Guedioura : «J’aimerais bien regarder des cassettes des matches de mon père»

Guedioura : «J’aimerais bien regarder des cassettes des matches de mon père»

Adlène Guedioura, un joueur qui ne communique pas souvent. Non pas par suffisance, encore moins par arrogance, mais c’est juste que c’est quelqu’un d’organisé et de réservé qui préfère la vérité du terrain à celles qu’il pourrait débiter. En acceptant, finalement, de nous recevoir à Nottingham samedi passé, il lève un coin de voile sur sa personnalité. Nous découvrons, alors, un homme attachant, très sensé, d’une courtoisie extrême et, surtout, au sourire ineffaçable. Sous sa carapace de personnage inaccessible, se cache un être qui sait ce qu’il fait et où il va et qui, surtout, ne s’enflamme pas et tient à raison garder dans tout ce qu’il entreprend. Aujourd’hui, nous publions le long entretien qu’il nous a accordé au cours d’une rencontre très conviviale, en attendant de vous faire découvrir, demain, des aspects méconnus, voire même inconnus, du parcours atypique de l’international algérien de Nottingham Forest.

Nottingham est une ville qui vous convient, à en croire vos performances avec votre club, puisque, aujourd’hui aussi, 14 avril 2012, vous avez été élu homme du match face à Blackpool. Qu’est-ce qui fait que vous vous êtes bien retrouvé à Nottingham Forest ?

Premièrement, le fait de jouer, ce qui est très important, parce que, quand on ne joue pas, on ne peut s’exprimer ni avoir le plaisir de jouer. Deuxièmement, que ce soit le staff technique, l’entraîneur, les joueurs et les supporters aussi, tout le monde a été très important dans mon adaptation ici. Ils m’ont très vite adopté et m’ont vraiment aidé à m’adapter très rapidement. J’ai vraiment été vite accepté. Mes bonnes performances ont contribué aussi à ce que ça se passe bien.

A vous voir jouer actuellement, on ne peut s’empêcher de se rappeler le début de l’année 2010 où, arrivé de Belgique, vous vous étiez rapidement imposé à Wolverhampton, alignant les belles performances au point de vous faire remarquer et d’être retenu pour la Coupe du monde. Peut-on dire que ce début d’année 2012 ressemble au début de l’année 2010 ?

Non, c’est un peu différent. C’est vrai, on va dire que ça se passe bien pour moi actuellement, mais, aujourd’hui, j’ai deux ans de plus, plus d’expérience et une meilleure connaissance de l’Angleterre. C’est aussi un autre club, donc c’est un peu différent aussi. Pourquoi entre ces deux périodes, je n’ai pas pu exploser ou jouer à mon meilleur niveau ? C’est tout simplement parce que, durant l’année 2010, j’ai eu une très grave blessure qui m’a un peu coupé dans mon élan parce qu’il était prévu que je joue avec Wolverhampton et faire une belle saison. La blessure était arrivée au début de la saison et elle a été longue à guérir. Maintenant, cela fait partie du passé. Aujourd’hui, il y a des choses qui ont évolué et l’expérience qui est arrivée, que ce soit avec la sélection nationale, Wolverhampton ou Nottingham Forest. C’est sûr que ça fait du bien de retrouver le plaisir de jouer et, surtout, d’enchaîner les matches et aligner les belles performances.

C’est en jouant en Angleterre que vous vous êtes fait remarquer et que vous avez été sélectionné pour le Mondial. Où étiez-vous au moment où vous avez appris votre sélection ?

J’étais à Wolverhampton, une semaine avant la fin du championnat d’Angleterre. Ma famille était venue me voir jouer. Tout le monde était content, moi le premier. Les joueurs de Wolverhampton, l’entraîneur et tous les membres du staff m’avaient félicité. C’était un bonheur immense.

Vous l’avez appris par téléphone, par un proche ou bien par quelqu’un de la Fédération algérienne de football ?

Non, je l’ai su par le biais du site officiel de la FAF.

