Habib Yousfi,président de la CGEA, »La hausse du Snmg n’est pas à l’ordre du jour »

Habib Yousfi,président de la CGEA, »La hausse du Snmg n’est pas à l’ordre du jour »

«Il faut agir ensemble»

Dans cet entretien, M.Yousfi revint sur les différents aspects et des propositions que va défendre son organisation, la Cgea (Confédération générale des entrepreneurs algériens) durant la prochaine tripartite.

L’Expression: Dans quel contexte intervient cette réunion de la tripartite?

M. Habib Yousfi: L’Algérie vit un malaise social évident. Les pouvoirs publics ont fait un constat que nous sommes en train de nous nourrir avec des importations. C’est ce qui explique une augmentation faramineuse de la facture alimentaire. Il est donc plus que nécessaire de trouver des palliatifs à cette démarche pour remettre en place une industrie catastrophée et aussi pour résoudre le problème de l’emploi et du chômage. D’où le malaise qu’il convient de prendre en charge. Par ailleurs, il y a lieu de constater les visites effectuées par le Premier ministre à travers les différentes wilayas du pays. Cette rencontre essayera autant que possible de relancer la machine économique, en invitant les pouvoirs publics et autres partenaires à contribuer afin de dégager une démarche susceptible d’une réorientation de l’économie.

A nos yeux, en tant que Cgea, nous considérons que ce dialogue est nécessaire pour que les partenaires – le gouvernement compris – assument leurs responsabilités par la mise en place d’une stratégie globale de développement économique qui pourrait permettre d’aller réellement vers une croissance, de créer des richesses et des emplois et avoir une vision claire à même de permettre de s’insérer dans cette démarche.

Nonobstant l’aspect économique et social, nous pensons aussi que les événements externes doivent participer à une mobilisation pour stabiliser le front social et raffermir les positions officielles de l’Algérie au plan externe.

Vous insistez sur le manque de vision économique. Mais ce constat a été fait et refait à plusieurs reprises et par tout le monde

Par le passé, de nombreuses décisions ont été prises, mais la plupart n’ont jamais été appliquées, à l’exception de quelques mesurettes qui n’ont jamais contenté le front social et les opérateurs économiques.

Dans cette nouvelle rencontre, nous sommes tenus de faire une évolution. Nous souhaitons que cette rencontre puisse aboutir à travers un nouveau type de dialogue à des résultats permettant l’interpellation des pouvoirs publics à réfléchir sur une stratégie globale de développement économique.

Que proposez-vous en tant que partenaires, concrètement?

Ce que nous demandons concrètement est la chose suivante: il faut absolument que les pouvoirs publics facilitent l’investissements pour les nationaux. Pour cela, il y a évidemment des perçages. Il faut revoir de fond en comble le Code des investissements, il faut assainir totalement l’environnement et l’entreprise.

Et la règle des 51-49% dans tout ça?

Entendons-nous bien: cette règle peut être maintenue et s’appliquer uniquement pour les entreprises stratégiques. Il appartient aux pouvoirs publics de définir et d’identifier ces entreprises. Sinon appliquer cette règle à l’ensemble des PME /PMI est, à notre sens, une erreur qui nous a déjà coûté énormément. Il ne faut pas oublier que ce sont les PME qui créent de la richesse et qui permettent un transfert du savoir-faire. Nous ne comprenons pas pourquoi les pouvoirs publics n’arrivent toujours pas à faire cette ouverture.

Pourquoi votre organisation n’a-t-elle pas réagi en temps opportun?

Je vous signale que l’adoption de la règle des 51-49% a été faite dans le cadre de la loi de finances complémentaire de 2009, sans aucun débat avec les partenaires sociaux. J’ajoute que notre organisation avait attiré l’attention des pouvoirs publics sur les travers de cette loi et ses conséquences sur l’investissements dans les PME/PMI.

A quoi ont servi les résultats des différentes tripartites. Et puis êtes-vous satisfaits de ces résultats?

Les résultas de la tripartite ont servi jusque-là à réajuster le Snmg. La gestion économique de notre pays n’est pas rationnelle. On augmente les salaires et comme conséquence on crée de l’inflation. Les coûts des biens de consommation flambent. Si nous étions producteurs d’une partie de ces biens de consommation, on aurait réglé une grande partie du problème. Or, ce n’est pas le cas. Il y a lieu donc de mettre en place une vraie régulation du marché.

J’avoue que jusque-là je n’ai pas été satisfait des résultats des tripartites, mais j’ai foi en les décisions de mon pays, en la démarche qui ne fera plus appel à la rente pétrolière.

Comment comptez-vous aborder cette réunion?

Si par le passé on allait en rangs dispersés, cette fois-ci, les choses vont changer. Aujoud’hui nous travaillons en commun accord avec les autres organisations patronales. Nous allons d’ailleurs publier un communiqué dans ce sens car nous sommes conscients qu’il faut agir ensemble.

Par des propositions économiques et sociales, le patronat veut contribuer à faire sortir le pays de ce malaise.

Peut-on conclure que vous êtes contre le relèvement du Snmg durant cette tripartite?

En tout cas, cette question n’est pas inscrite à l’ordre du jour de la rencontre.

Et qu’en est-il de la stratégie industrielle?

Nous pensons qu’il est plus qu’urgent de booster notre secteur industriel. Il faut dépasser ces problèmes inhérents au foncier, l’intermédiation financière et autres solutions relatives à l’environnement de l’investissement. Nous aurons donc à débattre de toutes ces questions et qui peuvent servir de base à une approche pour l’élaboration d’une véritable stratégie de développement industriel.

En plus de l’industrie, il y a le logement. Il y a quelques jours, on a tenu une réunion avec le ministre de l’Habitat sachant que ce secteur est générateur d’emplois et nous avons été agréablement surpris de constater que l’instruction du Premier ministre, selon laquelle la participation du secteur privé dans le cadre des contrats de réalisation des logements avec les partenaires étrangers est enfin reconnue de manière officielle.

Vous êtes réélu pour un deuxième mandat à la tête du patronat africain…

Effectivement, en juin dernier j’ai été réélu pour un deuxième mandat de deux ans à la tête du patronat africain, une organisation anciennement appelée la Confédération panafricaine des employeurs (CPE) transformée récemment en Business Africa. Permettez-moi de souligner que cette consécration est avant tout un honneur pour l’Algérie. S’agissant de l’élection proprement dite, elle est en réalité le fruit d’un long travail. La Confédération générale des entrepreneurs algériens est membre de l’Organisation internationale des employeurs. Après un long militantisme on a pu accéder au poste de membre dans l’exécutif de cette organisation qui regroupe plusieurs autres organisations dont Business Africa. Et c’est cette organisation des employeurs qui a soutenu ma candidature à la tête de Business Africa.

Cela étant, nous avons soumis à cette structure notre vision du développement en Afrique et cela afin que le continent africain puisse accélérer son développement économique, lutter contre le chômage, créer des emplois, exploiter ses propres ressources qui sont fort nombreuses, asseoir les bases d’un dialogue constructif entre les différents gouvernements africains et enfin donner la possibilité à ce continent si riche en ressources naturelles de jouer un rôle prépondérant dans le cadre de l’économie mondiale.