Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El Abbès, alias Belaouar (le borgne), est en passe de devenir, après Oussama Ben Laden, le «chef djihadiste» le plus recherché de la planète.
Après avoir vu sa tête mise à prix, il y a quelques semaines, par les Etats-Unis, et la plainte déposée, récemment, contre lui par la Gendarmerie royale canadienne, Belmokhtar a été cette fois mis en accusation, avant-hier à New York, pour sa participation supposée à l’attaque du site gazier de Tiguentourine, dans la wilaya d’Illizi.
C’est ce qu’a annoncé le procureur fédéral de Manhattan. Huit chefs d’accusation sont retenus contre Khaled Abou El Abbès, dont le complot visant à apporter un soutien à Al Qaïda et Aqmi, complot de prise d’otages, enlèvement de personnalités internationales protégées et complot visant à utiliser une arme de destruction massive. Belmokhtar est recherché par le procureur fédéral de Manhattan pour l’attaque terroriste perpétrée contre le site gazier de Tiguentourine, dans lequel les terroristes ont tué des dizaines de personnes, dont trois Américains, et des centaines d’autres ont eu peur pour leur vie, affirme le communiqué du procureur.
«Belmokhtar a apporté la terreur et le sang à ces personnes innocentes et nous avons maintenant l’intention de le traduire en justice», ajoute encore le procureur Preet Bharara, tout en soulignant que l’accusé est en fuite. Khaled Abou El Abbès, en dissidence avec Aqmi, a créé fin 2012 sa propre unité combattante, les Signataires par le sang, peu de temps avant l’offensive militaire française contre les djihadistes sévissant au nord du Mali. En janvier 2013, il avait revendiqué l’attaque sanglante et la prise d’otages massive sur le complexe gazier de Tiguentourine, à In Amenas, qui s’était soldée par la mort de 38 personnes dont 3 Américains, et de 29 ravisseurs.
Donné pour mort par le Tchad en avril, au cours de l’offensive militaire contre les djihadistes, au nord du Mali, Belmokhtar a aussi revendiqué le double attentat-suicide au Niger, qui a fait une vingtaine de morts en mai dernier, et a menacé de frapper les pays engagés au Mali.
Une délégation du FBI à Alger
En parallèle à ces procédures américaines, l’Algérie et les Etats-Unis d’Amérique collaborent au sujet de l’attaque terroriste de Tiguentourine, dans le cadre de la coopération judiciaire entre les deux pays. Condamné à mort à deux reprises par la justice algérienne, il aurait aussi commandité l’assassinat de quatre Français en Mauritanie, en décembre 2007, et la prise en otage de deux Canadiens, en 2008, trois Espagnols et deux Italiens en 2009.
Depuis le mois dernier, Washington offre jusqu’à 23 millions de dollars de récompense pour toute information conduisant à sa capture ou à celle du chef de la secte islamiste nigériane Boko Haram.
Le Canada a aussi annoncé, le 26 juin, qu’il avait engagé des poursuites pour son rôle dans l’enlèvement des deux diplomates canadiens, il y a cinq ans. Belmokhtar devient, donc, l’un des «chefs djihadistes» le plus recherché de la planète.
Une délégation du Federal Bureau of Investigation (FBI) est arrivée, à la fin du mois dernier, à Alger, dans le cadre de la coopération judiciaire entre l’Algérie et les Etats-Unis d’Amérique et, également, dans le cadre de l’enquête américaine sur l’assassinat, en octobre 2012, de l’ambassadeur des Etats-Unis à Benghazi (Libye), J.
Christopher Stevens, et de trois autres fonctionnaires de l’ambassade, avons-nous appris de source judiciaire sûre, comme rapporté par notre journal dans une de nos précédentes éditions. La délégation d’enquêteurs du FBI s’est rendue au siège de la cour d’Alger et a rencontré des magistrats algériens chargés de l’instruction judiciaire sur l’affaire de l’attaque terroriste contre le site gazier d’In Amenas, avons-nous appris de source judiciaire sûre.
L’arrivée d’une délégation du FBI à Alger entre dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de l’ambassadeur et de trois autres fonctionnaires de l’ambassade des Etats-Unis dans une attaque terroriste commise contre le siège du consulat américain à Benghazi, en Libye.
Les terroristes, auteurs de l’attaque contre le site gazier de Tiguentourine, à In Amenas, appartiendraient au même groupe que celui qui a perpétré l’assassinat des diplomates américains en Libye, selon notre source. Les forces spéciales de l’Armée nationale populaire (ANP) avaient, au terme de l’assaut, réussi à capturer vivants quatre des assaillants, est-il rappelé. Les enquêteurs du FBI s’intéressent aux auditions des quatre terroristes arrêtés par l’armée algérienne pour arriver à l’identification des auteurs de l’assassinat de l’ambassadeur américain et de trois fonctionnaires du consulat américain à Benghazi.
M. A.