Après le drame qui a fait deux morts au stade du 5-Juillet, Les familles des victimes envisagent d’ester l’OCO en justice

Après le drame qui a fait deux morts au stade du 5-Juillet, Les familles des victimes envisagent d’ester l’OCO en justice

Les familles des victimes décédées samedi soir, lors du derby USMA-MCA suite à l’effondrement d’une partie de la tribune supérieure (numéro 13), vont entamer une procédure judiciaire contre les responsables du complexe olympique du 5-Juillet pour négligence.

En effet, les familles Derghoum et Laâzib ne vont pas passer sous silence cet incident grave qui a coûté la vie à leurs fils Seïf Eddine (21 ans) et Sofiane (26 ans), cheminot de profession, supporters mordus de l’USM Alger. Ils se sont déplacés à l’enceinte sportive du 5-Juillet afin de soutenir leurs favoris, et en même temps, rompre avec un quotidien harassant. Seïf Eddine Derghoum n’avait que le football pour occuper ses journées. Il était chômeur, lui qui a quitté les bancs du lycée en 1re année secondaire. Il adulait la balle ronde au point qu’il ne ratait pas l’occasion de suivre partout son équipe favorite, l’USM Alger. C’était un bon footballeur, un fin technicien et il défendait les couleurs de son club de quartier cité Diar El-Afia (Les Annassers). C’est là que les deux victimes Seïf Eddine et son ami Sofiane vivaient. Ils étaient voisins et connus pour être de gentils garçons, sans histoire. “Ils étaient inséparables, connus comme des loups blancs et des fans invétérés de l’USMA”, témoigne l’oncle de Seïf Eddine, Merouane Melaïkia, au milieu d’une foule nombreuse venue compatir avec les familles des victimes. “Que voulez-vous que je vous dise ? Nous avons perdu notre cher et regretté fils à cause d’une faute de négligence des responsables du 5-Juillet. Je me demande ce qu’ils font durant leurs journées. Le pire dans cela est qu’ils s’en lavent les mains comme si rien ne s’était passé. Raison pour laquelle, nous allons poursuivre ces responsables devant les tribunaux”, fait-il savoir. À côté de notre interlocuteur se trouvait le père de Seïf Eddine, Mohamed. Les traits tirés, ce sexagénaire avait le regard hagard. Il était toujours sous le choc. “Je suis un homme abattu. La perte d’un fils est l’épeuve la plus terrible pour un père ou une mère. Dieu en a voulu ainsi, et c’est le destin. Mais, je ne pardonnerai jamais à la direction de l’OCO. Elle assumera seule la responsabilité de cette tragédie”, affirme-t-il. Mohamed a déjà vécu pareille circonstance après le décès tragique de son fils aîné Farès, lors d’un accident de la circulation. “Ma vie s’est arrêtée après sa mort. Maintenant, mon deuxième fils part le rejoindre dans un monde meilleur”, enchaîne-t-il. Un monde meilleur. Mohamed sait de quoi parler, tellement les maux sociaux ont frappé de plein fouet son foyer. Il était locataire à Bab El-Oued avant de s’installer à Diar El-Afia où il avait loué un petit deux pièces pour la somme de 18 000 DA. Le défunt Seïf Eddine passait ses nuits à la belle étoile en raison de l’exigüité du domicile. Le matin, il attendait le départ de ses parents pour pouvoir tomber dans les bras du Morphée. “La mère de Seïf est une enseignante de langue arabe. Elle a été félicitée trois fois par l’ancien ministre. Après 35 ans de bons et loyaux services, elle part en retraite sans bénéficier d’un logement décent, en dépit des nombreuses demandes formulées auprès des instances concernées”, témoigne Merouane Melaïkia. Et d’enchaîner : “La mort de nos fils cache une vérité amère. Sifou et Sofiane étaient déjà dans la tombe de la vie tellement leur quotidien était infernal. Ils rejoignent leur dernière demeure pour un monde certainement meilleur. Leur mort doit servir à quelque chose. Les responsables doivent rendre des comptes”, fait-il savoir.

Seïf Eddine et Sofiane ont fait une chute mortelle de 12 mètres après l’effondrement d’une partie de la tribune 13. Ils avaient été, par la suite, évacués en urgence à l’hôpital de Béni-Messous. Leurs corps ont été rendus à leur famille en début d’après-midi hier.

Ils ont été inhumés au cimetière de Ben Omar (Kouba) après la prière d’Al-Asr en présence d’une foule nombreuse, dont les dirigeants et les supporters de l’USMA.

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