Alger, Oran, Annaba, CONSTANTINE…, La guerre des gangs fait rage dans les cités

Alger, Oran, Annaba, CONSTANTINE…, La guerre des gangs fait rage dans les cités

26158.jpgEn dépit des efforts des forces de l’ordre public, la guerre des clans ne cesse de faire des victimes dans les quartiers populaires et populeux dans différentes villes d’Algérie, laissant ainsi les citoyens vivre dans un état de torpeur.

Samedi soir, un jeune adolescent de 17 ans a été bêtement assassiné à Dergana. Tout a commencé quand un homme ivre, à bord de sa voiture (une Mégane classique grise) avec la musique à fond, est venu chercher sa drogue chez un célèbre dealer de ce quartier.

Ce dernier s’est accroché verbalement avec une bande de jeunes qui lui ont demandé de quitter les lieux : des injures, des insultes, des gros mots ont émaillé la bagarre avant d’aller plus loin. Jugeant que ce n’était pas suffisant, il leur a foncé dessus avec sa voiture à pleine vitesse. Le bonhomme, bourré, a perdu le contrôle de la voiture et les a renversé tout en écrasant une petit garçon contre le mur.

Isslam alias «le matreau» un jeune vendeur de sardines a rendu l’âme sur place alors qu’il était juste de passage et n’avait rien a avoir avec cette bagarre. Touché par la mort du jeune adolescent et scandalisé par ce qui s’est passé, le voisinage a réglé le compte de l’assassin en le tabassant avant de le remettre au commissariat de Dergana.

Il n’y a pas très longtemps, une simple altercation entre deux jeunes issus de Bab El Oued, s’est transformée subitement en drame, plongeant la population de ce paisible quartier de la capitale, dans la consternation et la stupeur. Bien qu’il ne soit pas propre à l’Algérie, le phénomène de la violence prend de plus en plus d’ampleur, faisant des grandes villes et quartiers surpeuplés, son terreau.

Ce qui s’est passé, en tout cas, à Dergana ou à Bab El Oued ne sont pas des cas isolés. Il ne se passe pas un jour sans que l’on fasse état ici ou là d’expéditions punitives ou de batailles rangées entre bandes rivales qui ont fait du commerce de la drogue leur business et leur gagne-pain.

Malgré le dispositif mis en place par la Direction générale de la Sûreté nationale et de la Gendarmerie, et surtout les sévères coups qui leur sont portés, les trafiquants ne désarment pas et multiplient leurs actions sur le terrain pour commercialiser leur funeste produit.

Durant le mois de Ramadhan, on a enregistré une recrudescence des agressions dans les quartiers chauds d’Alger, qui ont pris pour cibles de nombreux citoyens.

Selon un bilan qui nous a été transmis en 2012, par la cellule de communication de la sûreté de wilaya d’Alger, les services de la Police judiciaire ont effectué 1003 interventions ponctuées par l’arrestation, puis la présentation de 447 personnes devant le procureur de la République territorialement compétent, dont 98 ont été placées en détention provisoire.

Durant la même période, les services de police ont traité 1512 affaires qui ont conduit à l’arrestation de 291 personnes poursuivies pour différents délits, sur les 468 présentées au procureur de la République. Au total, les services de police de la sûreté de wilaya du Grand Alger ont enregistré et statué sur 3115 affaires qui se sont soldées par la mise sous mandat de dépôt de 889 prévenus sur les 1671 qui avaient été arrêtés.

Les quartiers populaires tels que Belcourt, El Harrach, Bachedjerrah etc. subissent des tensions vives dignes de la camorra ou de la mafia de la Campanie (Naples et sa région). C’est le cas du quartier Belouizdad, à Alger, après la bagarre qui a opposé deux groupes de jeunes il y a deux ans. Sept personnes ont été blessées, dont un garçon de 15 ans grièvement touché par une arme blanche, alors qu’il était de passage sur les lieux.

