Il ne nie pas l’arrestation de son fils et reconnaît l’existence de la corruption au FLN: Ould Abbes dans la tourmente

Il ne nie pas l’arrestation de son fils et reconnaît l’existence de la corruption au FLN: Ould Abbes dans la tourmente

“J’ai confiance en la justice et aux services de sécurité de mon pays”, a-t-il répondu à la question relative à l’arrestation de son fils en possession “de sommes importantes d’argent et de listes de candidats aux législatives”. 

En choisissant d’animer sa conférence de presse dans le fastueux Centre international des conférences Abdelatif-Rahal (CIC, Alger), le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Djamel Ould Abbes, ne s’attendait vraisemblablement pas à certaines questions gênantes, notamment celles liées à l’arrestation de son fils, rapportée par la presse depuis quelques jours, et à la corruption qui aurait entaché l’opération de la préparation des listes électorales de son parti. Dans ses réponses aux deux questions, Ould Abbes n’a pas nié les deux faits, même s’il est resté vague, notamment sur l’affaire de son fils.

“J’ai confiance en la justice et aux services de sécurité de mon pays”, a-t-il, en effet, répondu à la question relative à l’arrestation, cette semaine, de son fils en possession “de sommes importantes d’agent et de listes de candidats aux législatives”, après perquisition de la gendarmerie à son chalet, dans la résidence d’État de Club-des-Pins. Relancé par Liberté sur la même affaire pour lever toute équivoque, Ould Abbes a vite perdu son self-control. “Honte à vous ! Je viens de répondre à cette question. Écrivez ce que vous voulez. Honte à vous !

Vous connaissez pourtant bien ma considération pour la presse et c’est grâce à moi que les journalistes résidant à El-Manar (Sidi Fredj) vont bientôt avoir des logements”, a-t-il, en effet, répliqué, les nerfs à fleur de peau, à notre question posée dans un souci de clarté. Si on ne peut que se féliciter de voir nos confrères résidant à El-Manar accéder enfin à leur droit citoyen d’obtenir un logement, on se demande, toutefois, comment un chef de parti politique a le pouvoir de “distribuer” des logements ? S’agissant des tentatives de certains militants de corrompre leurs semblables au FLN pour figurer sur les listes des législatives, Ould Abbes a également reconnu les faits. “Oui, ça existe ! Mais, je ne suis ni policier, ni gendarme, ni le DRS. L’affaire est entre les mains de la justice. Et moi, je suis un responsable politique et ne pourrais donc me prononcer sur cette question. Du moins, pas pour l’instant”, a-t-il lâché.

Des listes FLN encore incomplètes

Par ailleurs, même six jours après l’expiration du délai, fixé pour le dimanche 5 mars, du dépôt des candidatures, les candidats devant compléter certaines listes ne sont toujours pas “identifiés”. C’est le cas notamment à Alger, où seuls sept noms de candidats, dont l’ancien ministre de l’Agriculture Sid-Ahmed Feroukhi, choisi tête de liste, sont à présent connus parmi les 37 candidats devant figurer sur la liste. Un fait avoué hier par le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes, justifiant cela par la “difficulté” de trancher sur le classement des postulants. La direction du parti a, néanmoins, tranché sur les 52 têtes de listes, soit la totalité des circonscriptions électorales (48 wilayas et 4 à l’étranger).

Sur au moins sept prétendants parmi les ministres en fonction du FLN, seuls cinq ont été retenus par la direction du parti dont quatre comme tête de liste et un comme second de liste. Il s’agit, en l’occurrence, de  Boudjema Talaï, ministre des Travaux publics et des Transports, tête de liste à Annaba, Ghania Idalia, ministre chargée des relations avec le Parlement, tête de liste à Blida, Abdelkader Ouali, ministre des Ressources en eau, tête de liste à Mostaganem, Tahar Hadjar, ministre de l’Enseignement supérieur, tête de liste à Tiaret, et Aïcha Tagabou, ministre déléguée chargée de l’Artisanat, choisie, quant à elle, deuxième tête de liste à Illizi. Sur 6 294 candidats à la candidature, affirme Ould Abbes, la direction du parti a retenu en tout 612 candidats aux législatives et 150 suppléants. Le chef du FLN s’enorgueillit qu’une bonne partie des candidats a le niveau universitaire, alors que le nombre de candidates s’élève à 183.

185 candidats analphabètes

Cependant, seulement une femme, Ghania Idalia, a été choisie comme tête de liste. Le FLN, avoue Ould Abbes, présentera, toutefois, “185 candidats analphabètes” et plusieurs autres dont le niveau varie entre le primaire et le secondaire. Pourquoi les listes concoctées dans les alcôves de l’ancien parti unique ont-elles été tenues au secret jusqu’à hier ? Pour Ould Abbes, il n’y aurait “rien de secret, mais de la discrétion”.

“C’est un choix de la direction pour ne pas perturber le travail de la commission de préparation des législatives qui a travaillé durant plusieurs jours à l’hôtel Moncada pour choisir dans la transparence la plus totale les candidats, selon des critères objectifs définis au préalable par la direction du parti”, a-t-il dit, précisant que le premier critère que les candidats devaient remplir est leur “fidélité” au président de la République et président du FLN, “Si Abdelaziz Bouteflika”. Aux rumeurs qui disent que les listes seraient préparées par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et certains de ses ministres, Ould Abbes a répondu que personne ne se  serait interféré dans cette tâche “exclusivement” réservée à la direction du FLN. “M. Sellal a son travail à faire et, au FLN, je suis le seul responsable”, a-t-il dit, non sans faire appel, si besoin est, au dicton disant que “la victoire a plusieurs pères et la défaite est orpheline”.