Une gerbe de fleurs à la mémoire des journalistes assassinés
Les journalistes étaient choqués de trouver la place de la Liberté de la presse complètement bouclée par les barrières de la police.
La surprise était à la hauteur de l’illusion que se sont faits les journalistes venus, hier, à la place de la Liberté de la presse, à Alger, pour célébrer la Journée nationale qui leur est dédiée. Croyant en la bonne volonté des pouvoirs publics de les laisser «s’exprimer» au niveau de la place qui leur est réservée, ils s’étaient vite rendus à l’évidence. Ils étaient choqués de trouver la place de la Liberté de la presse complètement bouclée par des barrières de la police. Les policiers, dont la plupart en civil, étaient catégoriques: «On est instruits de ne pas laisser se dérouler le rassemblement.» L’un d’entre eux s’est même permis d’inviter les journalistes à rejoindre la réception organisée par le ministère de la Communication en l’honneur de la presse à Djenane El-Mithak!
«Si vous avez faim, vous pouvez aller manger», lui a répliqué un journaliste. Le rassemblement a failli donc être empêché n’étaient les négociations et l’intervention d’un supérieur qui a accordé 5 minutes aux journalistes pour tenir leur action. Les policiers ont alors enlevé une barrière pour permettre aux journalistes de rejoindre la place, déposer une gerbe de fleurs à la mémoire des journalistes assassinés par le terrorisme et lire le communiqué de l’Initiative nationale pour la dignité du journaliste, initiatrice de ce mouvement de protestation.
Cette action a été organisée pour rappeler les problèmes dont souffre la corporation et réitérer ses revendications socioprofessionnelles. Dans le volet des libertés, les journalistes réclament l’annulation de toutes les dispositions confisquant la liberté d’opinion ainsi que la liberté d’expression. Ils disent refuser «toute forme d’intimidation des journalistes dans l’exercice de leur métier ou pour leurs écrits». Ils suggèrent aussi l’élaboration de rapport période sur la liberté d’expression par des journalistes algériens.
Pour ce qui est du volet professionnel, les protestataires exigent un statut du journaliste avec son application. Demandant l’achèvement du projet de la carte nationale de journaliste professionnel, ils appellent le ministère de la Communication à assumer pleinement ses responsabilités dans l’organisation et le développement de la profession sans distinction entre le public et le privé. L’installation de l’autorité de régulation de la presse écrite et celle de l’audiovisuel et la promulgation de la loi sur la publicité figurent aussi parmi les revendications des journalistes.
Une autre revendication de la corporation consiste en la mise en place d’un cadre juridique obligeant les organes de presse à faire bénéficier les journalistes des bénéfices et des revenus issus de la publicité.
Au titre des revendications sociales, les protestataires demandent de généraliser la grille des salaires appliquée dans le secteur public pour qu’elle puisse concerner le secteur privé. Ils demandent aussi la mise en place d’un comité des oeuvres sociales au profit de la presse tout en définissant le mode de son organisation et gestion.
Parmi les autres revendications, on cite celle relative à la signature de conventions en matière de santé, de formation et d’assurance au profit des journalistes afin d’améliorer leurs conditions de travail et leur cadre de vie. Alors que mes journalistes n’avaient pas encore débattu de tout, les policiers sont revenus à la charge pour les prier de quitter les lieux. Une place de la Liberté de la presse transformée malheureusement, en un urinoir à ciel ouvert et un lieu où gîtent des vagabonds et des SDF.