Niveau technique encore très faible, absence de formation, matchs arrangés, arbitrage souvent mis à l’index, violence dans les stades, crise financière aigue pour les SSPA, salaires impayés, litiges de tous genres enregistrés au TAS, instabilité à tous les niveaux, le roi des disciplines sportives nationales souffre toujours de ses mêmes maux, malgré une professionnalisation taillée sur mesure.
En effet, deux ans après sa mise en place, le projet, pourtant adapté à la réalité du terrain et largement soutenu par les pouvoirs publics, tarde à prendre forme et à suivre normalement son cours. Lancé dans la précipitation, faut-il le souligner, par la FAF au cours de la saison 2010/2011, sur instruction de la FIFA, le «grand projet» du professionnalisme, sensé faire sortir notre football de son marasme, n’a pratiquement pas avancé d’un iota. Si on s’est précipité dans l’élaboration des textes, on a, par contre, fait moins d’effort pour le reste.
On continue à faire appel aux vieux reflexes et les pratiques anciennes sont monnaie courante dans un projet réformateur, tendant vers le renouveau, pourtant. Ainsi, les mentalités n’ont toujours pas évolué et «les vieux démons» résistent fort au vent du changement. Malgré les difficultés financières de certains clubs, à l’image du MCA et de la JSK, on s’oppose par tous les moyens à l’arrivée d’investisseurs crédibles.
Chasser le naturel, il revient au galop. Samedi, on assistera au baisser de rideau sur le championnat, qui bouclera son deuxième exercice à l’ère du professionnalisme. Contre toute attente, l’ESS s’est adjugé le titre dans un climat où la suspicion règne en maîtresse. Une saison qui n’est en rien différente à ses précédentes. Désormais, professionnalisme ou pas, les saisons se suivent et se ressemblent pour notre football.
Le constat est établi. Pour ses premiers pas, le projet affiche un bilan, pour le moins, peu reluisant. Sur le plan technique, les résultats de nos formations à l’échelle continentale restent insuffisants et le niveau des clubs et des joueurs très faible. Malgré l’aide considérable de l’Etat, la formation fait défaut ainsi que les centres spécialisés.
Pour ce qui est des finances, on ne peut pas dire que les SSPA soient une «bonne affaire», dans l’ensemble. Les dépenses restent surdimensionnées par rapport aux recettes. Ces sociétés, habituées à l’assistanat des pouvoirs publics, continuent à faire l’amalgame entre les aspects commercial et sportif. En dépit de leur nouveau statut d’entreprise, les clubs continuent à fonctionner comme des associations à but non lucratif.
Tous les moyens sont consacrés dans le recrutement aveugle et aucun retour sur investissement n’est garanti. Ainsi, ce professionnalisme profite surtout à certains joueurs et entraîneurs, qui ont vu leurs salaires multipliés par dix. L’exemple de l’USMA est frappant. Hadad a investi, à perte, des dizaines de milliards de centimes dans un club qui n’a même pas atteint ses objectifs sportifs.
Cette expérience, pour le moins ratée, pourrait décourager les investisseurs, qui ne se bousculent pas aux portillons des clubs. Afin de faire face à la crise financière et à défaut d’investisseurs, le ministère de la Jeunesse et des Sports, la ligue professionnelle et les représentants des clubs se sont réunis pour trouver une parade.
L’accord trouvé prévoirait un changement de statuts pour les clubs. Les sociétés sportives passeraient d’une SSPA (société par actions), où les subventions de l’Etat sont interdites par la loi, à une SARL (société a responsabilité limitée). Les présidents, qui ne risquent plus d’être inquiétés après, continueront ainsi à se servir dans les caisses de l’Etat pour gérer leurs clubs.
Réda Maouche