exportant le plus possible de barils avec l’aide de Doha qui se dit prête à offrir ses services. La Libye se livre à une guerre sur trois fronts où chacun est impliqué pour son propre intérêt et prenant en otage des milliers de familles.
L’Otan contre Al Qaîda et les forces du colonel El Gueddafi. Ce dernier se bat contre l’Otan et la nébuleuse qui, elle-même, lutte contre les forces de l’Otan et d’El Gueddafi. Dans cette guerre, c’est l’Algérie qui va en subir les pires conséquences. Le déplacement du président de la République Abdelaziz Bouteflika au Sud n’est nullement une visite protocolaire relative à une inspection de travail, l’objectif serait, selon nos sources, de préserver la sécurité du territoire en impliquant résolument la population du Sud dans l’intérêt de la nation afin de la tenir loin de cette guerre à nos frontières.
Dans ses déclarations, le haut officier américain, l’amiral James Stavridis, commandant des forces américaines en Europe, est allé jusqu’à impliquer le Hezbollah aux côtés d’Al Qaîda ignorant de ce fait que les deux organisations ne nourrissent pas les mêmes aspirations, mais l’amiral préfère la prudence en soulignant que «les renseignements sur les forces rebelles indiquent quelques signes d’une présence possible d’Al Qaîda et du Hezbollah. Nous étudions de très près le contenu, la composition et les personnalités qui dirigent ces forces de l’opposition. Mais à ce stade, je n’ai pas suffisamment de détails pour dire s’il y a une forte présence d’Al Qaîda ou de toute autre présence terroriste».
L’ambassadeur américain à Tripoli, Gene Cretz, avait indiqué auparavant qu’Al Qaîda au Maghreb islamique était «un danger pour la région». Un danger tout à fait au service de la nébuleuse qui semble, selon des sources très bien informées, inciter même le numéro un Abdel Malek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdel Wadoud du Gspc, la branche présumée d’Al Qaîda au Maghreb, à déserter son refuge en Kabylie pour rejoindre la Libye. Ce qui explique la grande mobilisation des forces de sécurité en Kabylie et l’important dispositif sécuritaire hermétique dressé au Sud.
Dans ce cadre, nos sources n’écartent pas l’éventualité d’une réunion similaire à celle du mois d’août 2009 des chefs des états-majors de l’Algérie, de la Mauritanie, du Niger et du Mali, quoique ce dernier pays jouisse de très peu de confiance vu l’accointance de certains de ses responsables avec les réseaux terroristes d’Al Qaîda.
Ikram GHIOUA