Le ministère de la Culture et celui de la Communication s’en lavent les mains. Le département de M. Messahel estime que cette affaire “ne relève pas de l’État” tandis que celui de Mme Toumi a condamné “avec la plus grande fermeté” cette tentative d’interdiction qualifiée d’“acte inadmissible”.
Programmés initialement pour aujourd’hui, “Les Débats d’El Watan”, que devaient animer le juriste Mouloud Boumghar, l’économiste Smaïl Goumeziane, le politologue Mohammed Hachmaoui et le sociologue Abdelkader Lekjaâ, autour du thème Statu quo autoritaire – quel coût pour l’Algérie ?, ont été empêchés, dans un premier temps, avant d’être autorisés.
La tentative d’empêcher la rencontre d’El Watan a été signifiée, jeudi, aux responsables de ce quotidien par la direction de l’Office Riadh El-Feth (Oref), qui avait exigé des organisateurs une autorisation de la wilaya d’Alger. Quelques heures après, le ministère de la Culture et celui de la Communication réagissent et démentent leur implication, et font porter le chapeau au directeur de l’Oref qui aurait agi sans aucune instruction ni injonction de sa hiérarchie. En réaction à cette tentative de censure qui ne dit pas son nom, les responsables d’El Watan estiment que “les arguments utilisés par l’administration pour interdire la tenue des ‘Débats d’El Watan’ sont fallacieux”.
Et d’ajouter qu’elle intervient “alors que le mouvement social est laminé, des journaux sont censurés, un blogueur est jeté en prison, des menaces sont proférées par le ministère de la Défense nationale contre un journaliste d’El Khabar et que les atteintes aux libertés se généralisent”. La direction d’El Watan accuse les autorités de vouloir “revenir aux années de plomb en balayant tous les acquis démocratiques arrachés par les Algériens en Octobre 1988”, en empruntant “un chemin dangereux pour le pays”. Ce chemin, avertit le journal, “est une voie qui mène au désordre et à l’instabilité”. Malgré les démentis apportés par le ministère de la Culture et celui de la Communication quant à leur “implication” dans cette interdiction, les responsables d’El Watan évoquent “une grave atteinte à la liberté de la presse et d’expression”. Le journal précise, via un communiqué, qu’il a “reçu mercredi en fin de journée un courrier émanant de l’Office Riadh El-Feth, lui demandant d’obtenir une autorisation de la wilaya d’Alger pour pouvoir organiser ‘Les Débats d’El Watan’ à la salle Cosmos”. “Une chose impossible à réaliser en 24h, estiment les responsables du quotidien, à la veille d’un week-end, d’autant plus qu’El Watan a réservé la salle le 27 octobre dernier.” De leur côté, les ministères de la Culture et de la Communication s’en lavent les mains. Pour Abdelakder Messahel, ministre de la Communication, c’est le résultat de la mauvaise gestion du problème par le directeur de l’Oref. Dans une déclaration à TSA, il a estimé que “c’est une affaire entre le Cosmos et l’Oref. Ce n’est pas une affaire qui relève de l’État”. Le ministre va un peu plus loin en désignant le directeur de l’Oref comme le seul et l’unique responsable, annonçant que l’autorisation exigée pour El Watan n’est autre qu’“une initiative du directeur de l’Oref”, avant d’ajouter que “ledit responsable n’a pas à exiger l’autorisation”. “Ils sont libres de se réunir”, a-t-il précisé. Le département de Khalida Toumi a aussi réagi d’une manière prompte. Ainsi, dans un communiqué rendu public, hier, il a démenti “catégoriquement” avoir interdit la tenue des “Débats d’El Watan”. Tout en condamnant “avec la plus grande fermeté” ce qu’il appelle “un dépassement inadmissible” de la part de la direction générale de l’Oref, le ministère de la Culture “s’engage” à prendre “les mesures pour que cet acte inqualifiable ne se reproduise plus”.
Le même communiqué précise, par ailleurs, que Mme la ministre était en visite à Tamanrasset avec le Premier ministre et “n’a été informée que le 7 novembre en fin de journée”. Aussitôt, ajoute le communiqué, les responsables de la culture ont instruit le directeur de l’Oref de libérer la salle et de prendre contact avec El Watan pour la tenue de ses débats. Mme Toumi informe, d’autre part, qu’une enquête a été ouverte par son département, à l’issue de laquelle seront prises les mesures et sanctions qui s’imposent, et rassure que “la conférence d’El Watan peut se tenir comme prévu à l’Oref”. À rappeler que ce même responsable a tenté, récemment, de censurer une émission de France 24, enregistrée à l’Oref, où Abdelaziz Rahabi et Abderezzak Makri, entre autres invités, avaient évoqué le règne de Bouteflika. Selon d’autres informations, ledit responsable aurait été démis de ses fonctions.
M M