Le Burundi de Adel Amrouche a imposé le nul au Bénin à Cotonou
«J’avais pourtant mis en garde contre la Tanzanie»
Adel Amrouche, le sélectionneur algérien du Burundi, débute bien ses éliminatoires à la CAN 2012. Il vient d’imposer le nul au Bénin chez lui à Cotonou dans un contexte très difficile. Il nous en parle dans l’entretien qui suit. En technicien averti, il nous livre aussi son avis sur l’actualité des Verts. Entretien.
Vous avez réussi à arracher le point du nul au Bénin ; avec du recul, quelle analyse faites-vous de ce match ?
C’est un bon point de pris. Au regard de la physionomie du match, je repars convaincu qu’on aurait pu l’emporter. Hormis quelques erreurs de placement en première mi-temps qui nous avait coûté un but, dans l’ensemble, on a pratiquement dominé notre adversaire. Les garçons sont venus à la fin du match me présenter leurs excuses pour avoir failli à certaines consignes. Bon après, je crois que c’est déjà un bon point de pris.
Ce nul prend, on dirait, pour vous les contours d’un exploit, eu regard au contexte dans lequel s’est déroulé le match ; est-ce vraiment le cas de le dire ?
Tout à fait, ceci si l’on prend en considération la qualité de l’adversaire qui nous est supérieur du point de vue des moyens notamment. La plupart de leurs joueurs sont pros.
L’Etat met beaucoup de moyens pour la promotion du football. Donc, de ce point de vue là, y a pas photo ! Le Burundi n’a pas autant de moyens. Le pays est en pleine reconstruction. Donc, forcément, c’est un acquis.
Comment vous faites, vous le sélectionneur, pour motiver vos joueurs lorsqu’on sait que le nerf de la guerre, source habituelle de motivation, fait défaut ?
Je communique. Je suis quelqu’un qui parle beaucoup à ses joueurs. On échange. Après, il y a la fierté de jouer pour le pays qui fait que les joueurs viennent motivés de fait.
Ce sont des garçons qui ne rechignent jamais à la tâche. Ils sont toujours prêts à se sacrifier. Et puis, ils me sont redevables. A mon arrivée, la plupart jouaient au pays, or, depuis, tous ont réussi à s’expatrier. Du coup, ils adhèrent parfaitement à ma philosophie.
Quels sont vos objectifs pour ces qualifications ?
On joue pour nous qualifier, cela est certain. On veut y être. Les joueurs ont envie de goûter à l’ambiance d’une Coupe d’Afrique. L’envie y est. On milite tous dans ce sens.
Franchement, si j’avais eu des doutes quant à notre potentiel, je serais parti. J’ai reçu plusieurs offres, mais j’ai choisi de continuer avec ce groupe, car il y a du potentiel. Après, on gère match par match. Ce sera que du bonus pour nous. C’est vrai que ça ne va pas être facile. On jouera la Côte d’Ivoire lors de la prochaine journée. On essayera de réaliser un bon résultat.
Ça reste un gros challenge ?
Non, je ne pense pas que ça soit un. C’est un match qu’on prend avec beaucoup de sérieux. Oui, on sait que ça ne sera pas facile. Mais la motivation y est. On donnera tout, c’est certain.
Revenons-en un peu, si vous voulez, au match face au Bénin. N’y a-t-il pas une satisfaction personnelle derrière ce résultat ?
Si ! Pour la petite histoire, en conférence d’avant-match, j’avais déclaré aux médias béninois que j’étais venu faire pleurer Coffi Codjia ! Cette déclaration a été reprise par tous les organes de presse de ce pays, car il y avait une pointe d’ironie derrière.
Vous suivez sans doute l’actualité de la sélection, quelle lecture faites-vous de la démission de Saâdane ?
Il fallait prendre des décisions. Le climat était, à mon sens, morose depuis le Mondial. J’imagine que cela s’est déteint sur les joueurs. A partir de là, il fallait décider des suites à donner à la situation. Le sélectionneur a décidé de s’en aller.
Il a sans doute vu qu’il n’avait plus les clefs en main. Après, il faut lui tirer chapeau pour tout ce qu’il a fait pour le football algérien. C’est un homme qui a beaucoup donné, il faut le lui reconnaître.
Vous attendiez-vous à ce qu’il parte à ce moment précis ?
Non, mais vu le contexte, c’était, à mon avis, inévitable. On fait match nul face à une équipe qu’on a pris de haut. C’était l’erreur qu’il ne fallait pas commettre. J’avais pourtant mis en garde contre cette équipe de la Tanzanie. J’ai dit que j’étais prêt à aider.
Je le fais parce que c’est mon pays. Il n’y a aucun intérêt derrière. Je connais parfaitement l’Afrique. Le staff technique s’est contenté de superviser le match Egypte-Tanzanie (5-2), alors que ça ne pouvait en aucun cas constituer une référence.
Il y avait un arrangement derrière. Ce match-là avait servi pour faire travailler à la sélection égyptienne ses automatismes. Ils auraient dû superviser leurs matches face au Brésil et la Côte d’Ivoire.
C’est là qu’on pouvait apprécier leur vraie valeur. J’étais prêt à fournir des infos. Je le fais sans contrepartie. Je ne suis pas demandeur. Je ne comprends pas pour quoi ce complexe de supériorité.
Est-ce opportun d’opérer ce changement à ce moment ?
On verra bien.
Les sélections nord-africaines ont toutes mal débuté les qualifications, quelle en est la raison ?
L’Afrique, ce n’est pas facile, il faut connaître. Il faut maîtriser plusieurs paramètres. C’est pour cette raison que je suis favorable à l’intégration des joueurs locaux en sélection algérienne. Ils connaissent le contexte de part leur expérience en club. Ils ont le contact avec la terre. C’est très important.