Des tonnes de déchets jonchent les trottoirs, marchés informels, enfer des transports publics, incivisme…
Notre capitale est invivable. C’est l’amer constat fait par le célèbre magazine britannique The Economist. Dans son classement 2013 des villes où il ne fait pas bon vivre. Alger est dans le top 10.
Hasard du calendrier, ce classement est fait presque un an après la nomination du gouvernement Sellal qui dès sa mise en place s’était donné comme objectif de redonner leur lustre d’antan à nos villes en général, et Alger, en particulier.
Ce classement de The Economist prend en considération une trentaine de critères autour de certains domaines pris comme critères: stabilité, soins de santé, culture et environnement, éducation et infrastructures. C’est une occasion pour s’interroger sur le bilan de cette bataille. Surtout que ce magazine souligne que la capitale algérienne offre une piètre qualité de vie à ses habitants. Est-il aussi insupportable que cela de vivre à Alger? A première vue, oui. Du matin au soir, les Algériens font face aux ordures. La capitale et ses banlieues sont sales. Même très sales.
Les odeurs pestilentielles des poubelles sont devenues notre parfum quotidien. Elles se répandent partout! L’opération «Ville propre» que voulait mener Amara Benyounès, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de la Ville, a fait chou blanc. Est-il arrivé au mauvais moment? Alger est en train de se débarrasser de ses décharges à ciel ouvert: Oued Smar et Ouled Fayet. il n’ y a que cette dernière qui fonctionne et de façon partielle en attendant la livraison du CET de Hamici (Mahelma) qui devrait intervenir dans les prochains jours.
Ce qui fait que les déchets s’amoncellent. Malgré ces circonstances atténuantes, il n’en demeure pas moins que «El Mahroussa» (La bien-gardée) croule sous les ordures. Et toutes les solutions semblent vouées à l’échec. Les opérations de nettoyage sont traitées beaucoup plus pour les besoins des bilans. Cela ressemble plus à des opérations statistiques que des opérations coup de poing. «Cinq tonnes de déchets ont été ramassées par-ci, 10 tonnes par-là…» C’est le genre de communiqué qui tombe régulièrement. Mais au final, pour quel résultat? Rien de concret.
Autre opération phare censée améliorer le cadre de vie des citoyens: l’éradication des marchés informels. Véritable fléau, ces marchés, qui empoisonnent la vie des riverains ne sont plus aussi présents qu’avant, mais ils n’ont pas complètement disparu. Certains vendeurs d’un autre genre continuent de défier la République. Chassons le naturel, il revient au galop. La police les déloge aujourd’hui, ils reviennent demain. Elle les éjecte d’un endroit, on les retrouve quelques mètres plus loin… «l’ex-Djamaâ Lihoude» à la Casbah, du Hamiz, à Rouiba, Aïn Taya sont leurs lieux de prédilection… Les marchés informels et la saleté ont donc la peau dure. Mais ils ne sont pas les seules raisons qui font de la capitale un enfer au quotidien.
Il y a, bien sûr, les transports publics, qui malgré la modernisation de certaines lignes avec la mise en place du tramway et du métro, restent un véritable calvaire pour les citoyens. Les passagers subissent toutes sortes d’humiliations par les chauffeurs et leurs receveurs. Les conducteurs de bus font la loi en imposant aux citoyens leur diktat. Ils marquent des temps d’arrêt qui rendent la vie infernale aux passagers qui sont considérés comme une marchandise. En plus de leur service qu’ils arrêtent à partir de 19h même pour la proche banlieue d’Alger.
Dépassé cette heure, on est pris au piège et soumis au diktat des taxis clandestins qui demeurent les seuls recours pour rentrer chez soi. Avec les chauffeurs de taxi ce n’est guère mieux. L’Algérie reste le seul pays au monde où c’est le chauffeur qui choisit la destination et non le client. Dans le cas où l’on dispose d’une voiture, les embouteillages récurrents sont un véritable cauchemar quelle que soit la destination. Cerise sur le gâteau, il est impossible de trouver où se garer. Alger est aussi une capitale qui ne vit pas la nuit. A partir de 19h, tout est fermé. Même si le mois de Ramadhan avait donné quelque espoir, Alger est redevenue une ville «pantouflarde».
En plus de la fermeture des magasins, il faut avouer que l’on s’y ennuie à mourir. Il n’y a rien à faire. Aucune activité culturelle, aucun loisir, pas de cinéma digne de ce nom, pas de théâtre, pas d’espaces verts, pas de parcs, pas même de jardins publics…Rien pour occuper ou donner de la joie à cette jeunesse en détresse. Les seules activités disponibles ne sont pas à la portée de tous. Dormir, manger, aller à l’école ou au travail pour ceux qui ont la chance d’en avoir un est devenu pratiquement une devise… Passer une seule journée à Alger, on ne peut que donner raison à The Economist. Alger, c’est l’enfer…