On suppose qu’à cette époque, vous étiez un assidu de ce site, dans l’espoir d’une convocation !

Oui, c’est vrai, dans le sens où c’est le moyen officiel d’avoir des informations. Même si d’autres journaux, que ce soit Le Buteur ou autre, ou des sites internet annoncent une nouvelle, j’aime bien aller voir à la source et, généralement, la FAF est une bonne source puisqu’elle ne donne que l’officiel. En lisant sur le site de la FAF que j’étais convoqué, ça m’a fait plaisir.

Jouons le jeu de la franchise : est-ce que vous vous y attendiez ?

Oui et non. C’est bizarre, mais je ne m’y attendais pas forcément, car il y avait un groupe qui avait réussi à se qualifier de manière héroïque et qui avait fait quelque chose d’unique. C’est vraiment très beau ce qu’ils ont fait, que ce soit au niveau sportif en lui-même, parce que c’était un événement, mais aussi au niveau humain parce qu’ils sont allés se battre en Egypte, puis au Soudan. En tant qu’Algérien, j’étais leur premier supporter et je les suivais tout le temps, même si je ne faisais pas partie de l’aventure. Donc, je ne m’attendais pas forcément à être pris pour le Mondial, mais je m’y attendais quand même un petit peu. Plus exactement, j’espérais être pris car c’était plus une espérance. J’avais fait six bons mois à Wolverhampton qui était en Premier League, le meilleur championnat au monde. Il faut toujours espérer quand on joue dans le meilleur championnat du monde.

Avant d’aller en sélection, est-ce que vous aviez croisé des Algériens qui jouaient, à ce moment-là, en Premier League, à savoir Nadir Belhadj, Hassan Yebda et Kamel Ghilas ?

J’ai croisé Ghilas lorsque nous avions joué contre Hull City. Nous avions échangé deux mots car, quand on est dans le match, ça passe vite. Nadir,  je l’avais eu au téléphone car nous nous connaissions depuis le temps où nous étions ensemble à Sedan. Le jour où nous avions joué contre Portsmouth, Hassan et lui étaient tous deux blessés et se soignaient afin d’être prêts pour la finale de la Cup à Wembley. Donc, je n’avais pas pu les voir lors de ce match.

Première sélection pour vous et premier contact avec la sélection à Crans-Montana, avec une arrivée à l’aéroport de Genève où des centaines de supporters algériens vous attendaient, ainsi que vos coéquipiers. Qu’est-ce que ça vous avait fait ?

Ça m’avait fait chaud au cœur. Là, on s’est vraiment rendu compte de l’impact qu’il y avait à être sélectionné et représenter son pays. C’était vraiment une fierté. C’est dans ces moments-là qu’on se rend compte qu’il va falloir se donner à fond pour l’Equipe nationale. C’était impressionnant ! Que ce soit en Suisse ou ailleurs, chaque jour à l’hôtel, il y avait 200 à 300 supporters chaque jour qui chantaient «1, 2, 3 ! Viva l’Algérie !» Ça tournait dans nos têtes à chaque moment, matin, midi et soir. C’était quelque chose de fantastique. Je pense qu’il n’y a aucune équipe, aucune nation au monde qui a des supporters comme ça. Je pense qu’il n’y a jamais eu ça dans l’histoire de la Coupe du monde.

Vous avez été supporter des Verts avant d’en être joueur. Est-ce que vous étiez des innombrables Algériens qui étaient sortis dans les rues des villes françaises pour fêter la qualification de l’Algérie au Mondial-2010 ?

A ce moment-là, je jouais à Charleroi, en Belgique. Il y avait une petite communauté algérienne, mais elle est sortie dans la rue pour fêter la qualification. Malheureusement, j’avais un match le lendemain et je ne pouvais pas me permettre de sortir dehors très tard. En tout cas, je l’ai fêté tout en étant chez moi. Je pense que mes voisins s’en souviendront (rires).

