Ghilas, Djebbour et Soudani, le retour

Ghilas, Djebbour et Soudani, le retour

Lorsqu’à l’image de tous les Algériens, nous nous sommes tous jetés sur la liste des 29 joueurs convoqués pour le prochain stage de l’équipe nationale qui s’étalera du 21 mai au 16 juin 2012 au Centre technique national de la Fédération algérienne de football à Sidi Moussa, fraîchement publiée par le sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, un fait nous a immédiatement sauté aux yeux, les «come back» de Hilal Soudani, Kamel Fathi Ghilas et surtout de Rafik Djebbour, que l’on n’avait pas revu en vert depuis Marcoussis.

Vahid veut muscler son attaque pour gagner

Le jeune Vahid Halilhodzic, qui évoluait sur le front de l’attaque de la grande équipe de Yougoslavie, était plus réputé pour son jeu physique que pour son art du contre-pied. Pourtant, avec cette liste des 29, le coach des Verts a sélectionné pas moins de six attaquants, Aoudia, Soudani, Djebbour, Chalali, Ghilas et Slimani. La même liste qu’on avait d’ailleurs donnée dans nos précédentes éditions. Un nombre d’attaquants très élevé qui tranche avec la précédente liste, celle qui a été retenue pour le match Gambie-Algérie (1-2), plus frileuse, car elle ne comptait qu’un attaquant dans les dix-huit et quatre réservistes (Ndlr, Abdelkader Ghezzal ayant été repêché à la dernière minute après la blessure de Yebda). On sent que pour cette série de matchs, Vahid Halilhodzic, qui a pris goût à la victoire après sa bonne série, et surtout le «coup» réussi à Banjul, veut jouer son va-tout dans ces éliminatoires et prendre le risque de jouer avec beaucoup d’attaquants pour essayer de faire pencher le destin du côté algérien. Le football, ne l’oublions pas, étant un sport qui consiste à inscrire plus de buts que l’adversaire pour l’emporter. Coach Vahid nous l’a martelé lors de son dernier point de presse au Centre Léonard De Vinci de Lisses. Pour se qualifier à la prochaine CAN en Afrique du Sud et à la prochaine Coupe du monde au Brésil, il faudra gagner le maximum de matches, surtout faire le plein à domicile et gratter ce qu’on peut à l’extérieur et ne pas faire de calculs d’apothicaires qui pourraient nous conduire au fond du précipice. Cette liste publiée par Vahid Halilhodzic est en total accord avec les idées qu’il a développées lors de cette même conférence de presse de Lisses, à savoir tout mettre en œuvre pour gagner, faire tout ce qui est en son pouvoir pour y arriver, et si ça arrive tant mieux, et si le destin en décidait autrement, il ne faudra laisser aucun regret.

Les places seront très chères devant

Immédiatement après le «ouf» de soulagement lorsqu’ils ont vu leurs noms sur la liste officielle des convoqués, leur confirmant le fax de présélection qu’ils avaient reçu un peu avant, les joueurs ont dû avoir la gorge et l’estomac noués par le trac qui a dû les envahir. Car, c’est bien beau d’être dans la liste, mais avec six attaquants, tous aussi talentueux les uns que les autres, chacun dans son style et son gabarit, la concurrence s’annonce déjà féroce. Ils savent aussi que leur entraîneur, celui qui décidera de leur place sur le terrain, sur le banc de touche ou en tribune le jour J, Vahid Halilhodzic, était un ancien attaquant lui-même. Donc, il saura tout de suite détecter qui aura les aptitudes physiques et mentales pour être le plus à même d’être titulaire le jour J et inscrire le ou les buts qui permettront à l’équipe nationale de prendre les trois points de la victoire. N’en doutons pas, la concurrence entre les attaquants lors de ce stage sera féroce. Chaque attaquant qui compose ce groupe a des choses à prouver au public, à lui-même, et voulant surtout prouver au sélectionneur national qu’il a bien fait de faire appel à lui, en faisant fi par exemple de son temps de jeu comme Mohamed Chalali, ou du lieu géographique où il évolue, comme Aoudia ou Slimani. Trois joueurs parmi ces six ont néanmoins plus de choses à prouver que les autres et seront, soyons en sûrs, les attractions de ce long stage et de cette campagne. Ces trois joueurs qui sont «des revenants» en équipe nationale sont Hilal Soudani, Kamel Ghilas et surtout Rafik Djebbour.

