Affaire ENTV – Al Jazeera, Khelladi : “Nous avons pris une décision légitime”

Affaire ENTV – Al Jazeera, Khelladi : “Nous avons pris une décision légitime”

Le directeur général de la Télévision algérienne, Toufik Khelladi, s’est exprimé hier sur les ondes de la radio Chaîne III, sur l’affaire ENTV-Al-Jazeera sport après que la Télévision algérienne eut décidé de diffuser le match Burkina Faso-Algérie “sans avoir eu l’autorisation de la chaîne qatarie qui détient l’exclusivité des droits de retransmission”. “Il faut remonter une semaine avant pour comprendre tout ce qui s’est passé”, a-t-il dit d’emblée.

“Nous étions en contact avec Sport Five qui détient depuis quelques années les droits TV. Mais un bon matin, on apprend qu’Al-Jazeera Sport a acquis tous les matches de barrages alors que dans un passé récent cette chaîne a toujours privilégié les phases finales de la CAN ou de la Coupe du monde. Du coup, nous avons pris attache avec les responsables d’Al-Jazeera Sport auxquels nous avons fait une proposition commercialement juste. Hélas, on a reçu une réponse négative par laquelle Al-Jazeera Sport a réitéré son intention de garder l’exclusivité sur les cinq matches de barrages”, a t-il ajouté. Et de poursuivre : “Al-Jazeera est revenue à la charge après en nous faisant une offre inadmissible du moment qu’elle a, en plus, revu à la hausse la vente des droits de retransmission et a exigé l’ouverture de son bureau à Alger. Nous avons répondu que cela n’était pas de nos prérogatives et que notre seul souci était la retransmission du match Burkina Faso-Algérie, mais les Qataris sont restés sur leur première décision”, a souligné le numéro un de l’Unique.

Interrogé sur les motifs qui l’ont poussé à prendre la décision de diffuser le match sans passer par l’autorisation du détenteur des droits de télévision qui n’est autre qu’Al-Jazeera Sport,

M. Khelladi a estimé que l’ENTV s’est appuyée sur des règles internationales qui protègent le droit à l’information et l’accès libre aux événements majeurs. “il y avait des règles éthiques, sportives et morales à respecter”, a-t-il dit encore, avant d’expliquer lesdits critères sur lesquels il a pris la décision de la diffusion du match à partir du signal de la télévision du Burkina Faso. “Quand deux des quatre critères que je vais citer sont réunis, le détenteur des droits de télévision, à savoir Al-Jazeera Sport, doit impérativement dans les délais proposer de nous céder les droits permettant de diffuser le match sur la chaîne terrestre. Lorsque l’événement réunit un public très large. Lorsqu’un événement implique l’identité nationale, lorsque l’équipe nationale est impliquée dans une compétition d’envergure comme la Coupe du monde, lorsqu’un événement fait l’objet d’une large diffusion. Dans la situation qui nous concerne, les quatre critères sont réunis et nous n’avons pas reçu une proposition de la part du détenteur des droits. Bien au contraire, c’est nous qui avons fait une offre correspondant à la valeur du match Burkina Faso-Algérie. Nous n’avons pas cédé au chantage. Je pense que nous avons pris une décision légitime et je suis heureux que nos frères Égyptiens aient fait la même chose”, a ajouté le premier responsable de l’ENTV qui a révélé, en outre, que des mesures communes vont être prises lors du prochain conseil des télévisions et des radios d’Afrique qui se tiendra dans la première moitié du mois de novembre prochain à Dakar afin de mettre fin au diktat “d’Al-Jazeera et consorts” dans les droits de télévision.

Il faut savoir, par ailleurs, qu’en ce qui concerne les droits de retransmission des matches de Coupe du monde de football : la Fifa, organisatrice du Mondial et donc des phases éliminatoires, détentrice de ces droits, avait décidé, il y a deux ans, de les céder aux confédérations continentales, à savoir (l’UEFA, la CAF…) afin de leur permettre de bénéficier d’une manne financière importante. La Fifa avait changé de démarche en la matière car, initialement, ces droits étaient exploités par les fédérations nationales.

C’est ce changement de procédé qui a engendré, en quelque sorte, tout ce conflit et cette polémique autour des droits de retransmission entre les chaînes privées et les fédérations nationales.

Donc, pour le continent africain, c’est la CAF qui gère ce volet fort lucratif. Pour des raisons évidentes de rentabilité, la CAF a vendu les droits de retransmission à une boîte privée nommée Sport Five, basée en France, qui, elle-même, les a cédés à une autre boîte privée restée jusque-là mystérieuse. Bref, ces boîtes ont lancé à ce moment-là un appel d’offres international pour la cession des droits de toute la phase des éliminatoires du Mondial zone Maghreb. La chaîne qatarie Al-Jazeera Sport rafle la mise pour le prix de 5 millions de dollars.

L’ENTV, pensant qu’Al-Jazeera allait lui vendre les droits des matches de l’EN, n’a pas jugé utile de se porter acquéreur. Pourquoi ? Qu’à cela ne tienne. À l’approche du rendez-vous contre le Burkina Faso, l’ENTV a tenté d’acheter les droits de retransmission de la rencontre auprès d’Al-Jazeera.

F. R