Le premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), Karim Tabbou, invité de l’émission politique de Radio Algérie internationale (RAI), s’est exprimé hier sur plusieurs questions d’ordre politique.
Ouverture du champ audiovisuel, éventuel retour de Aït Ahmed, prochaines législatives, rapprochement entre Mehri et le FFS, projet de loi sur les partis politiques… Karim Tabbou a fait le point en brossant un tableau peu reluisant de la situation sociopolitique du pays. «Dans un pays où les médecins protestent, ainsi que les enseignants et les chômeurs, dans ce cas, ce n’est pas une crise politique ce sont les institutions de l’Etat qui ne sont plus représentatives. Nous sommes dans un pays où les institutions publiques, qui ont montré leur inefficacité, n’arrivent pas à répondre aux besoins et aux attentes de la population.
Il faut arrêter de tourner le dos au peuple. Le drame dans ce pays, c’est qu’on a tout démoli. On cassé la classe politique et la société civile…», a constaté, avec amertume, Karim Tabbou. Au sujet de la participation ou non du FFS aux prochaines élections législatives, l’invité de l’émission «100% Politique», tout en éludant la question, a soutenu que l’intérêt n’est pas dans la participation ou dans le boycott, le plus important pour le FFS consiste à changer le système et non pas les personnes. «Dans le contexte actuel, on ne peut pas parler d’élections.
Je souhaite que les prochaines élections ne se tiendront pas comme celles d’avant. On ne peut parler d’élections en 2011. On a bien vu les calendrier de Benali, Kaddafi et de Moubrek», a-t-il répondu, laissant comprendre à demi-mot la participation conditionnée du FFS. Le parti d’Aït Ahmed, faut-il le souligner, prépare activement les prochaines élections locales et législatives de 2012. Pour rappel, le FFS avait boycotté les législatives du 17 mai 2007, qui ont connu une forte abstention des Algériens. En avril 1999, Hocine Aït Ahmed était un des huit candidats aux élections présidentielles. Sept candidats, dont le président du FFS, s’etaient retirés, invoquant des cas de fraudes en faveur du candidat Abdelaziz Bouteflika, actuellement président de la République. Sur le rapprochement entre le FFS et la personnalité politique de Abdelhamid Mehri, l’invité de la RAI répond que ce dernier a exprimé des idées «intéressantes» auxquelles le FFS adhère.
«Il faut avoir une approche nouvelle de la politique. S’il y a des idées qui sont produites et proposées par des personnalités de la dimension de Mehri, je pense que beaucoup d’Algériens reconnaissent à cet homme des qualités politiques…», a-t-il expliqué. Sur la question de l’ouverture du champ audiovisuel, M.Tabbou a été très virulent.
Loin d’applaudir l’annonce de l’ouverture audiovisuelle, le premier secrétaire national du FFS pense qu’il est temps pour la Télévision nationale de s’ouvrir au public. «On parle de la réforme de la télévision, mais si vous voyez les programmes de la Télévision nationale, on a l’impression de voir El Djamahiria du temps de Mouaamar Kaddafi», ironise M.Tabbou.
Interrogé sur le projet de loi sur les partis politiques, l’orateur a relevé que de nombreuses dispositions empêchent l’exercice politique, citant notamment celle faisant obligation à toute personne voulant créer un parti politique de faire une déclaration d’intention auprès du ministère de l’Intérieur. «Le drame de ce pays est qu’on a cassé la classe politique, il n’y a plus de parti capable aujourd’hui de mobiliser la société, il n’y a plus de société civile», fait-il remarquer, indigné. Enfin, à la question de savoir si le chef du parti Hocine Aït Ahmed pourrait rentrer éventuellement en Algérie, Karim Tabbou lâchera cette réponse : «Je ne sais pas si cette information vous apprendra quelque chose…».
Yazid M