Grande-Bretagne : Risque de ralentissement de l’économie en 2016

Grande-Bretagne : Risque de ralentissement de l’économie en 2016

Stagnation de l’industrie manufacturière, probable hausse des intérêts

L’économie de la Grande-Bretagne, qui a su se maintenir à la 5e position dans l’économie mondiale en 2015, est menacée par un ensemble de facteurs mondiaux qui pourraient ralentir sa croissance en 2016, selon des experts économiques britanniques.

L’économie mondiale fragilisée par le ralentissement de la croissance en Chine, les récessions du Brésil et de la Russie, ainsi que les tensions au Moyen-Orient qui se sont répercutées sur les prix du pétrole, et la chute du marché boursier, vont inévitablement peser sur l’économie britannique, selon les experts. Mais des analystes relèvent également qu’un nombre de facteurs internes pourraient nuire à l’économie du royaume. Si les prévisions annoncées en fin 2015 pour l’année 2016 évoquaient une croissance positive, les toutes dernières prévoient une économie « assez fragile ».

« Après une croissance sensiblement solide en 2013-2015, l’économie britannique ralentit assez nettement », estime l’économiste, chef de la division britannique de Citigroup, Michael Saunders, repris par les médias. Les raisons avancées sont, en premier lieu, la baisse des prix du pétrole sur les marchés mondiaux, et la chute des prix mondiaux des actions.

Les prix des actions britanniques ont également chuté et perdu plus de 5% depuis le début de l’année. Jeudi dernier, le Chancelier de l’échiquier (ministre chargé des finances et du Trésor au Royaume Uni), George Osborne, avait averti que l’économie britannique était « sérieusement menacée » et fait face à un « dangereux cocktail » de menaces de l’étranger. Dans son exposé sur les risques face à l’économie au cours des 12 prochains mois, il avait estimé que si la baisse importante des prix du pétrole était « bonne » pour la plupart des consommateurs et des entreprises britanniques, elle est toutefois « nuisible » à la production et aux investisseurs dans le pétrole et de gaz.

Stagnation de l’industrie manufacturière, probable hausse des intérêts

Par ailleurs, la Chambre de commerce britannique (BCC) a déclaré récemment, que les exportations manufacturières ont stagné l’année dernière pour la première fois depuis 2009, et que l’expansion dans d’autres domaines s’affaiblit. Dans son enquête trimestrielle de conjoncture, la BCC relève que plus de 7.000 entreprises de la Grande-Bretagne risquent de devenir une économie « à deux vitesses ».

Beaucoup d’économistes disent, en outre, qu’il était probable que la Banque d’Angleterre commence à relever les taux d’intérêt au premier semestre de cette année, pour la première fois depuis 7 ans, et soulignent que les rendements des obligations britanniques de l’Etat sont les plus bas ces derniers trois mois. Une hausse des taux d’intérêts bancaires pourrait avoir un impact sur la confiance des consommateurs, explique Osborne. Certains ont tiré la sonnette d’alarme quant à une croissance basée sur la demande des consommateurs et la hausse des prix de l’immobilier.

Les chiffres officiels montrent que les prix de l’immobilier avaient augmenté de 9,5% sur l’année, et que la rentabilité des sociétés de services était à un niveau record, mais que les bénéfices de production étaient, par contre, à leur plus bas chiffre depuis le début de 2012.

Il est souligné également que le secteur des services, qui comprend la vente au détail, les banques et le tourisme, se porte bien Mais le directeur général de la BCC, John Longworth, a déclaré qu’il ne suffit pas de compter sur les dépenses de consommation et le marché du logement pour faire croître l’économie, ni de compter uniquement sur les services pour stimuler la croissance de l’exportation, affirmant que le Royaume Uni a besoin d’une économie rééquilibrée.

En outre, le dernier rapport du National audit office (NAO) a révélé les risques auxquels sont confrontés les grands projets d’infrastructure, tels que les routiers et ferroviaires, estimant que plus d’un tiers était « à risque » ou « irréalisable » si des mesures correctives ne sont pas prises, en raison de la baisse des actions.

Des critiques dans les médias britanniques reprochent même aux dirigeants d’être préoccupés par des questions purement politiques, notamment les débats sur le Brexit (retrait britannique de l’Union européenne), et de reléguer l’économie loin de leurs priorités. Des observateurs estiment aussi que le référendum sur l’adhésion de l’Union européenne prévu avant la fin 2017, pourrait ralentir les investissements des entreprises.