A Charleroi, il y a une forte communauté marocaine qui, on le présume, s’est solidarisée avec l’Algérie…

Oui, c’est vrai, mais il y avait aussi des Tunisiens et même des Turcs qui s’étaient joints à la communauté algérienne et fêté la qualification ensemble. C’était beau parce que la qualification était belle.

Lors de votre premier stage en Suisse, vous a-t-on fait sentir que vous étiez le nouveau débarqué qui a pris la place d’un autre ou bien avez-vous été adopté naturellement et spontanément par le groupe ?

Il y avait beaucoup de nouveaux qui étaient arrivés à ce moment-là. Nous avons été accueillis à bras ouverts. Tous les nouveaux vous le diront. Cela dit, c’est vrai que, personnellement, et je pense que c’est le cas d’autres aussi, c’était difficile d’entrer dans un groupe, qui a eu un vécu  et une histoire ensemble, ayant abouti à une qualification pour la Coupe du monde. Cela n’a pas été difficile, bien au contraire, mais c’est juste que ce n’était pas évident d’entrer dans un groupe qui a vécu de telles choses. Ce n’était pas compliqué non plus. En tout cas, on nous a accueillis à bras ouverts. D’ailleurs, je connaissais la moitié des joueurs. Je pense que tous les nouveaux joueurs étaient arrivés humblement. Nous avons essayé de nous faire tout petits car il y avait de grands joueurs en Equipe nationale à cette période-là.

Vous avez joué des bribes de matches au Mondial. Avec du recul, quel souvenir gardez-vous de la participation algérienne ?

Le souvenir qui me marque, ce sont les supporters. Franchement, ça m’avait fait chaud au cœur. J’en ai encore des frissons. Franchement, quand vous voyez des Algériens venir de l’autre bout du monde, que ce soit d’Algérie ou d’ailleurs, de France, de Montréal, de tous les pays où il y a une communauté algérienne, pour se joindre à nous à la fête, c’est formidable. Partout où on allait, c’était vraiment une belle ambiance et, ça, je ne l’oublierai pas. C’est ça vraiment qui m’a marqué. Après, on ne s’est pas qualifiés pour le deuxième tour, mais je retiens que ça s’était joué de justesse. Une Coupe du monde reste une Coupe du monde, un événement qu’on n’oubliera jamais.

Et sur le plan du jeu ?

Le match contre l’Angleterre est historique pour tous les Algériens. Je pense que nous méritions plus. Même contre les Etats-Unis, en dépit de la défaite 1-0, nous avions eu des occasions de but qui auraient pu nous permettre de gagner ce match. Contre la Slovénie, nous aurions pu faire un bon résultat car nous avions la maîtrise du jeu. Je pense que nous pouvions mieux faire. Cela se fera incha Allah lors de la prochaine Coupe du monde.

En tant que joueur de la Premier League anglaise à l’époque, pensez-vous qu’il y avait possibilité de battre l’Angleterre ?

Si je vous disais ce que je pensais à ce moment-là, vous serez peut-être étonné. La Coupe du monde est un tournoi avec la participation de grandes et de petites équipes et tout est possible. Le Ghana aurait pu aller en demi-finale et peut-être même en finale et, qui sait, gagner la Coupe du monde. C’est un tournoi où on joue un maximum de 7 matches. Ce n’est pas impossible d’aller loin en Coupe du monde. Moi, j’avais la conviction de gagner tous les matches. Quand on commence un match, on ne doit pas se dire «Là, ça va être dur, il faudra penser à faire match nul». Il y avait vraiment la possibilité de faire quelque chose.

Un certain jour de septembre 2010, ça vous dit quelque chose ?

Oui ! Le match face à la Tanzanie à Blida.

C’était le match où vous aviez inscrit votre premier but en sélection, même s’il y avait le regret d’avoir concédé le match nul. Pensez-vous que vous pouviez faire mieux ce jour-là ?

