«J’ai peur que le voleur de Sonatrach devienne le président de la République», voilà ce qu’a « lâché» le président du MSP pour décrire l’ampleur de la banalisation de la corruption au sein de la société. Aboudjerra Soltani, qui s’exprimait hier à l’ouverture de l’avant-dernière conférence thématique de la commission nationale de préparation du 5e congrès du mouvement prévu les 1er, 2 et 3 mai prochains, s’est assez longuement étalé sur la corruption.
Un phénomène face auquel on ne peut rien entreprendre pour la simple raison, selon lui, qu’il est «structuré, immunisé» du fait, a-t-il, «des réseaux qui se défendent les uns les autres, ce qui rend les grands corrupteurs au-dessus de toute menace». Les grands corrupteurs seulement car pour les «petits», ceux qui l’exercent dans le «détail», ils serviront de lampistes pour faire office de lutte contre le phénomène. Plus grave encore, a-t-il poursuivi, la corruption qui a désormais ses intervenants dans le «gros» menace les équilibres, regrettant que ce jeune démuni qui a écopé de trois ans de prison ferme pour avoir volé un costume pour les besoins de la cérémonie de son mariage alors que les gros bonnets de la corruption restent intouchables. «J’ai peur que celui qui a volé la Sonatrach devienne président de la République», a-t-il lâché comme pour illustrer l’ampleur de la banalisation du phénomène qui est encore au stade de simple délit alors qu’il s’agit, selon Soltani, de criminalité.
Dénonçant le rétrécissement des libertés syndicales et le black-out frappant l’activité politique, le président du MSP tournera presque en dérision la création toute récente, d’un syndicat des imams sous la coupe de l’UGTA. «C’est une hérésie», a-t-il affirmé, lui pour qui «l’imam est un prédicateur et pas un fonctionnaire», s’interrogeant, une fois de plus, sur cette propension à isoler les revendications des diverses corporations de leur essence éminemment politique ».
De ce fait, le pouvoir, selon Soltani, a réussi à «dégarnir la majorité des partis de leurs militants, occupés qu’ils sont à se limiter à leurs seuls soucis socioprofessionnels corporatistes ». Intervenant en premier, Namane Laouer, le président de la commission de préparation du 5e congrès du mouvement, considère ce rendez-vous organique comme celui des idées et non celui des hommes ou des groupes de personnes, manière à lui de dépassionner quelque peu l’intérêt que suscite la succession de Soltani. Et de minimiser l’ampleur de la crise subie par le mouvement dans le sillage de la scission de certaines de ses figures de proue. «Nous avons perdu des cadres, mais la base est restée soudée, telle qu’elle n’a jamais cessé de l’être», a-t-il assuré. Au sujet du retour au bercail de Abdelmadjid Ménasra dont les camarades avec qui il a fondé l’année dernière le FC, viennent de lui faire fausse route en créant, avant-hier leur propre parti, et si Soltani n’en a soufflé aucun mot, il n’en demeure pas moins qu’au sein de la base, on le souhaite ardemment. «Il est fort probable que Ménasra fasse son grand retour parmi nous, à l’occasion du prochain congrès», assure un cadre du mouvement. Encore plus optimiste, notre interlocuteur n’écarte pas la perspective que l’ancien ministre de l’Industrie ne fasse des émules parmi les autres déçus parmi les cadres du mouvement tentés par d’autres expériences partisanes.
Mohamed Kebci