Le ministre du tourisme, Mohamed Amine Hadj Saïd, préfère privilégier le partenariat public-privé. Cela lui permet de botter en touche à propos des privatisations.
Le gouvernement algérien n’a pas encore défini de démarche sur le dossier brûlant de la privatisation des infrastructures touristiques. Alors que les opérateurs privés souhaitent acquérir les installations gérées par des entreprises publiques, très convoitées en raison de leur emplacement idéal, les autorités bottent en touche, affirmant privilégier les nouveaux investissements, la formation et le partenariat plutôt que le recours aux privatisations. Si le calendrier politique est respecté, aucune décision significative ne devrait être prise avant les élections présidentielles d’avril 2014, les périodes préélectorales étant traditionnellement peu propices aux initiatives novatrices.
Hésitations
Interrogé sur le sujet, le Secrétaire d’état chargé du tourisme, Mohamed Amine Hadj Saïd, a soigneusement éludé la question. « Pour le moment, on ne pense pas aux privatisations, mais au partenariat. On a besoin de savoir-faire », a-t-il dit au cours d’une émission de radio, ajoutant : « Nous n’envisageons pas de privatisations ».
Ces hésitations ont quelque peu refroidi l’ardeur du patronat, qui voulait relancer l’idée de privatisation lors de la tripartite prévue fin septembre. Encouragées par l’entrée du groupe privé Benamor (industrie alimentaire) dans le capital de l’entreprise publique Eriad Corso, en mars dernier, les organisations patronales y avaient vu le signe d’un nouveau départ pour les privatisations, même sous forme partielle. Elles saluaient le virage, après l’épisode du « nationalisme économique », qui avait vu le président Bouteflika et le premier ministre Ahmed Ouyahia amorcer un virage décisif pour revenir vers un étatisme prononcé.
Virage sans suite
Mais ce virage n’a pas eu de suite. Le gouvernement semble même s’orienter vers un renforcement de sa présence dans le tourisme. Les sites contrôlés par des entreprises publiques, souvent mal gérés, et fortement dégradés, ont bénéficié d’un apport financier conséquent pour être réhabilités. L’Etat y injectera 70 milliards de dinars (700 millions d’euros), a indiqué le ministre du tourisme. 68 sites en bénéficieront, essentiellement les fameux centres touristiques construits au lendemain de l’indépendance, sur des sites de grande valeur, mais qui se sont fortement dégradés au fil des ans.
Mais s’il ne veut pas céder les infrastructures publiques au privé, M. Hadj Saïd prend soin de rappeler tout le temps que le gouvernement apporte tout son soutien à l’investissement privé. Ainsi, a-t-il indiqué, l’impôt sur les bénéfices pour les agences de voyage sera ramené de 25%, taux applicable aux entreprises de services, à 19%, applicable pour les entreprises de production. Cette modification sera introduite dans la prochaine loi de finances, a-t-il dit. Elle s’ajoute aux multiples facilités financières et fiscales accordées aux entreprises du secteur.