Même les riverains hésitent à évoquer cette journée de 2011 qui a vu, quelque temps avant la rupture du jeûne, deux groupes de jeunes s’adonner à une sanglante bagarre. Les signes de méfiance se lisaient sur les visages des quelques jeunes qui commençaient à peine à installer leurs produits sur les trottoirs du boulevard, à l’occasion du marché quotidien. « Y en a marre de ces histoires d’agression, de bagarres et de vendetta ».

C’est suite à une altercation entre deux jeunes, l’un du quartier Laâqiba et l’autre de celui de la Fontaine que la situation a dégénéré. Après cela, une bagarre rangée a éclaté, quelque temps avant la rupture du jeûne, entre les deux groupes. Sabres, coutelas, même des panneaux de signalisation et autres armes prohibées ont été utilisées par les deux groupes, faisant ainsi 7 blessés.

Hormis le jeune garçon de 15 ans, un autre jeune a été admis à l’hôpital pour une blessure à la tête, mais sans gravité, a-t-on assuré. « Le jeune garçon était de passage à l’endroit où il a été blessé », a indiqué un des riverains. Selon lui, les jeunes qui ont participé à cet incident « ont été déjà arrêtés puis ont bénéficié d’une grâce précédemment ».

QUAND LES PETITES BAGARRES SE TRANSFORMENT EN RÈGLEMENTS DE COMPTES ENTRE FAMILLES

Dans les quartiers chauds les conflits de clans se passent pratiquement de cette manière. Mais qu’en est-il des bagarres et règlements de comptes qui n’en finissent pas à M’sila. Des drames terribles qui se déroulent et se perpètrent à chaque fois durant le mois sacré du jeûne, et ce ne sont pas les exemples qui manquent.

L’année passée à deux heures d’ El-Iftar dans la populeuse cité des 924 logts. En effet, selon des témoignages recueillis sur place c’est suite au dépôt d’un sachet de détritus devant l’habitation d’une famille par l’un des membres de l’autre famille qu’une altercation se produisit mais qui tourna vite en une bataille rangée mettant aux prises deux familles composées chacune de quatre personnes.

Malgré l’intervention des citoyens et le renfort de la police, L.L. 68 ans a été frappé mortellement au crâne à l’aide d’un objet lourd et 7 autres ont eu des blessures sur diverses parties du corps.

Sétif est une ville qui est aussi connue pour ce genre de drame. Quatre personnes sont blessées, dont deux dans un état grave, lors d’une rixe qui a éclaté entre les membres de deux familles, dans la commune de Tizrouine, commune de Beida Bordj. Selon des témoignages, la bagarre s’est déclarée suite à un désaccord concernant une parcelle de terrain.

L’intervention des éléments de la Gendarmerie nationale a permis d’en limiter les dégâts qui, selon nos sources, auraient pu être plus graves, car les deux familles antagonistes ont employé des fusils de chasse et autres armes blanches dans cet affrontement. Les blessés, âgés entre 37 et 75 ans, ont été transportés par les services de la Protection civile à l’hôpital de Ain Azel.

Deux d’entre eux ont toutefois été transférés vers le CHU de Sétif, leur état ayant été jugé grave. Un jeune répondant aux initiales CH, âgé de 21 ans a été lui aussi mortellement poignardé, par un autre, B.M (29 ans) dans la commune de Telagh dans la wilaya de Sidi Bel Abbès, alors que deux policiers ont été légèrement blessés dans une rixe qui a opposé des membres des familles de la victime et de l’agresseur.

Evacuée aux urgences de l’EPH de la commune, dans un état critique, la victime qui souffrait d’une hémorragie aiguë, suite à un coup de couteau au niveau de la cuisse, a malheureusement rendu l’âme, en dépit des moyens et les efforts des médecins pour le sauver.

Des membres de la famille de la victime venus s’enquérir des l’état de santé de leur enfant et ayant appris la mauvaise nouvelle, se sont accrochés avec ceux de l’agresseur. Dans la rixe deux policiers ont été blessés. L’enquête diligentée par les policiers est en cours, et l’agresseur a été présenté hier devant le parquet de Télagh.

