Exonération fiscale: 12 milliards de dollars au profit des industriels

Exonération fiscale: 12 milliards de dollars au profit des industriels

Au même titre que les subventions, les exonérations fiscales profitent plus aux gros industriels et commerçants, donc aux riches hommes d’affaires qu’aux petits propriétaires d’épiceries, aux artisans ou aux petites fonctions libérales.

En révélant le montant de l’exonération fiscale, qui est de l’ordre de 12 milliards de dollars, ce qui représente 7% du produit intérieur brut (PIB) de l’Algérie, le directeur de la fiscalité au niveau du ministère des Finances, Mohamed Abbas Maherzi, a fait savoir hier à Alger à l’occasion de la tenue du séminaire sur l’expérience du développement économique de la Corée du sud et son implication dans la coopération bilatérale algéro-coréenne, que ce montant a été épongé pour les opérateurs économiques dans le but de leur permettre de se relancer et par voie de conséquence, contribuer au développement et à la croissance de l’économie nationale.

Rebondissant sur ce chiffre, l’expert en économie et ancien ministre des Finances, le professeur Abdelatif Benachenhou, a précisé que ces soi-disant opérateurs sont connus par les économistes sous le nom de «rent seekers», ce qui signifie les chercheurs de la rente. L’expert a, par ailleurs appelé les pouvoirs publics à les traquer surtout en ces temps de crise.

Pour corriger cette situation qui profite aux grosses fortunes, le gouvernement de l’ex-premier ministre Abdelmadjid Tebboune avait promis de lancer une réflexion portant sur l’exonération des faibles revenus des impôts, alors que de nouvelles taxes et impôts devraient être imposés sur les fortunes.

S’exprimant en juin dernier à l’issue de l’adoption du plan d’action de son gouvernement, l’ancien Premier ministre a affirmé qu’il s’agit d’une «conviction» et «qu’il était temps pour que les fortunés apprennent à payer les impôts».

Selon lui, l’Etat avait exonéré plusieurs projets d’investissements de taxes et d’impôts, mais «il n’y a jamais eu un retour sur l’investissement, en dépit du lancement et l’entrée en production de ces projets».

Prônant une politique sociale, il avait appelé à ce que «les citoyens qui sont payés à l’heure, à la journée ou ceux ayant des salaires qui n’atteignent pas les 30.000 à 35.000 DA paient leurs impôts, mais leur contribution au budget de l’Etat demeure infime, alors qu’il existe des niches d’impôts beaucoup plus importantes et qui représentent 30 à 40 fois le volume des impôts payés par les petits salaires. De ce fait, on va voir comment exonérer une partie de cette franche des faibles revenus des impôts et aller vers d’autres impôts et taxes plus importants», avait-il alors promis.

Avec les gouvernements qui changent, les politiques économiques et sociales changent aussi. Ainsi, avec l’arrivée d’Ahmed Ouyahia à la tête de l’Exécutif et les nouvelles orientations avec lesquelles il est venu, il est peu probable que l’on demande des comptes à ceux ayant profité des exonérations de taxes et impôts, mais il est du moins souhaitable que de nouveaux avantages ne leur soient pas accordés, notamment en cette période de crise financière aiguë que traverse le pays.

Hafid M.