L’Arabie saoudite tue 29 enfants au Yémen

L’Arabie saoudite tue 29 enfants au Yémen

Hier encore, les raids saoudiens ont tué trois enfants et blessé une femme dans la localité de Maarib, ont rapporté des sources locales.

Au moins 29 enfants yéménites ont péri jeudi dans un raid de la Coalition dite arabe, sous commandement saoudien, contre un bus au milieu d’un marché dans la ville de Dahyan, a indiqué le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et d’autres sources. Un hôpital soutenu par cette organisation a également reçu 48 blessés dont 30 enfants, ont rapporté les agences de presse. Les Houthis, en guerre contre le gouvernement de transition exilé à Aden, parlent d’une cinquantaine d’enfants tués dans ce nouveau raid de la coalition dite arabe qui n’en est pas à sa première bévue depuis le début de sa guerre d’agression en mars 2015. Hier, sur le site de l’attaque, des restes humains ainsi que des objets personnels ayant appartenu aux enfants, sont encore visibles, a rapporté l’AFP. Les victimes de ce carnage sont âgées de moins de 15 ans, et les photos circulant sur les réseaux sociaux et les chaînes de télévision ne peuvent susciter qu’une aggravation de la guerre dans ce pays, le plus pauvre de la Péninsule arabique mais dont la position stratégique suscite la convoitise du voisin saoudien et de son allié émirati. “De nouveau, de nombreux enfants auraient été tués ou blessés lorsqu’un bus scolaire a été attaqué dans le nord du Yémen. (…) Est-ce que le monde a vraiment besoin de voir davantage d’enfants innocents tués pour arrêter la guerre cruelle au Yémen?”, a réagi pour sa part le directeur du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) pour le Moyen-Orient, Geert Cappelaere. “Les civils continuent de payer le prix le plus élevé après trois ans de guerre au Yémen”, a déploré l’ONG Médecins sans frontières. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé à “une enquête rapide et indépendante”, tout comme de nombreuses organisations internationales qui n’ont cessé de dénoncer l’intervention saoudienne contre les Houthis, sous prétexte de restituer l’ordre institutionnel à Sanaa. Et encore une fois de plus, l’Arabie Saoudite annonce l’ouverture d’une enquête qui, même si elle aboutissait à la culpabilité de Ryad, sera sans suite et la guerre au Yémen va se poursuivre devant le silence complice d’une partie de la communauté internationale, dont certains membres continuent de fournir des armes aux Saoudiens, malgré les appels des ONG. Il y a une semaine, la coalition avait nié avoir lancé des attaques qui ont fait, selon le CICR, 55 morts et 170 blessés à Hodeida, dans l’ouest du Yémen. Depuis le début de l’intervention saoudienne au Yémen, plus de 10 000 civils ont été tués. Cette guerre d’agression, en soutien officielle au gouvernement de transition d’Abd Rabbo Mansour Hadi, a provoqué aussi l’une des pires crises humanitaire au monde, selon l’ONU qui a appelé à de nouvelles négociations de paix à Genève pour le 6 septembre. Mais ces nouvelles discussions ont visiblement peu de chances d’aboutir en raison notamment de la volonté de Ryad et d’Abou Dhabi de poursuivre leur guerre contre les Houthis, déterminés eux aussi, à lutter contre leurs agresseurs, faute d’un accord politique inter-yéménite.

Lyès Menacer