Alors que la crise de logements atteint son paroxysme, des dizaines de maisons sont soit inoccupées soit inachevées. Selon les responsables de l’ordre national des experts architectes, l’Algérie compte actuellement un parc de 3,7 millions de logements inoccupés ou inachevés.
Ce chiffre pousse ces experts à se poser de véritables questions sur la réalité de la crise de logement dans le pays, rapporte à ce sujet le quotidien arabophone El Bilad qui a invité ses experts à un forum dédié à la crise du logement. Car, selon eux, le problème n’est pas dans tant dans la disponibilité du logement, mais plutôt dans la manière de distribuer ce produit. Ils estiment que la méthode de distribution ne répond pas aux normes et qu’il n’y a pas justice en la matière.
Ce n’est pourtant qu’un avis. Puisque d’autres intervenants dans le domaine estiment, eux, que le plus grand problème du logement en Algérie est plutôt la faiblesse de l’offre par rapport à la demande. C’est l’avis de Abdelhakim Abidat, président de l’association nationale des agences immobilières. « Le problème est dans l’offre. Réellement, il y a un déficit d’au moins 5 millions de logements si on prend les critères internationaux en la matière », estime-il lors d’une récente rencontre.
L’autre problème soulevé constamment, concerne les logements inoccupés. Si le problème se pose pour les appartements construits par l’Etat, les propriétés privées, elles, sont protégées par la Loi. Même si, là encore, les spécialistes préconisent une sur taxation de ces habitations de sorte à pousser les propriétaires à les proposer sur le marché locatif comme cela se fait sous d’autres cieux.
L’autre question pertinente que les Algériens se posent est celle de savoir combien de logements ont réellement été réalisés. Car, si les autorités évoquent 2 millions d’unités, les professionnels, eux, contestent ces chiffres. Le président de la fédération nationale des promoteurs immobiliers avance, lui, le nombre de 90 000 logements finis. Pis, des politiques avancent que sur le 1,2 millions de logements annoncés par le gouvernement durant la période allant de 2005 à 2010, seuls 500 000 ont été vraiment réalisés. Qui croire ? Difficile de donner une réponse claire, d’autant plus que lors de l’annonce du nombre de logements réalisés, le gouvernement mélange tout : logements publics, mais aussi auto-constructions et promotions immobilières privées.
Mais une chose est certaine : la crise du logement est très loin d’être jugulée. Elle constitue même le premier motif des protestations sociales.
Essaïd Wakli