Jamais deux sans trois ! Cette expression employée pour dire qu’une chose qui se produit deux fois pourrait survenir une troisième fois semble s’adapter parfaitement aux scandales financiers qui ont ébranlé la prestigieuse compagnie des hydrocarbures Sonatrach.
Et pour cause, alors que l’affaire «Sonatrach II», en cours d’instruction au tribunal d’Alger, n’a pas encore livré tous ses secrets, voilà qu’une nouvelle machination de corruption et de détournement de deniers publics se révèle au grand jour dans l’une de ses filiales basée à Skikda, à l’est du pays.
Il s’agit de l’entreprise Somik spécialisée dans la maintenance industrielle qui fait l’objet d’une enquête depuis l’année dernière par la section de recherche relevant du groupement local de la gendarmerie. Des investigations de longue haleine au bout desquelles la justice a été destinataire d’un nouveau dossier lourd éclaboussant de nouveau la compagnie Sonatrach.
Il aura fallu deux journées de suite, mercredi et jeudi derniers, pour que les quelque 55 personnes impliquées et suspectées de corruption et de détournement de deniers publics soient présentées et entendues par le juge du tribunal de Skikda.
Au terme de cette présentation, le juge a décidé de placer sous contrôle judiciaire une vingtaine de hauts cadres de l’entreprise, alors que 35 individus dont 11 femmes ont été relaxés. La totalité de ces individus parmi lesquels on retrouve des ressortissants étrangers étaient interpellés dans le cadre du traitement par les services de la gendarmerie de Skikda d’une affaire de corruption liée à des passations de marchés en violation de la réglementation, dans le cadre de l’opération de rénovation du centre de liquéfaction de gaz naturel (train GNL) de la zone industrielle de Skikda par la firme américaine KBR.
De fil en aiguille, les enquêteurs de la section de recherche du groupement de la gendarmerie de Skikda n’ont ménagé aucun effort et négligé aucun détail pouvant servir à démontrer que les transactions accomplies entre Somik et l’entreprise américaine sont entachées par des actions de corruption.
Les mêmes services de sécurité ont eu notamment recours à des perquisitions des domiciles de certains cadres gestionnaires de l’entreprise Somik, dont nombre d’entre eux ont été d’abord interrogés par les gendarmes avant d’être présentés devant le juge. L’enquête sur l’affaire Somik s’étend au-delà de la zone industrielle de Skikda.
Elle a été en effet élargie à d’autres wilayas à la suite d’une décision d’extension de compétences délivrée par la justice au profit de gendarmes enquêteurs qui voulaient se renseigner davantage sur l’origine des biens immobiliers que possèdent certains hauts cadres de Somik en dehors du territoire de la wilaya de Skikda. Des biens d’une valeur faramineuse dépassant de loin les revenus des cadres suspectés. Toujours est-il, selon une source proche de ce dossier, le préjudice causé à la filiale Somik, à travers elle au groupe Sonatrach, serait énorme.
Karim Aoudia