Des déclarations «BELLIQUEUSES»du maréchal al sissi créent la polémique : La noukta égyptienne

Des déclarations «BELLIQUEUSES»du maréchal al sissi créent la polémique : La noukta égyptienne

Alors qu’on pensait que la guerre médiatique entre l’Egypte et l’Algérie était enterrée à jamais, voilà qu’un média cairote déterre la hache de guerre en diffusant une information d’une très haute gravité, selon laquelle le maréchal Abdel Fattah Al Sissi menace l’Algérie de guerre.

C’est un site égyptien Al Balad, visiblement en panne de scoop et de publicité, qui a diffusé l’information selon laquelle le nouvel homme fort d’Égypte a déclaré, mercredi dernier devant les membres de l’Instance de l’enseignement de son pays que son armée était capable d’envahir l’Algérie en trois jours. Une déclaration aux conséquences diplomatiques très lourdes qui a fait le tour de la Toile et qui a été reprise par de nombreux médias étrangers et algériens.

Quarante-huit heures après «cette bourde diplomatique» et conséquence du tollé médiatique que cette déclaration a suscité sur les journaux électroniques (la presse écrite était absente le 1er mai), les responsables égyptiens ont commencé à réagir en démentant ses propos. Selon l’ambassade d’Algérie au Caire, rapporte le site Algériepatriotique, cette information a vite été démentie dans Al Balad, le même journal qui s’en était fait l’écho et la publicité le premier, sans doute sur instruction des responsables politiques égyptiens, mis dans la gêne par une telle gaffe. Le maréchal Al Sissi aurait, en réalité, vanté les mérites de l’armée de son pays, «l’armée de tous les Arabes», «tellement puissante» qu’elle «peut venir en aide à n’importe quel pays arabe, que ce soit le Maroc, l’Algérie ou la Libye».

Quelques heures après, c’était au tour du staff de campagne de Abdel Fattah Al-Sissi qui a apporté un démenti, en déclarant: «Durant la rencontre, le maréchal Al Sissi a déclaré que l’armée égyptienne était prête en permanence à venir en aide à tout pays arabe frère dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme. Le peuple algérien mérite tout notre respect et notre considération. Personne ne peut oublier sa position honorable durant la guerre d’Octobre 1973. Il a aidé les forces armées égyptiennes (…) pour récupérer les terres et la dignité», affirme le communiqué. Selon cette version, le maréchal Al Sissi aurait tenu des propos élogieux à l’égard de l’Algérie. Une information qui a été confirmée par le rédacteur en chef du journal Al Balad, Magdi Bessyouni, interrogé par la chaîne privée algérienne Ennahar TV.

Quoi qu’il en soit, cette déclaration, (même si elle a été démentie a mis de l’eau dans le gaz dans les relations entre l’Algérie et l’Egypte. Aucune vidéo et extrait sonore n’apportent un réel démenti aux déclarations rapportées par le journal égyptien. Les deux pays qui avaient traversé durant deux ans une zone de turbulences, essayaient depuis l’arrivée d’Al Sissi au pouvoir de rétablir le dialogue et construire des relations diplomatiques et politiques fortes entre les deux pays. La meilleure preuve, c’est la visite du ministre égyptien des Affaires étrangères, Nabil Fahmi, en janvier 2014, durant laquelle le diplomate égyptien était venu demander conseil à Alger pour trouver une solution pacifique à la crise que vit son pays depuis la destitution du président Mohamed Morsi.

Logiquement, et selon les observateurs politiques, l’Egypte ne peut pas se permettre une telle déclaration… de guerre. C’est de la pure affabulation, construite sur une thèse de manipulation médiatique et dont les objectifs ne sont pas clairs. La situation économique, politique, sociale et même médiatique est très critique en Egypte pour se permettre une telle sortie médiatique. Les dernières condamnations à mort prononcées par la justice proche d’Al Sissi à l’encontre de plus de 600 membres de l’organisation des Frères musulmans ont encore isolé l’Egypte et avaient conduit Alger à prendre ses distances avec Le Caire. La dernière décision de l’Algérie de ne pas inscrire le mouvement des Frères musulmans comme organisation terroriste n’a visiblement pas plu à certains pouvoirs de décision en Egypte, qui tentent de brouiller les relations entre les deux pays.

Et pourtant, dès son arrivée au pouvoir, l’Algérie avait apporté son soutien à Al Sissi qu’elle considérait comme l’héritier naturel de la politique de Nasser qui avait apporté son soutien à la Révolution algérienne dans les années 1950 et 1960. Le maréchal Al Sissi a besoin de l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme. Son armée et sa politique subissent chaque jour de nouvelles attaques, notamment dans le Sinaï où les groupes armés sont bien implantés. L’Egypte et l’Algérie font face également à la même menace terroriste venant des frontières avec la Libye. Elles doivent à ce niveau unir leurs forces pour faire face aux infiltrations terroristes. Cette déclaration est également en contradiction avec les projets commerciaux qui lient l’Algérie à l’Egypte, surtout sur le plan gazier, puisque après sa rupture économique et politique avec le Qatar, l’Algérie était devenue le fournisseur privilégié en gaz pour l’Egypte.

D’un autre côté, la situation catastrophique née au lendemain des révolutions arabes, notamment en Syrie et en Libye, fait que l’Egypte est obligée de gagner le soutien et la sympathie de la seule puissance régionale arabe encore «debout» dans la région. Sur le plan géopolitique, l’Egypte a également besoin de l’Algérie pour peser de tout son poids au sein de la Ligue arabe et faire face à la concurrence des monarchies du Golfe conduites par l’Arabie Saoudite et à affronter les derniers actes de résistance du Qatar, qui malgré le fait qu’il soit écarté du Conseil de coopération du Golfe (CCG), reste toujours nuisible avec sa télévision Al Jazeera.

Devant l’absence de précisions claires du maréchal Al Sissi, en personne, et à l’heure où nous mettons sous presse, le gouvernement algérien n’a toujours pas réagi à la polémique et aux Affaires étrangères, on n’a pas souhaité commenter ces déclarations fantasmagoriques du premier responsable égyptien. Seul le président du parti MSP, Abderrazak Makri (allié du président destitué Mohamed Morsi), a réagi en demandant une réponse et des mesures de l’Etat algérien.