Tandis que la tutelle juge leur action injustifiée et que les parents d’élèves se disent «irrités» par cette culture de la «grève», les enseignants ont poursuivi hier leur action de protestion en paralysant plus d’écoles par rapport au premier jour.
L’inquiétude et le mécontentement des parents d’élèves ainsi que la non- reconnaissance de la tutelle de cette action comme une grève justifiée, n’ont pas mis fin à la grève qui se poursuivra jusqu’à jeudi, d’après les syndicalistes. Les enseignants ont maintenu le mot d’ordre de grève, et ce, jusqu’à jeudi. L’action de protestation menée par les cinq syndicats autonomes de l’Education s’est poursuivie donc hier avec le même taux de suivi et un peu plus dans certaines wilayas, affirment les syndicats qui comptent poursuivre leur action de débrayage jusqu’à jeudi.
Le fait que la tutelle ne reconnaît pas cette action n’a eu aucun effet sur la détermination des organisations syndicales à aller jusqu’au bout de leurs revendications socioprofessionnelles. Dans une première réaction, le ministère de l’éducation a jugé la grève des enseignants «injustifiée». Contrairement aux chiffres des syndicats qui démontrent que les travailleurs du secteur ont répondu favorablement à leur appel avec un taux de suivi qui varie de 80 à 100%, les données du département de Benbouzid semblent vouloir jouer dans l’apaisement en évaluant le suivi à seulement «31% à l’échelle nationale pour tous les paliers du secteur». D’après une source de la tutelle «les syndicats ont obtenu des réponses positives pour la majorité des revendications et préoccupations des travailleurs. Le ministre a honoré ses engagements vis-à-vis des fonctionnaires sur l’ensemble des points, non seulement les points liés aux salaires et indemnités mais aussi les œuvres sociales». Ainsi, la tutelle juge qu’«aucune raison ne justifie donc la poursuite de la grève». Outre la tutelle, les parents d’élèves sont l’autre partie qui a exprimé son mécontentement vis-à-vis de la paralysie des écoles qui prennent leurs enfants en otages.
«Il est temps d’en finir avec les anomalies qui guettent ce secteur de manière à garantir la stabilité dans les écoles, et d’éviter d’autres perturbations», estime un parent d’élèves qui s’exprimait sur la grève. Pour une autre maman, «il s’agit bien d’un abus de la part des grévistes. Tous les ans c’est la même chanson, à peine ont-ils fait une pause l’année dernière, voilà qu’ils reprennent leurs habitudes cette année. C’est un droit certes que les travailleurs cherchent un meilleur cadre de travail et de vie, mais pas au détriment de nos enfants.
Non seulement la qualité de l’enseignement laisse à désirer mais voilà que les écoliers grandissent avec la culture de la grève et de la protestation…», regrette-t-elle. Evidemment, cette opinion est loin d’être partagée par les organisations syndicales qui estiment qu’une mobilisation importante pour la grève est indispensable pour satisfaire les revendications socioprofessionnelles «légitimes». Les partenaires sociaux du secteur sont unanimes à renvoyer la réponse massive des travailleurs à leur appel à l’existence réelle des problèmes qui sont connus depuis des années déjà et qui attendent toujours des réponses concrètes.
Par Yasmine Ayadi