Hilal Soudani, à l’image de sa ville de Chlef

Après nous avoir régalés sur tous les terrains d’Algérie lors de sa magnifique saison 2010/2011 où il avait remporté le titre sous le maillot rouge et blanc de l’ASO Chlef, avec cerise sur le gâteau, un CHAN époustouflant au Soudan, Hilal Soudani, qui avait entre-temps rejoint le club de Guimaraes au Portugal pour y tenter l’aventure professionnelle, souffrait d’un manque chronique de temps de jeu en Sagres Liga, le championnat lusitanien de première division. Un temps de jeu réduit qui a nuit à sa carrière internationale. Puisqu’après de très bons débuts face à la Tunisie (1-0) à Blida, où il n’avait pas marqué, mais avait été très remuant, au point que Vahid Halilhodzic lui-même avait souligné sa fougue et son envie lors de la conférence de presse d’après-match, et l’insolite Algérie vs Algérie, trois jours plus tard, consécutif au forfait du Cameroun où le duo Soudani-Bouchouk avait alors volé la vedette aux cadres de l’équipe nationale, il a disparu des listes des convoqués, ratant notamment le stage de la Gambie. Mais l’enfant de la Cité Arroudj de Chlef est un battant et va tel le phénix, cette oiseau mythique, et sa ville de Chlef, meurtrie par les séismes, renaître de ses cendres, gagner du temps de jeu en club, inscrire des buts au bon moment qui ont été synonymes de sésame pour ce stage qui ouvre l’opportunité de disputer quatre matchs. Soudani est ambitieux, il ne vient pas à ce stage en touriste. Il donnera tout sur le terrain et fera tout pour convaincre son sélectionneur national que c’est lui l’attaquant que recherche l’Algérie toute entière depuis de trop longues années. Soudani sera gonflé à bloc, les autres devront se mettre au diapason ou alors ils perdront le duel qui va les opposer au Puma de Chlef.

Kamel Ghilas, le lion kabyle revenu à l’orgueil

Kamel Fathi Ghilas n’est pas bien grand, ni même très épais, mais il a l’orgueil et la fierté d’un géant. Le talentueux renard de surface béjaoui, né à Marseille, est à l’image du club phare de la ville de ses ancêtres, la JSMB, il tourne comme une horloge. Il a effectué une saison remarquable avec son club, le Stade de Reims, occupant au jour d’aujourd’hui la place du meilleur buteur de son club et de la Ligue 2 française. Le Stade de Reims accède cette saison en Ligue 1 en grande partie grâce à l’attaquant algérien. Autrefois, ce statut aurait largement suffi pour devenir un «taulier» en équipe nationale, mais malheureusement, dans celle dirigée par Vahid Halilhodzic, cela ne suffit pas. Après un retour face à la Centrafrique et la Tunisie, qui ne s’est pas très bien passé, il ne fut plus appelé ensuite en sélection par le Bosniaque qui lui a préféré Aoudia, l’attaquant de l’Entente de Sétif, à Banjul, face aux grands gambiens, le jugeant trop frêle pour le schéma tactique qu’il avait adopté ce jour-là. Kamel Ghilas, qui était déjà remonté comme une horloge après son éviction de la Coupe du monde, a dû avoir beaucoup de mal à encaisser ce nouveau revers avec les Fennecs, surtout avec la rage de vaincre et le «nif» qui le caractérise. Ce joueur, qui a besoin de se sentir délaissé et haï, pour donner le meilleur de lui-même et être stimulé, très en colère contre la presse qu’il juge injuste à son égard, doit ranger son frein depuis qu’il a reçu sa convocation et aura à cœur de tout exploser, et les mots sont pesés, pour prouver aux supporters, à Vahid Halilhodzic et aux médias que le meilleur, c’est bien lui, et prouver à Rabah Saâdane qu’il avait sa place en Coupe du monde. Kamel Ghilas, pour qui chaque entraînement sera une finale de Coupe du monde, sera un candidat sérieux à cette compétition interne des attaquants en vue d’une titularisation.

Rafik Djebbour, le chevalier à l’algérienne armure

Il est le symbole de l’attaque algérienne en Europe, puisqu’il fait parler la poudre à chacune de ses sorties avec son club, Olympiakos Le Pirée. Ce joueur que ses fans appellent «Djebbourgoal», car il ressemble beaucoup par son style et ses gestes à l’attaquant franco-argentin David Trezeguet. Djebbour a été tellement fulgurant avec son club, champion de Grèce cette année en grande partie grâce à lui et qui a fait un parcours honorable en coupe d’Europe, que les Hellènes ne veulent plus nous le rendre. A force de le faire jouer tous les matchs en le pressant comme un citron, ce joueur profondément algérien, devenu vedette en Grèce presque malgré lui, puisqu’il est très discret dans sa vie de tous les jours, remplit les stades autant que le faisaient les athlètes de la Grèce antique. Sans plages de repos, Djebbour a été énormément blessé cette saison, ratant quasiment tous les stages des Verts, version Halilhodzic. Sa dernière apparition en équipe nationale remonte à octobre dernier où il avait joué 18 minutes face à la Centrafrique à Blida. Même une fois la saison terminée, les Grecs ne veulent pas lâcher Djebbour, puisqu’il va devoir faire encore une tournée exhibition en Australie qui va le fatiguer et lui faire manquer encore une bonne partie de stage contre son gré. Djebbour, qui a toujours rêvé de l’équipe nationale, va tout faire, soyons en sûrs, pour bien récupérer auprès de Cyril Moine et du staff médical, pour ensuite tout lâcher et montrer que la vedette, c’est bien lui, que cette place en attaque des Verts lui revient de droit et que les autres devront se contenter des miettes. Le chevalier à l’algérienne armure qu’il est a, certes, plié ces derniers mois, mais ne rompra jamais face à la concurrence. De l’orgueil, Rafik Djebbour, il en a aussi à revendre.

Ce duel palpitant entre des attaquants algériens au torse bombé, comme celui des sprinters à cinq minutes de la finale du 100 mètres aux Jeux olympiques, s’annonce en tous les cas pour nous, observateurs, des plus passionnants.

B. M.