De la sardine «volante» à 500 DA le kilo

De la sardine «volante» à 500 DA le kilo

Les mauvaises conditions climatiques mises à profit par des spéculateurs

De mémoire d’homme, jamais le prix de ce produit halieutique n’a atteint ce prix», lance un des citoyens outré devant le prix de la sardine, affiché par les revendeurs qui, eux, pointent le doigt en direction de leurs fournisseurs. Les responsables de la chambre nationale devraient interpeller la tutelle afin de mettre fin à cette énième spéculation dont les mandataires, grossistes et détaillants sont à l’origine.

Les riverains résidant au sein de quelques villes situés sur la côte ouest ont eu, samedi, la désagréable surprise de se voir imposer le versement de 500 DA pour l’acquisition d’un kilo de sardine, censé être un aliment destiné aux ménages aux revenus moyens.

Certaines personnes ont crié au scandale et n’ont pas hésité à dénoncer la férocité des revendeurs à l’origine de cette spéculation.

Louma Fouad, vice-président de la chambre nationale de la pêche, interrogé sur cette pratique qui frise la rapine, a condamné cette pratique qui «pénalise les foyers aux maigres revenus» et a «interpellé la tutelle à plus de rigueur dans le contrôle du marché du poisson».

La sardine, qui a été cédée à 500 DA à Bousmaïl, Bouharoun, Aïn Tagouraït et autres, a été, selon nos informations, acheminée du port de Ténès par des revendeurs détaillants, lesquels ont versé pas moins de 2800 DA pour acquérir un casier (22 kg de sardine) auprès des grossistes, en connivence avec les mandataires sur les lieux».

Bien que se cachant derrière la liberté de marché, serait-ce possible que cet aliment atteigne ce prix ?

Somme toute, il y a lieu de parler de spéculation, révèlent bon nombre de pêcheurs du port de Bouharoun, contraints de rester au quai faute d’amélioration des conditions météorologiques.

«Le mauvais temps et les mauvais courants qui sévissent depuis quelques jours empêchent les sardiniers de prendre le large, et seuls quelques audacieux se permettent de gagner le large au vu des quelques éclaircies», indique un propriétaire de sardinier.

Les mandataires à l’origine de la spéculation

Les avis de toutes les personnes exerçant au sein de ce port sur cette phénoménale hausse du prix de la sardine ont convergé vers l’idée selon laquelle «les mandataires et les grossistes activant au sein du port de Ténès ont profité des mauvaises conditions climatiques pour doper les prix, prétextant la rareté de la sardine qui aurait pris la tangente suite au naufrage d’un cargo togolais et dont les soutes ont laissé échapper d’importantes quantités de mazout».

La rumeur faisant état de la pollution des eaux de mer par ce cargo (rumeur démentie par le directeur de la chambre nationale de la pêche, M. Rahmani, sur les ondes de la radio), ajoutée aux mauvaises conditions climatiques qui perdurent ont donné lieu à une grande spéculation que la tutelle devrait juguler.

Sur ce chapitre, la plupart des chambres régionales de la pêche, par le biais de leurs présidents respectifs, ont suggéré «la création de cellules de contrôle au niveau des chambres respectives aux fins d’être au fait de ce genre de spéculation et y apporter la médication nécessaire, mais également pour sensibiliser les professionnels à plus de respect des normes imposées pour la sauvegarde des ressources halieutiques».

«Une suggestion qui restera lettre morte», affirme le représentant du président de la chambre nationale, M. Louma.

Pour revenir à la sardine, les vendeurs, bien que prétextant l’hégémonie des grossistes et les divers frais (transport et autres) pour justifier les prix excessifs affichés, ont eu de la peine à écouler leur cargaison auprès des populations de la côte, habitués à acquérir cet aliment pour 50DA, soit dix fois moins que le prix proposé.

Les responsables de la chambre nationale de la pêche, qui multiplient les journées de sensibilisation aux dangers et retombées de la pêche excessive (non-respect des normes définies pour sauvegarder le patrimoine halieutique), seraient sur le point d’interpeller la tutelle afin de mettre fin à ce genre de spéculation dont les citoyens sont les seuls victimes.

D. M.