Le groupe sidérurgique public algérien Sider et le numéro un mondial de la sidérurgie ArcelorMittal représenté par son PDG, Lakshmi Mittal, ont signé le 5 octobre 2013 à Alger un nouveau pacte d’actionnariat qui redonne la majorité des parts (51%) à la partie algérienne.
En 2001, l’Etat algérien avait privatisé le complexe sidérurgique d’El Hadjar ainsi que les deux mines de l’Ouenza et de Bouhadjar à Ispat, ancêtre indien d’ArcelorMittal. Ispat détenait alors 70% des parts alors que les 30% restant revenaient à deux groupes publics : Sider et Ferphos.
En dépit de son statut de partenaire désormais minoritaire, ArcelorMittal conserve le management du complexe et des mines. Sider présidera de son côté le conseil d’administration.
Ce nouvel accord a été célébré même si le bilan des onze premières années de partenariat n’est pas très reluisant. En 2012, soit plus d’une décennie après la privatisation du complexe, ArcelorMittal n’a produit que 580 000 tonnes d’acier alors qu’il prévoyait de dépasser 700 000 tonnes en 2011. Cet objectif jamais atteint s’avère d’ailleurs largement inférieur au million de tonnes produit avant 2001, lorsque le complexe était géré par le groupe Sider.
763 millions de dollars d’investissement
L’accord passé risque de ne pas éteindre les feux de la polémique.(photo DR)
L’accord passé risque de ne pas éteindre les feux de la polémique.(photo DR)
L’acquisition de la majorité des parts du complexe par l’Etat algérien a été assimilé par certains à une nationalisation car elle s’est faite au dinar symbolique.
Mais d’autres observateurs se demandent pourquoi l’Etat algérien n’a pas pris le contrôle total du complexe et des mines en se basant sur le non-respect des engagements de production par le repreneur en 2001. Ils considèrent que le géant mondial de l’acier dont le site d’Annaba a perdu 33 M$ en 2012 réalise une bonne affaire car les investissements prévus de modernisation du complexe seront à la charge de l’actionnaire principal, l’Etat algérien.
L’accord passé risque ainsi de ne pas éteindre les feux de la polémique. Il prévoit un plan d’investissement de 763 M$ honoré en proportion des parts de chaque actionnaire et par un recours à des emprunts auprès des banques publiques algériennes.
Il s’agit de porter la capacité de production du complexe à 2,2 millions de tonnes par an à compter de 2017. Les projections en matière de besoins de l’Algérie en acier sont estimés à 5 millions de tonnes en 2020 et à 8 millions de tonnes en 2030.
Il faudra pour que l’Algérie devienne autosuffisante relancer et augmenter les capacités de production du site d’El Hadjar, mais aussi créer de nouveaux complexes sidérurgiques dans d’autres régions du pays avec le concours de nouveaux partenaires étrangers.
modernisation
Concernant El Hadjar, une série d’investissements d’un montant de 720M$s doivent être réalisés. «Il est prévu, selon un communiqué d’ArcelorMittal, de moderniser la filière fonte d’Annaba par la rénovation complète du Haut Fourneau ainsi que les installations de Préparation Matière, Aciéries et laminoirs existants. Il est aussi prévu la construction d’une nouvelle filière électrique (Four électrique et coulée continue billettes) ainsi que le renforcement des capacités avales avec l’implantation d’un nouveau laminoir de rond à béton et de fil machine d’une capacité de 1 million de tonnes.»
Les deux mines de l’Ouenza et de Boukhadra seront réhabilitées pour un montant de 43 M$.
L’accord détaille également un plan de développement des ressources humaines par le biais de formations intensives aux nouvelles technologies.
Sur le plan social, un pacte de stabilité signé entre le syndicat d’entreprise affilié à la centrale unique de l’Union générale des travailleurs algériens et la direction prévoit des augmentations de salaires étalées sur deux années au profit des 6 000 travailleurs du complexe.
Amal Belkessam, à ALGER