Cadenas d’Amour d’Alger, Contre vents et marées

Cadenas d’Amour d’Alger, Contre vents et marées

Après les cœurs gravés entourant les initiales des amoureux sur les troncs d’arbre, les bancs publics, les portes d’édifice, les murs d’immeuble, et après les messages d’amour sur les plages que la mer emporte à chaque marée, un autre phénomène est venu s’imposer invitant tous les « amoureux » à venir exprimer leurs sentiments.

Ainsi, pour que le pont de Télémly, sur les hauteurs d’Alger, ne soit plus celui du suicide, l’amour a pris place, hier à 11h, remplaçant le désespoir par des cadenas scellant symboliquement un sentiment de réciprocité des plus nobles mais surtout partagé, celui de l’espoir. Initié par de jeunes journalistes , Idir Tazerout, Mehdi Mehenni et Farida Chayeb, les Cadenas d’amour d’Alger est un évènement qui a connu un franc succès dès son lancement sur Facebook avec un total de 800 abonnés en moins d’une semaine.

Le principe est d’inscrire sur le cadenas l’initiale personnelle et celle de la personne aimée, une date ou un petit mot, sceller le cadenas sur la rampe ou le grillage du pont puis jeter la clé. S’inspirant du pont des Arts de Paris et d’autres ponts dans le monde, les trois initiateurs ont souhaité « créer un symbole pour les jeunes, mettre en place une nouvelle coutume ». « Nous avons eu l’idée de faire du pont de Télémly, un lieu de paix, d’amour et d’espoir », s’est félicité Idir Tazerout, journaliste au quotidien l’Expression.

Pour lui, la jeunesse algérienne souffre terriblement de violence, de désespoir et de marginalisation. Raison pour laquelle, a-t-il soutenu, cette « manœuvre » va constituer un espace de communication donnant libre cours aux sentiments. Il est soutenu par Mehdi Mehenni, journaliste au Soir d’Algérie. « Il y a 20 ans, de jeunes Algérois ont investi la rue, répondant à l’appel des prêcheurs de l’hystérie, semant la haine et la violence partout. Aujourd’hui, une nouvelle génération, celle que certains nomment injustement, les enfants de la décennie noire, sort dans la rue pour sceller son amour avec sa moitié », dira Mehdi. « N’est-ce pas en aimant son prochain que l’amour grandit dans une nation ? », s’est-il interrogé. « Nous avons vu ce que la haine de l’autre a coûté à l’Algérie durant les années 1990.

Laissons donc place à l’amour, il en fera beaucoup pour ce cher pays pour les années à venir car nous sommes désormais, une génération d’amour », a prôné Mehdi. Jeunes et moins jeunes ont répondu présents au rendez-vous d’hier. Certains n’ont pas attendu le lancement de l’opération à 11h. Sur place, beaucoup de jeunes tourtereaux et des couples âgés, mariés, ont préféré sceller leur cadenas à 8h du matin. Même en solo, d’autres ont scellé leur amour pour l’Algérie. « N’habek ya bladi », peut-on lire sur certains cadenas.

Rym Harhoura