Un lot d’archives numérisé des manifestations du 17 octobre 1961 en France a été remis aux Archives nationales par l’ancien membre de la direction de la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN) l’avocat Ali Haroun, a-t-il indiqué lui-même jeudi au Forum d’El Moudjahid.
Selon ses précisions, une centaine de témoignages et 117 rapports sur les évènements tragiques du 17 octobre 1961 ont été récupérés auprès d’Algériens ayant participé à ces manifestations, et remis par M. Haroun aux Archives mais aussi aux journalistes pendant après la conférence.
Me Haroun a ajouté qu’il avait remis auparavant aux mêmes Archives nationales un lot de 300 kgs de documents de la Fédération de France du FLN. Parmi les documents numérisés, dont l’APS possède une copie, il y a lieu de citer la déclaration du Groupe de policiers républicains français ayant condamné les comportements « indignes » de leurs collègues lors de ces manifestations réprimées dans le sang de beaucoup d’Algériens.
Me Haroun a souligné, à l’occasion, la « gêne » provoquée par cette déclaration auprès du ministre de l’Intérieur français de l’époque, Roger Frey, le patron de la police, Maurice Papon, et le responsable de la Police à Paris, qui avaient alors déposé une plainte contre X.
Il y a aussi parmi ce lot d’archives, un rapport détaillé sur ce qui s’est passé le 17 octobre à Paris, établi par Nicole Rein, membre du collectif des avocats du FLN en France, accompagné d’une revue de presse de l’époque.
Un autre rapport sur ces événements établi par le ministère de l’Information du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), figure parmi ce lot d’archives, et contient des témoignages de victimes de la répression et des photos illustrant l’étendue du carnage commis par la police de Maurice Papon au coeur de la capitale française.
Ce lot d’archives englobe également des rapports de responsables opérationnels de la Fédération de France du FLN, portant des numéros indiquant leur origine (Nahia, Amala, daira, wilaya, district et section).
Des témoignages écrits de militants ayant pris part à ces manifestations, sont aussi reproduits dans ce lot.
Faisant l’historique de ces événements, M. Haroun que la manifestation pacifique avait mobilisé au moins 50.000 Algériens et a été « sévèrement réprimée » par les forces de polices de Papon, faisant de nombreux morts et de blessés parmi les manifestants.
Il a témoigné que la direction de la Révolution algérienne avait à l’époque annoncé « plus de 200 morts ». Il y a eu aussi, selon lui, 11.500 arrestations. Il a jugé ensuite que les manifestations du 17 octobre 1961 avaient « marqué l’histoire de la même importance, sinon plus que celles du 11 décembre 1960 à Alger, non pas par le nombre des victimes, mais par le lieu où elles se sont produites » engendrant un « écho médiatique » considérable. Selon M. Haroun, des journalistes étrangers avaient été bastonnés par les policiers, dont des Américains et des Anglais, ainsi que le futur prix Nobel de littérature, le défunt Gabriel Garcia Marquez.
M. Haroun a affirmé, en outre, que des manifestations avaient eu lieu dans d’autres villes françaises dont Marseille, Grenoble, Lyon, Bordeaux et Lille, les 19 et 20 octobre, en réaction au massacre d’Algériens à Paris.
Tout en considérant qu’il est du devoir des Algériens de s’intéresser à ce qui s’était passé lors de la répression du 17 octobre 1961, il a appelé à une reconnaissance par la France des massacres d’Algériens lors de ces événements.
Il a annoncé, à l’occasion, l’organisation d’une vidéoconférence, le 27 octobre prochain, entre une université de Californie et l’université d’Oran sur le thème des manifestations du 17 octobre, pour dire, a-t-il souligné, l’importance dont jouit cet événement jusqu’à ce jour