ALGER, La Faculté de médecine inaugurée en silence

ALGER, La Faculté de médecine inaugurée en silence

De nombreux professeurs ont exprimé leur étonnement sur les raisons de cette «discrétion» inexpliquée.

Alger vient de réceptionner une nouvelle faculté de médecine. Nouveau style, spacieuse, moderne et suréquipée. Mais qui le sait du grand public? Eh bien, pas grand monde. Et pour cause, les responsables de cette toute nouvelle faculté de médecine n’ont pas jugé utile de donner à cet événement l’impact médiatique qu’il mérite. En fait, même au niveau du corps des enseignants en sciences médicales, très peu de personnes ont été conviées à cette ouverture tant attendue.

«Personnellement, j’ai appris comme tout le monde au JT de 20 h. Lors d’une tournée de travail du ministre à Alger où il a inauguré à la fois les deux facultés de médecine et de droit. Je me suis dit que la cérémonie d’ouverture officielle pour notre corps se fera plus tard avec le début de l’année universitaire; eh bien non, elle s’est faite en catimini entre responsables, directeur de département et doyen», souligne un maître-assistant, enseignant au niveau de cette faculté.

En effet, les enseignants n’ont pas été invités à cette «ouverture».. très privée. Le doyen n’a pas jugé utile d’inviter tout le monde. «Cela devait être une réunion, telle une grande messe où toutes les générations se seraient rencontrées et où on aurait été très heureux de réceptionner enfin un bâtiment digne de ce noble métier», souligne un autre enseignant qui n’en revenait pas. Ce n’est pas une bonne récompense à ces enseignants qui ont préféré rester en Algérie quand beaucoup d’autres ont franchi les frontières, qui sont restés dans le secteur public juste par amour du métier et de l’enseignement. L’histoire retiendra que pendant plusieurs années ils ont donné des cours dans des locaux vétustes, des amphithéâtres mal éclairés, sans micro, avec des vitres cassées, mal chauffés, surtout pas climatisés et non adaptés à l’enseignement supérieur qu’on appelait de façon sarcastique les «étables» de la Fac de médecine.

La situation dans les services hospitaliers n’était guère meilleure parce qu’en plus des conditions de travail difficiles avec les patients, le personnel, les moyens et les directions. «On a reçu notre doctorat a travers une petite grille où l’agent vous le balance comme un vulgaire formulaire et dans l’Algérie qui fête son cinquantenaire de libération et d’indépendance», «on ignore tout le monde pour un événement qui, à mon sens, a été plus qu’ignoré», s’écrit un enseignant. On assiste quotidiennement à des célébrations et des cérémonies officielles de beaucoup d’événements pas plus importants: l’inauguration d’un tronçon d’autoroute, une gare, des projets parfois inachevés, la rénovation d’une église, une mosquée ou une zaouïa, des festivals de tous genres sportifs mais surtout culturels où on récompense tout le monde. Ce sont là des événements qui font vendre une politique. L’Université algérienne est en bas du tableau du classement international des universités, bien derrière certains pays dits sous-développés, ces même pays qui profitent du soutien politique et économique algérien. Le savoir est au centre du développement des nations, notre université peine à se relever, prise dans un carcan d’esprits dépassés par le temps et les évènements. Certains iront en les citant comme étant d’origine algérienne, certains les traiteront de traître! N’est-ce pas là, la faillite d’un système?