Oui, je m’en souviens. Déjà, c’était un beau but (rires). Si l’on revoit le match, on verrait que nous nous étions procurés énormément d’occasions de but. A aucun moment les Tanzaniens ne nous avaient mis en danger, mis à part sur le but qu’ils avaient inscrit sur coup franc. Nous avions eu 15 à 20 occasions de marquer. Il y a des jours comme ça où ça ne rentre pas. Moi, j’ai tenté une frappe de loin et c’est rentré, mais le ballon a refusé d’entrer en seconde mi-temps.

Contre les Etats-Unis, vous aviez été incorporé en deuxième mi-temps et vous aviez tenté plusieurs frappes de loin. Etaient-ce des consignes du sélectionneur ou bien une initiative personnelle ?

Les gens savent aujourd’hui que, el hamdou li Allah, j’ai une bonne frappe du pied droit. A chaque fois, j’essaye de l’utiliser à bon escient. Les entraîneurs connaissent nos spécificités et notre façon de jouer et ils nous disent que, s’il y a une possibilité de frapper, il faut tenter. Moi, je sais que, si j’ai une occasion de frapper, je ne vais pas la manquer.

Votre distance préférée pour tirer, c’est 20-25 mètres ?

Peu importe la distance, l’essentiel est que je sois bien placé, même à 5 mètres du but (rires).

Contre la Gambie, on a vu un Adlène Guedioura dans son élément. Est-ce parce que vous êtes à présent un «ancien» dans la sélection ou bien parce que les consignes du sélectionneur vous convenaient bien, ou alors tout simplement, parce que les conditions de jeu vous étaient favorables ?

Je vous remercie de dire que j’ai fait un bon match. Je dirai tout simplement que, physiquement, je me sentais bien. Déjà, contre la République centrafricaine, j’avais fait une bonne prestation aussi. Le fait que je ne sois pas titularisé souvent a aussi contribué à mettre en exergue ma prestation en Gambie, où j’en étais à mon cinquième match seulement en tant que titulaire (Irlande du Sud, Gabon, Tanzanie à Blida, République centrafricaine à Alger et Gambie, ndlr). A chaque titularisation, je faisais quelque chose : passe décisive contre le Gabon, but contre la Tanzanie, but refusé face à la Gambie… Le coach nous donne des consignes et j’essaye de les appliquer au mieux. Je me suis préparé comme il se doit mentalement et physiquement, d’abord au sein de mon club où j’avais enchaîné les matches. Cependant, je pense que c’est tout le groupe, que ce soit le coach ou les joueurs, qui avait vraiment envie de gagner ce match-là parce que, si nous n’avions pas gagné, je pense qu’on nous aurait un peu descendus. Le coach l’a dit : ça a été un match charnière et tout le monde voulait s’y préparer. Tout le monde avait tiré dans le même sens et c’est ce qui avait contribué à ma bonne prestation.

Sincèrement, aviez-vous douté à la mi-temps en étant menés 1-0 ?

Pas du tout. Nous étions menés 1 à 0, mais nous dominions le match. Nous savions qu’un but allait venir, surtout qu’on nous en avait refusé un. J’ai bien aimé ce match-là parce que c’était une victoire mentale, au courage. Ça va encore plus nous souder et nous pourrons aborder les autres matches avec plus de sérénité. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de travail à accomplir, mais il y aura plus de sérénité.

La tactique prônée par Vahid Halilhodzic, avec une projection vers l’avant, vous convient-elle dans la mesure où elle soulage la défense du poids du match ?

Tout ce qui est technique ou tactique, je n’en parle pas. Il y a un entraîneur pour parler de ces aspects. Moi, je suis ce que le coach dit. Je suis joueur, pas entraîneur. Le jour où je serai entraîneur ou membre du staff, je donnerai mon avis. En tant que joueur, je me contente de me sacrifier et me donner à fond sur le terrain.

Deux nouveaux joueurs, Liassine Cadamuro-Bentaïba et Sofiane Feghouli, ont rejoint le groupe. Avez-vous veillé à les accueillir et les aider à s’intégrer comme, vous-même, on vous avait aidé à vous intégrer à votre arrivée parmi les Verts ?

