«La France a amendé plus de 30 fois sa loi sur l’audiovisuel depuis son ouverture en 1981, donc notre loi peut être modifiée autant de fois possible» Mohamed Saïd, ancien ministre de la Communication
L’Algérie sera, à partir du 27 janvier, le premier pays dans le Maghreb à avoir voté au Parlement une loi sur l’audiovisuel, ouvrant la voie à une diffusion de télévisions privées. Ça sera en effet, le seul pays à avoir adopté par son Parlement une loi sur l’audiovisuel. Le Maroc ne dispose pas aujourd’hui d’une loi sur l’audiovisuel et surtout aucune chaîne de télévision privée marocaine n’est autorisée par le gouvernement marocain. Ce constat a été fait par l’ancien ministre de la Communication, Mohamed Saïd, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse de son Parti de la liberté et de la justice (PLJ). L’ex-ministre de la Communi-cation qui a préparé la dernière mouture du projet de loi sur l’audiovisuel a également déclaré, lors de la conférence diffusée en direct sur Ennahar TV: «Le Maroc ne possède pas de chaîne de télévision, mais seulement des radios privées.» En effet, le Maroc dispose néanmoins de télévisions à capitaux publics privés, comme Med1 TV ou la 2M, qui sont cofinancées par des organismes publics et des sociétés locales et étrangères privées. Le Maroc possède néanmoins une autorité de régulation qui ne gère que les télévisions publiques parapubliques. La Haute autorité de la communication audiovisuelle marocaine (Haca) est un organisme indépendant créé le 31 août 2002 par décret par le roi Mohammed VI dans le but de réguler le paysage audiovisuel marocain. Alors que le roi du Maroc n’a jamais autorisé de télévisions privées, seule quelques radios qui se comptent sur les doigts d’une seule main ont été autorisées par le Royaume marocain. Mais au moment où le Maroc favorise les radios privées et n’autorise pas les télévisions privées, l’Algérie autorise des télés privées et ne favorise pas l’émergence de radios privées. C’est finalement en Tunisie, le plus petit pays dans le Maghreb en espace et en population où l’audiovisuel est le plus ouvert aux privés. Même si les députés tunisiens n’ont pas adopté de loi sur l’audiovisuel, la Tunisie sous Ben Ali avait ouvert son espace audiovisuel avec le lancement de deux chaînes privées: Nessma TV et Hannibal TV et une radio privée: Mosaïque FM, lancée le 7 novembre 2003, qui appartenait à Belhassen Trabelsi, le frère de la première dame de l’époque, Leïla Ben Ali. Après la révolution de 2011, les parts de Trabelsi ont été transférées et la radio est devenue le média radiophonique le plus puissant en Tunisie. Aujourd’hui, la Tunisie est sans doute le pays du Maghreb qui possède le plus de télévisions et de radios privées. Une situation qui a poussé le gouvernement tunisien à faire de l’ordre et créer par décret-loi 2011-116, voté le 2 novembre 2011, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica). Cette autorité est «chargée de garantir la liberté et le pluralisme de la communication audiovisuelle» toujours selon le même décret-loi. Elle dispose de ce fait d’un rôle assez large. Mais au final, seule l’Algérie a adopté à l’Assemblée populaire nationale et s’apprête à en faire de même au Sénat, un projet de loi qui régule l’activité audiovisuelle privée en Algérie.