La nomination d’un «nouveau» gouvernement figure parmi les points inscrits dans l’agenda du président Bouteflika. Cependant, cette démarche reste à l’étude car la composante de l’Exécutif n’est pas encore claire, sans parler de la reconduction ou non d’Ahmed Ouyahia.
Avec la répartition des siéges à l’Assemblée populaire nationale, le chef de l’Etat aura à mettre en place un gouvernement «représentatif» mais ce n’est pas évident car, il y a déjà trois formations politiques qui rejettent une éventuelle participation au prochain gouvernement.
Il s’agit notamment du Mouvement de la société pour la paix et le Parti des travailleurs alors que la position du Front des forces socialistes qui traverse une crise interne n’est pas encore claire, même si le parti penche plutôt vers la non-participation.
Ainsi, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, a exclu, vendredi dernier, la participation de son parti au prochain gouvernement. A ce propos, elle a déclaré au second jour des travaux de la session ordinaire du comité central de son parti : «L’entrée de notre parti au gouvernement n’est nullement prévue […] le partage du pouvoir doit être basé sur les résultats des élections législatives, sans quoi il serait une infraction à la démocratie».
Pour sa part, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a affirmé que les décisions de son conseil national consultatif concernant la non- participation aux prochains gouvernement et Parlement et le maintien de l’alliance verte sont «claires, mûres et ne nécessitent ni explication ni interprétation» et Amar Ghoul, ex-ministre des Travaux publics, est appelé officiellement à choisir entre son parti, le MSP, et le gouvernement.
Pour rappel, lors de l’installation de la nouvelle APN, le 26 mai, Amar Ghoul, avait refusé de boycotter la plénière, contrairement à ses collègues de l’Alliance de l’Algérie verte. «Un député a un mandat national. Le Parlement est un espace d’expression libre. Je n’adhère pas à une action qui ne va pas dans ce sens», avait-il déclaré ajoutant : «Je suis un commis de l’État. Je reste au service de mon pays et j’œuvre à sa stabilité».
Le cas du FFS n’est pas clair puisque le premier secrétaire national, Ali Laskri a réaffirmé, samedi dernier à Oran en réponse à une question relative à une éventuelle participation du FFS au prochain gouvernement, que sa formation restera toujours dans l’opposition, relevant que l’objectif premier du FFS «est d’investir dans la mobilisation au sein du parti et de la société et non uniquement pour disposer de sièges au Parlement».
Avec ces trois positions, la composante du nouveau gouvernement pourra être partagée entre le FLN et le RND en plus des hommes du Président, ceux qui n’ont pas une appartenance politique. D’autre part, il n’est pas écarté que le chef de l’Etat fasse appel à des cadres du parti de Amara Benyounes.
S’agissant du poste de Premier ministre, dans la Constitution actuelle, aucun article ne stipule que celui-ci doit être issu de la majorité parlementaire, une mesure que compte intégrer le FLN dans le cadre de la prochaine révision du texte fondamental de la République. Donc, le nouveau gouvernement ne sera pas forcément conduit par un homme du FLN et probablement, le président Bouteflika va reconduire M.Ouyahia jusqu’à la révision de la Constitution.
Autre point qui aurait de l’influence dans la désignation du Premier ministre, il y a la question du respect de l’équilibre régional entre les importants postes de responsabilités (Premier ministre, le président de l’APN et le président du Conseil de la nation).
Il est à noter que l’ex-patron de l’APN, Abdelaziz Ziari, représentait l’Est et actuellement, Mohamed Ould Khelifa représente la Kabylie et le Centre puisqu’il s’agit d’un enfant de Béjaïa. Il s’agit de la même région que représente Ouyahia, donc, s’il est maintenu, il n’y aura pas d’équilibre régional dans ce cadre même si vis-à-vis de la loi, rien ne l’y oblige.
Par ailleurs, Abdelaziz Belkhadem, SG du FLN, ne semble pas motivé pour occuper le poste de Premier ministre avec son expérience de 2006-2008 mais le FLN dévoile déjà ses propositions portant notamment sur la création de grands ministères avec des secrétaires d’Etat. Lors d’un point de presse qu’il a tenu samedi dernier, Ahmed Ouyahia a souligné que la démission du gouvernement après les élections législatives est «un usage non codifié».
Cependant, cette tradition va intervenir probablement dans les prochains jours, car le gouvernement ne pourra pas continuer à fonctionner avec 6 portefeuilles dirigés par intérim. Il s’agit des ministères de l’Aménagement du territoire, des Transports, des Travaux publics, de l’Enseignement supérieur, du Travail et de la Poste et des Technologies de l’information et de la Communication.
Nacera Chennafi