Dissolution des milices libyennes, Tripoli passe à l’action

Dissolution des milices libyennes, Tripoli passe à l’action

Sous les pressions accrues des Américains, outrés par l’attentat qualifié de « terroriste » et qui a coûté la vie à leur ambassadeur à Benghazi, les autorités libyennes veulent en finir avec les milices qui échappent à leur contrôle. Y parviendront-elles ?

Après avoir publiquement soutenu les mouvements de protestation contre les milices djihadistes qui font la pluie et le beau temps à Benghazi, combattues par des manifestants prenant d’assaut leur QG, les autorités libyennes ont annoncé, dans la nuit de samedi à dimanche, par la voix du président du Congrès général national libyen (CGN), Mohamed Al Mgaryef, la dissolution des milices et groupes armés ne relevant pas de l’autorité de l’Etat. Le défi est de taille et la « démonstration de force » du gouvernement libyen est loin d’être dissuasive devant la réticence, voire l’opposition, de nombreuses milices, islamistes en tête, de se soumettre sous la bannière officielle. Et ce, malgré le retrait forcé, sous les cris des manifestants, du principal groupe islamiste armé de Benghazi, Ansar al Charia. Pour y parvenir, les autorités ont décidé également de la mise en place d’un « centre opérationnel » à Benghazi, regroupant l’armée, les forces du ministère de l’Intérieur et les brigades d’ex-rebelles qui dépendent du ministère de la Défense. La mission, pour délicate qu’elle soit, a été confiée au chef d’état-major, Youssef Al Mangouch, devant ainsi asseoir son autorité sur les brigades qui font partie de l’armée, en plaçant des officiers de l’armée régulière au commandement de ces formations d’ex-rebelles. Emboîtant le pas au président du Congrès général national, l’armée a fixé un ultimatum de 48 heures aux milices et groupes armés pour évacuer les bâtiments publics et les propriétés des membres de l’ancien régime dans la capitale et ses environs, menaçant de faire usage de la force si ses ordres ne sont pas exécutés. En témoigne, l’assaut donné, hier, par l’une de ses forces contre le quartier général d’une milice qui occupait une installation militaire sur la route de l’aéroport de Tripoli.Le chef d’état-major a annoncé sur sa page Facebook l’arrestation des membres de la milice et la confiscation de leurs armes, sans faire état de victimes. « Nous allons effectuer ce genre d’opérations durant les deux à trois prochaines semaines, jusqu’à déloger tous les groupes armés qui ne sont pas sous l’autorité de l’Etat », a déclaré un officier de l’armée sous couvert de l’anonymat. Samedi, les autorités libyennes ont pris le contrôle de quartiers généraux et bases de milices armées à Benghazi mettant au pied du mur les milices djihadistes. Impuissant depuis la mort de Mouammar El Gueddafi et la chute de son régime, de désarmer les ex-rebelles, Tripoli semble, cette fois-ci décidé à en découdre. Mais la tâche est d’autant plus ardue devant la multiplication et l’enchevêtrement des milices qui règnent en véritables maîtres dans tout le pays, et pas seulement dans les grandes villes. C’est un patchwork de milices hétéroclites, de différentes obédiences (identitaire, autonomiste, islamistes, maffieuse…), fortement armées et bien organisées, décidé à tenir tête au nouveau pouvoir du pays.

Amine G.