Ils vous le diront par eux-mêmes : dans ce groupe-là, il est très facile de s’intégrer. L’intérêt premier, c’est l’Equipe nationale et tout le monde met son ego de côté et s’investit pour la sélection. Ces joueurs viennent pour nous donner un coup de main. Nous les accueillons à bras ouverts, mais, dans le fait, ce n’est pas en tant que joueurs que nous le faisons, mais en tant que sélection nationale. Ça se passera toujours bien pour tout nouveau joueur qui viendra car c’est un groupe très chaleureux. Nous sommes entre Algériens et je ne vois pas pourquoi ça se passerait mal.

Avec Djamel Mesbah, qui joue à l’AC Milan, Sofiane Feghouli, qui est demi-finaliste de l’Europa League avec Valence, Rafik Djebbour et Djamel Abdoun, qui sont champion de Grèce avec Olympiacos, il y avait de plus en plus d’Algériens qui jouent dans le haut niveau. Pensez-vous que cela est susceptible de tirer les internationaux vers le haut ?

Oui. A nous de bien nous comporter dans les clubs où l’on joue car ce n’est pas toujours facile. Il nous faut nous imposer dans nos clubs et ouvrir la porte à d’autres joueurs algériens. L’Equipe nationale aura tout à gagner là-dedans et le peuple algérien, passionné de foot, aussi. Mon vœu est que tous les joueurs algériens signent dans de grands clubs.

On va parler avenir. Il manque, dans l’absolu, 2 points à Nottingham Forest pour assurer son maintien en Championship alors que le club auquel vous appartenez, Wolverhampton, va descendre. Entre ces deux clubs qui seront en Championship la saison prochaine, où évoluerez-vous ? A moins qu’il y ait une autre option avec, peut-être, un club de Premier League…

Pour l’instant, il reste trois matches à jouer avec Nottingham Forest et je me concentre dessus. Nous ne sommes pas encore à la période des transferts. Je ne peux me permettre de me prononcer là-dessus, même si j’aurais une préférence personnelle, parce que j’appartiens toujours à Wolverhampton. S’il y a du nouveau, je vous aviserai au moment opportun.

Cela dit, il y a de grandes chances que vous restiez en Angleterre, dont le football vous convient bien…

Vous savez, en football, on ne sait jamais ce qui peut se passer. Maintenant, mon souhait est de rester en Angleterre. C’est un football qui me convient ; la Premier League est le meilleur championnat au monde avec celui de l’Espagne.

Même une expérience dans la Liga espagnole ne vous dirait rien ?

Certes, s’il y a un bon club espagnol avec un bon projet qui se manifeste, pourquoi pas ? Cependant, pour l’instant, je ne peux pas me prononcer là-dessus.

Votre père, Nacer Guedioura, était un ancien footballeur de l’USM Alger et aussi un ancien international. Avez-vous regardé des matches où il jouait ?

J’ai retrouvé des photos de lui en tant que joueur, mais je n’ai pas trouvé de cassettes. J’aimerais bien en trouver. J’ai vu un match une fois, mais c’était sur VHS, à l’ancienne. Aujourd’hui, tout est sur DVD ou sur carte mémoire. Malheureusement, je n’ai pas encore vu mon père jouer.

Est-ce une curiosité pour vous ?

Oui, bien sûr ! Mon père qui jouait à l’USMA, c’est un plaisir de voir ça.

Lorsque les médias algériens ont commencé à parler de vous, on vous présentait comme le fils de Nacer Guedioura. Cela vous gênait-il qu’on fasse référence à votre père lorsqu’on parlait de vous ?

Non, pas du tout. Mon père était un ancien international algérien qui a gagné des titres, notamment une Coupe d’Algérie avec l’USMA après avoir perdu 7 finales. Quand on est fils d’un ancien joueur, c’est sûr qu’on parlera du père. C’est le cheminement logique. En même temps, il y a aujourd’hui plein de «fils de» qui jouent au football, dont le milieu de terrain du Barca, Sergi Buskets. Moi, je fais abstraction de ça. Mon père a fait une belle carrière et je suis fier de lui. Maintenant, à mon tour (rires) !

