Grève et marche populaire à Azeffoun, la Kabylie rejette le terrorisme

Grève et marche populaire à Azeffoun, la Kabylie rejette le terrorisme

La population s’est mobilisée en masse hier matin à la ville d’Azeffoun contre le terrorisme. Environ 4000 personnes, voire plus, ont pris part à la marche initiée par les habitants de la région suite à deux attentats meurtriers successifs qui ont provoqué une onde de choc en Kabylie maritime.

C’était les deux attaques terroristes de trop. La procession s’est ébranlée du siège de la mairie de la ville d’Azeffoun, 65 km au nord-est de Tizi Ouzou, jusqu’au siège de la daïra de la même ville. Une atmosphère de tristesse et d’indignation régnait dans cette petite ville. La colère se lisait sur les visages des marcheurs qui rejettent fermement le terrorisme et toute forme de violence. Des familles des victimes étaient à la tête des premiers carrés.

Elles ont brandi des photos de leurs enfants. Les parents de Ramdane Hamou, l’un des trois policiers tués mardi dernier, de la localité d’Aït Oumalou, étaient aussi présents. A l’instar des habitants d’Azeffoun, ils ont dénoncé le terrorisme et réclament plus de sécurité dans la région. Des membres de l’association des victimes du terrorisme, venus d’Alger, de Blida et de Boumerdès, ont marqué l’évènement par leur présence. «A travers cette action de rue, nous voulons passer un message fort aux terroristes.

Leurs actes sont rejetés par la population de ma région et on a souffert pour rien de leurs agissements. On ne veut plus d’eux et on ne peut pas vivre éternellement dans la peur. D’autre part, on veut aussi sensibiliser les hauts responsables de notre pays pour venir en aide à cette région meurtrie, dernier bastion des groupes armés qui sèment la terreur», nous dira avec amertume Mohamed, un citoyen d’Azeffoun. La marche s’est déroulée dans le calme. L’appel à la grève est largement suivi.

Tous les commerçants de la vile et les services administratifs n’ont pas travaillé hier matin à Azeffoun. Ils ont affiché, eux aussi, leur solidarité avec les familles des victimes. Plusieurs banderoles ont été hissées par les manifestants. On pouvait lire sur quelques-unes : «Halte au terrorisme», «Azeffoun refuse le terrorisme», «La Kabylie n’abdique pas devant le chantage», «La Kabylie rejette le terrorisme», etc. Depuis trois ans, à la veille de chaque Aïd, les terroristes commettent un carnage ou un crime. L’attaque de mardi dernier qui a coûté la vie à 3 jeunes policiers a plongé toute notre région dans la consternation.

On ne veut plus revivre ces cauchemars. On a passé la fête de l’Aïd dans la tristesse, alors que tout le pays l’a passée dans la joie», nous dira un jeune de cette station balnéaire. Ce dernier rappellera que les villageois de la région ont payé un lourd tribut durant les années de plomb. «Tahar Djaout, premier journaliste algérien tué par les islamistes, était la première victime de la région. Plusieurs autres citoyens et éléments de services de sécurité périssent chaque année dans des actes de terrorisme qui ne sont pas près de s’estomper. D’autres personnes de notre région sont victimes d’enlèvements et la liste des victimes reste très longue», ajouta notre interlocuteur.

Recrudescence des actes terroristes

Mardi dernier, juste au moment de la rupture du jeûne, un fourgon de la sûreté de daïra est tombé dans un guet-apens tendu par un impressionnant groupe armé qui a ouvert le feu sur eux. Trois policiers ont laissé leur vie sur place. Les terroristes ont pris même le soin de récupérer les armes de leurs victimes.

Les services de sécurité sont intervenus rapidement et ont réussi quand même à neutraliser l’un des terroristes. Moins d’une semaine avant, un capitaine de l’Armée nationale populaire a été tué dans une embuscade, non loin du village de Tifrit nath El Hadj, dans la commune voisine et forestière, Akkerou.

La semaine dernière, une patrouille de militaires était victime de l’explosion d’une bombe de fabrication artisanale à Aït Yahia Moussa, 20 km au sud de Tizi Ouzou. Deux militaires ont été gravement blessés.

A. I.