Enlèvement,Kidnapping et assassinat … »Je te viole parce que tu es une fille »

Enlèvement,Kidnapping et assassinat … »Je te viole parce que tu es une fille »

La victime a été enlevée et emmenée à Boukhalfa où elle a subi des sévices sexuels avant d’être libérée

Il est inadmissible qu’une femme ou une fille paye de sa vie la folie de certains hommes.

On dirait que la nature des kidnappings évolue avec les saisons. On a connu la saison des kidnappings de patrons, puis la saison d’enfants, voilà que l’on s’attaque maintenant aux jeunes filles. Il est tout de même étrange que l’actualité criminelle dans notre pays se veut très synchronisée en fonction du sexe, de l’âge, du temps et de l’endroit. Etre une fille en Algérie, c’est être à moitié mort?

Avant-hier, la sûreté de wilaya de Tizi Ouzou a réussi à arrêter quatre individus pour «enlèvement» et «attentat à la pudeur», commis sur une jeune fille. C’est le bilan de la sûreté de wilaya qui le dit. Selon ce même communiqué,

«les mis en cause sont accusés d’avoir agressé sexuellement une jeune après l’avoir enlevée». La victime a été enlevée et emmenée à Boukhalfa où elle a subi des sévices sexuels avant d’être libérée.

Présentés avant-hier devant le parquet, le premier cité a été mis en détention provisoire, le second et le troisième ont été laissés en liberté provisoire et le quatrième a été placé sous contrôle judiciaire. Ce n’est pas fini. Le même jour dans l’Ouest algérien, à Oran plus précisément, le corps sans vie d’une mineure a été découvert, abandonné dans une décharge à la cité El Amel, dans la commune d’Es Senia. Le cadavre de la collégienne, âgée de 14 ans, présentait des traces de violence et des coups de couteau. Selon les premiers éléments d’information, la victime aurait été kidnappée et violée puis assassinée. A Béjaïa, il y a deux jours, trois kidnappeurs ont été surpris alors qu’ils tentaient d’enlever une lycéenne. Les ravisseurs n’ont pas réussi à aller jusqu’au bout de leur dessein, ils ont même été arrêtés par les gendarmes de la brigade d’Iflaine El Maten, rapporte un communiqué de la Gendarmerie nationale. La semaine dernière, deux cas d’enlèvement ont été signalés à El Oued et à Khenchela. Pour la première victime, deux personnes ont été appréhendées par les services de sécurité pour association de malfaiteurs, vol et enlèvement, dont a été victime une jeune fille âgée de 31 ans. La seconde victime est une jeune fille, âgée de 20 ans, enlevée à sa sortie du lycée, dans la wilaya de Khenchela.

Il faut dire qu’il s’agit là d’une suite logique: le fait d’avoir toléré les agressions verbales tout d’abord, qui se sont transformées en agression physique, pour aboutir au crime le plus atroce, le viol, voire le meurtre. Il faut le dire, sans détour, sans tabou et le redire sans cesse, car la fille algérienne, en plus d’être victime d’une société à la fois conservatrice et rétrograde, est aujourd’hui carrément exposée aux pires des crimes. Kidnapping, enlèvement, viol, agression, assassinat… les services de sécurité ont longtemps assumé leur rôle de garants des moeurs, mais quand il s’agit des filles, ils ne sont pas à la hauteur de leurs fonctions de garants de la sécurité des personnes et des biens! Aujourd’hui, tout le monde doit être interpellé, parce que la situation est plus que grave, d’autant plus qu’elle touche directement à la vie humaine, à la vie des personnes les plus fragiles et démunies de notre société: les femmes. Il ne s’agit plus d’harcèlement verbal dans la rue, ou d’harcèlement sexuel en milieu professionnel… Il est question de ce qui menace leur vie, de viol, d’agression collective contre des jeunes filles ne dépassant même pas les 14 ans. Contrairement aux kidnappings d’entrepreneurs ou de personnes riches circonscrits dans une seule wilaya, le kidnapping de filles est devenu un fléau qui se généralise sur l’ensemble du territoire national. Rien qu’à voir les derniers crimes perpétrés ces derniers jours, on constate avec stupeur une multiplication de kidnappings, de viols et d’enlèvements, voire même d’assassinats de jeunes filles, et ce, sur l’ensemble du territoire national. Enfin, il est connu dans notre société ce fait crapuleux d’attribuer toujours la faute à la victime, de s’être fait agresser lorsqu’il s’agit d’une fille. C’est un peu l’esprit local. «Elle n’avait pas à s’habiller de la sorte», «elle n’avait pas à me regarder», «elle n’avait pas à sortir à cette heure», «elle avait un comportement aguicheur», «elle porte une tenue très courte»,… donc, «elle l’a voulu».

Enfin, une véritable prise de conscience est nécessaire pour venir à bout de ce phénomène qui prend une ampleur alarmante. Il est inadmissible qu’une femme ou une fille paye de sa vie la folie de certains hommes.