Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, poursuit ses sorties hebdomadaires sur le terrain pour s’enquérir de l’état d’avancement des chantiers lancés dans les différents programmes du président Bouteflika.
Aujourd’hui, M. Sellal sera dans la wilaya de M’sila où déjà la société civile a préparé plus de 70 revendications à lui soumettre. Cette wilaya que l’on a du mal à classifier parmi celles des Hauts-Plateaux ou celles à la lisière du Sahara. Semi-aride et à vocation agropastorale, elle a souvent été en marge du développement. Regorgeant de sites touristiques, elle n’a pas su garder cette vocation qui faisait vivre, par le passé, des milliers de familles.
Les sites touristiques sont, soit à l’abandon, soit ont fait les frais d’une urbanisation anarchique.
Mais la société civile ne fait pas mieux que celles des autres wilayas : elle veut de nouveaux projets, comme ceux dont ont bénéficié d’autres wilayas, à commencer par le projet en vogue en ce moment : le tramway. Chaque wilaya veut le sien. Mais aussi une liaison avec l’autoroute Est-Ouest. Elle veut aussi un aéroport à M’sila, sachant que celui de Boussaâda est resté, des décennies durant, fermé à la navigation aérienne. Elle veut également l’ouverture d’une spécialité en médecine à l’université de M’sila et, surtout, des projets économiques devant créer des postes d’emploi.
Les M’silis ont un argument : leur wilaya compte plus d’un million d’habitants, beaucoup plus que d’autres wilayas qui ont bénéficié de tels projets.
Abdelmalek Sellal devrait inaugurer certaines unités de production appartenant au privé, des exploitations agricoles, comme il devrait distribuer des logements et, enfin, répondre aux doléances de la société civile de la wilaya. Ces visites, qui se suivent et se ressemblent, permettent au Premier ministre de distiller des messages, dont le plus important est de dire que l’État est omniprésent, qu’il continue à travailler, en dépit de l’absence prolongée du chef de l’État pour cause de maladie. Le second message consiste à dire que l’État suit l’évolution des projets qu’il a lancés et compte injecter davantage d’argent pour rattraper les retards en matière de développement local. Le troisième message s’adresse aux jeunes et aux forces vives de l’Algérie profonde : l’État est à l’écoute de leurs doléances.
S’il est vrai que le Premier ministre ne cesse de marteler, lors de ses différentes sorties, que l’État reste à l’écoute des citoyens et qu’il comprend leurs mécontentements exprimés çà et là, il est aussi vrai que l’État ne peut pas répondre à toutes les doléances, aussi légitimes soient-elles. Abdelmalek Sellal, qui insiste, partout où il passe, sur la nécessité d’intéresser les investisseurs privés, sait que c’est l’intervention de l’État qui reste la plus attendue un peu partout. Là où il passe, il est accueilli par une société civile triée sur le volet par les walis et leurs proches, pour revendiquer le maximum de projets, même si ces derniers ne risquent jamais de voir le jour ou, en tout cas, constituent de nouveaux gouffres financiers. Que d’aéroports ont été ouverts, à coups de milliards de dinars, pour ne servir, en fin de compte, qu’une fois par semaine, et avec des avions qui repartent avec seulement une douzaine de passagers. Que de complexes sportifs ont été inaugurés, pour ne servir qu’une année ou deux, avant de fermer en attendant de nouvelles opérations de réhabilitation. Que d’hôpitaux ont été inaugurés, mais ne disposant pas de spécialistes, ni de matériel adéquat, se transforment en mouroirs. Que de terres agricoles, et des aides financières, ont été distribuées pour voir ces nouveaux exploitants se transformer, quelque temps après, en trabendistes.
L’État-providence a de beaux jours devant lui, et Abdelmalek Sellal n’y changera rien.
A. B