Peut-on dire que, naturellement, votre club préféré en Algérie est l’USMA ?

J’aime bien les Rouge et Noir, c’est sûr (rire) ! Bizarrement, mon premier club, Taverny, portait les couleurs rouge et noir, en rayures, comme l’USMA.

Ce n’est peut-être pas innocent que votre père se soit installé à Taverny lorsqu’il est parti en France (rire) !

Peut-être, c’est possible (rire). Cela dit, j’aime bien l’USMA. Quand j’étais jeune, j’allais voir l’équipe jouer à Alger. Je me souviens même avoir assisté à une finale de Coupe d’Algérie gagnée par l’USMA contre une équipe de deuxième division. Il y avait même un fait qui m’avait marqué : à un certain moment, le stade s’était éteint.

C’était en 2001, contre Mecheria, avec une victoire 1 à 0…

Je me rappelle le score, mais pas du but car je ne l’avais pas vu, tellement j’étais dans l’ambiance du match. Quand le stade s’était éteint, nous avions eu un petit peu peur car c’était une période difficile, mais les spectateurs ont tout de suite allumé des briquets et des bouts de papier et ont, donc, «rallumé» le stade à leur manière et cela a donné une ambiance extraordinaire, jusqu’à ce que la panne soit réparée. Je n’oublierai jamais cela.

Vous convenez, donc, que les supporters algériens sont uniques ?

Oui, parfaitement. A chaque fois que l’Algérie joue, tous les Algériens, partout dans le monde, se mettent devant leur écran. Je me rappelle moi-même l’avoir fait quand j’étais supporter. Je suis même allé au Stade de France le jour de France-Algérie (le 6 octobre 2001, ndlr). Les supporters algériens sont formidables. Cependant, j’ai vu ces derniers temps qu’il y avait un peu de violence dans les stades algériens. C’est dommage car le stade est un endroit où l’on vient pour se faire plaisir et apprécier du football. Si je peux me permettre de leur lancer un message, je demanderai au public algérien de savoir apprécier le football en tant que plaisir. C’est dommage qu’il y ait de la violence avec des morts. Ça fait toujours mal.

Rabah Madjer organisera un match gala sous l’égide de l’UNESCO en faveur de l’enfance africaine. Appréciez-vous cette initiative, une première sur le sol algérien ?

Oui, naturellement. En tant que footballeurs, nous sommes des privilégiés qui vivons un métier et en même temps une passion. C’est vraiment important de pouvoir donner aux gens qui n’en ont pas ce qu’on nous a donné grâce au foot. A nous d’aider les gens du mieux qu’on peut ! L’initiative de Rabah Madjer est plus qu’honorable. C’est même très bien. J’espère que ça se passera bien et qu’il y aura une belle ambiance.

Encouragez-vous les gens à venir massivement au stade du 5-Juillet ?

Oui, absolument ! Ce sera une fête et c’est aussi une occasion de regarder en vrai des stars qu’ils regardaient à la télévision. C’est une chose qui ne se passe pas tous les jours. Il faut aller voir ce match et ce serait un beau geste pour les associations qui s’occupent des enfants africains et aussi pour eux-mêmes parce qu’ils vont se faire plaisir.

Une chose à ajouter ?

J’aimerais revenir sur la sélection nationale pour dire que l’Algérie est, aujourd’hui, une grande nation de football. Elle l’a toujours été, d’ailleurs. J’ai vu dernièrement le classement FIFA. Elle est la troisième sur le plan africain. Cependant, il n’y a plus de petites équipes en Afrique. Toutes les sélections se sont professionnalisées. Si l’on se qualifie à la CAN-2013 et au Mondial-2014, ce sera certainement quelque chose de magique. Je pense qu’on peut faire quelque chose de grand. Il y a un bel avenir pour la sélection. Je suis serein et optimiste.