La conférence nationale des redresseurs remet en cause sa légitimité,La fin de l’ère Belkhadem au FLN

La conférence nationale des redresseurs remet en cause sa légitimité,La fin de l’ère Belkhadem au FLN

Le mouvement de redressement du FLN a réussi à créer l’événement, jeudi, en organisant une conférence sur les réformes politiques.

Un groupe d’une vingtaine de personnes fidèles à la direction actuelle a pris position dès le matin devant la salle de conférences à Draria, maintenu à distance par un dispositif sécuritaire impressionnant. En effet, la petite ville de Draria a été verrouillée dès le matin afin d’éviter les affrontements entre les partisans des uns et des autres comme cela est devenu une habitude, une sorte de mauvaise tradition au FLN qui est entré en crise depuis des années.

D’entrée, Salah Goudjil, coordinateur du mouvement de redressement et de l’authenticité, dressera un tableau noir de la situation du parti. L’ancien parti unique a été mis dans un tunnel par sa direction actuelle qui a occulté le principe fondamental du travail collectif. Le divorce consommé, “les tentatives de dialogue pour sortir de cette crise se sont soldées par un échec”, a-t-il tranché, il ne restait plus aucun espoir de renouer avec cette direction. L’invité surprise, Kamel Bouchama, qui a pris la parole à son tour, a parlé, lui, de “rupture”.

Salah Goudjil mettra en exergue la duplicité du discours de Belkhadem qui fait des déclarations contradictoires, selon les circonstances. Il rappellera, également, les dépassements de la direction issue du 9e congrès. En plus, bien entendu, de l’arrivée des hommes d’affaires et des arrivistes qui ont privilégié la “chekara”, la corruption. Restait enfin la question de la participation aux prochaines élections au centre des débats. Sous quel “label” doivent se présenter les redresseurs ? Indépendants ? Sous les couleurs du FLN ? La tendance générale, selon les premières interventions, penche pour la seconde option.

Il accusera la direction actuelle du FLN de “hors-la-loi” en raison de la présence, parmi les perturbateurs, une poignée de ses fidèles venus en partie de l’intérieur du pays, de l’un des fils de Belkhadem. “Ce sont maintenant eux les redresseurs et non pas nous”, a déclaré Goudjil.

L’ancien ministre de la Communication, Boukerzaza, a fait dans le diagnostic de la crise dans le “corps” du FLN. “Crise d’identité, crise de confiance, crise d’organisation, crise de gestion et crise de représentation sociale et populaire”, dit-il en détaillant la source du mal. L’ancien ministre regrette que le parti “soit transformé en tremplin pour les opportunistes et en machine aux élections”. Ainsi a-t-il appelé à “cesser la mascarade”. Présent dans la salle, un autre invité de marque, le général Abdelmadjid Cherif, s’est contenté de suivre, du premier rang, le déroulement des travaux.

Prenant la parole à son tour, Brahim Meherzi a fait part des propositions du mouvement de redressement concernant les réformes politiques. Le mouvement aurait souhaité que l’on commence par la révision de la Constitution d’où découleront les autres textes. Pour la Constitution, le MRA propose un mandat présidentiel de quatre ans renouvelable une seule fois. Le président présente chaque année devant l’Assemblée son programme de politique générale. Idem pour le Chef du gouvernement qui doit être issu de la majorité parlementaire et qui doit, en plus, descendre à l’APN chaque semaine pour répondre sur les questions de l’heure et d’urgence. Il propose plusieurs dispositions pour séparer les pouvoirs mais aussi pour renforcer le contrôle des élus sur les exécutifs. Toutes les propositions sont laissées à l’appréciation des présents à la conférence avant de rédiger la mouture finale qui “sera remise à qui de droit”.

Kamel Bouchama, qui rompt son “exil politique” en rejoignant les redresseurs, n’a pas lésiné sur les métaphores et l’émotion. Dans sa tirade, il a fustigé Belkhadem et son équipe qui donnent, selon lui, l’impression d’avoir “fixé une date de péremption pour le parti”. “C’est un cri pour sauver le parti”, a-t-il lancé. Ainsi a-t-il “décrété” la rupture avec la direction du FLN dans une envolée lyrique. Cette incursion surprise de l’ancien ministre est perçue comme un signe de victoire des redresseurs ; signe que confirment les égards dont ils ont bénéficié : l’autorisation pour la tenue de la conférence, la mobilisation de policiers et de gendarmes qui ont filtré tous les accès à la salle. Conclusion que nous avons entendue de la bouche de Mohamed-Seghir Kara, porte-parole du MRA, disant triomphalement : “la balance s’est penchée de notre côté.” Vers 13h, le petit groupe venu perturber la conférence, que Goudjil a qualifié de “mercenaires”, s’est dispersé. Fin de la mi-temps. Mais cela promet des prolongations.

Djilali B.