Foncier industriel et touristique à Boumerdès : Bureaucratie et spéculation bloquent l’investissement

Foncier industriel et touristique à Boumerdès : Bureaucratie et spéculation bloquent l’investissement

À Afir, à l’est de la wilaya, deux projets touristiques de grande envergure attendent l’aval du wali pour l’entame des travaux.

À l’heure où des industriels et investisseurs porteurs de projets se plaignent de l’indisponibilité d’assiettes foncières, qui pourraient accueillir leurs projets susceptibles de créer de l’emploi dans la wilaya de Boumerdès, plusieurs espaces dédiés initialement à l’activité industrielle se retrouvent aujourd’hui inexploités ou détournés pour usage commercial et d’habitation. Et vu la gravité de la situation qui prévaut dans ce créneau, une commission a été instaurée par le wali de Boumerdès, en octobre 2017, sous la tutelle de l’inspection, qui a pour tâche d’établir un état des lieux des zones industrielles et zones d’activités et de dépôt à travers toute la wilaya. Les membres de cette commission, constituée de toutes les directions concernées par la gestion des dossiers des promoteurs industriels, se sont rendus sur le terrain et s’apprêtent à dresser leur bilan. Selon l’un des cadres qui ont participé à cette opération, le résultat qui ressort de l’enquête est peu reluisant. Ce dernier estime que “80% des terrains des zones industrielles sont inexploités ou détournés de leur vocation initiale, d’où la nécessité d’un assainissement”. La zone industrielle de Bordj Menaiel prévoyait au départ d’abriter 153 unités sur une superficie de 240 000 m2. Aujourd’hui, elle ressemble plus à un quartier résidentiel qu’à autre chose. Hormis une dizaine d’unités industrielles qui fonctionnent, les autres lots ont été convertis en commerces, promotions immobilières ainsi qu’en salles des fêtes. Des activités que les pseudo-investisseurs trouvent plus lucratives. Un fabricant de flexibles, dont la demande en 2016 de bénéficier d’un lot de terrain dans le cadre du Calpiref a été rejetée, se trouve aujourd’hui contraint de louer un local chez un particulier dans la même zone d’activités. Par ailleurs, un terrain qui a été cédé à un particulier pour réaliser un centre commercial à proximité de l’autoroute est toujours inexploité, et certains citoyens de Bordj Menaiel se posent des questions sur les circonstances d’attribution de ce terrain très convoité, sachant qu’il est clôturé et qu’il dispose d’un grand hangar qui date de l’époque où il était occupé par une société chargée des travaux de la conduite des eaux du barrage Taksebt jusqu’à Alger. D’autre part, le P/APC de Boudouaou nous a révélé qu’un terrain de plus de quatre hectares, supposé accueillir une ZAD (zone d’activités et de dépôt), qui se trouve en plein centre-ville, demeure inexploité par les industriels qui en ont été bénéficiaires. Quant à la zone industrielle dédiée aux activités de la pêche à Zemmouri, 5 ans après son lancement, elle n’est toujours pas opérationnelle, car les travaux d’aménagements sont en cours. À Afir, deux projets touristiques de grande envergure, comportant deux hôtels et des bungalows, présentés par des Algériens établis à l’étranger, attendent l’aval du wali pour entamer les travaux. “J’ai déposé le dossier il y a plus de six mois à la direction du tourisme ainsi qu’à la direction de l’industrie et des mines, mais je n’ai toujours pas reçu de réponse”, nous a confié l’entrepreneur qui a réalisé l’étude de l’un des projets. Le projet d’une station-service de la société nationale Naftal ainsi que trois autres projets attendent toujours une décision de justice pour être concrétisés dans la zone d’activités de Timezrit. Le terrain choisi pour accueillir cette ZAD est revendiqué par un particulier, ce qui a retardé le lancement de ses projets qui auraient pu contribuer à la résorption du chômage.

N. OUHIB