LE RAMADHAN UN SACRÉ MOIS DE BAGARRES !

Les petites querelles commencent entre deux personnes, puis les familles s’impliquent, avant que ça ne se transforme en guerre entre quartiers, usant de gourdins, d’armes blanches et de gaz lacrymogène, et entraînant parfois des morts et des blessés. Incroyable ! Mais c’est le quotidien de beaucoup d’Algériens en ce mois sacré de Ramadhan, censé être un mois de piété et de pardon.

Depuis le début du mois de Ramadhan, 70% des affaires qui ont atterri dans les différents tribunaux concernent les insultes et violences verbales, coups et blessures délibérées, tandis que 30% concernent des disputes entre voisins, entre quartiers ayant entraîné mort d’homme, ou des handicaps irréversibles.

Dans ce sens, le quartier Mokhtar Zerhouni a été le théâtre le mois de Ramadhan 2012 d’une bagarre qui a opposé les jeunes du quartier de la Casbah à ceux de Belcourt, relogés dernièrement.

Des armes blanches et des bombes lacrymogènes ont été utilisées, et trois personnes ont été blessées. Plus étrange, le motif de la querelle : un jeune a vu un autre regarder en direction du balcon de sa maison. Conséquences de ce sentiment de vendetta : ces deux jeunes sont atteints de graves blessures.

Des scénarios aussi bizarres l’un que l’autre, parfois accompagnés de youyous et d’ « Allah Akbar », comme cela s’est produit au quartier des 1686 logements à Birtouta entre les habitants d’El Harrach et de Oued Koriche, relogés là récemment. A l’origine du drame, une querelle entre enfants au sujet d’une balançoire…

Tout a dégénéré, un homme a été tué à coups de poignard, trois autres ont été blessés et plusieurs voitures ont été saccagées. La détérioration de la situation dans ce quartier a nécessité l’intervention des services de la sûreté de la daïra de Birtouta, appuyés par la sûreté de wilaya d’Alger afin d’entreprendre un travail préventif et de proximité.

Des séances de conciliation ont été organisées en présence du frère de la victime. Toutes les préoccupations des habitants ont été soulevées et dès le lendemain, le climat s’est apaisé et les services de police leur ont demandé de créer des comités de quartiers pour encadrer et être à l’écoute des soucis quotidiens. Les mêmes évènements sanglants et douloureux ont ébranlé d’autres nouveaux quartiers où ont été récemment relogés les habitants des bidonvilles.

Citons à titre d’exemple les affrontements qui ont eu lieu entre les habitants de Djenane Sfari et ceux de Diar Chems qui venaient d’être relogés, à Bab El Oued et le quartier dit «Carrière», ou encore la bagarre qui a éclaté entre les familles du quartier Doudou Mokhtar relogées récemment aux 1200 logements dans la commune de Tessala El Merdja et les habitants du bidonville dans cette même commune.

Le plus surprenant c’est que ces drames commencent dans la plupart des cas par des altercations verbales, avant que les rangs des rivaux ne grossissent pour une vengeance collective.

La sécurité des biens et des personnes est l’affaire de tous. Les services de sécurité ne peuvent pas, à eux seuls, venir à bout de la violence et des agressions qui visent essentiellement les personnes sans défense. Les parents sont aussi partie prenante et peuvent faire beaucoups’ils surveillaient mieux leurs enfants. Beaucoup ont abandonné leurs enfants, au prétexte qu’ils sont accaparés par leur travail et qu’ils ont autre chose à faire que de les surveiller ou épier leurs moindres faits et gestes.

Le comble, dans les années soixante-dix, on accusait la police d’outrepasser ses prérogatives, aujourd’hui, on demande qu’elle fasse usage de la force pour faire respecter l’ordre et la justice. La recrudescence de la violence en milieu urbain inquiète de plus en plus les citoyens qui réclament un durcissement de la loi pour faire reculer ce fléau.

Houda Bounab