Disposant d’une solide assise financière, l’USMA s’offre le meilleur effectif d’Algérie à coup de dizaines de milliards. Le club de Soustara n’est-il pas en train d’enfoncer par la même un peu plus le football national en mettant aux oubliettes la politique de formation, pourtant seul gage de réussite ? Le club veut revenir dans la cour des grands sur les plans national et continental, mais sa politique le mènera-t-elle à bon port sachant que l’expérience sétifienne est édifiante ?
Entre ceux qui jubilent, les supporters des Rouge et Noir bien évidemment, ceux qui jalousent, ceux qui restent perplexes ou ceux qui trouvent tout cela indécent, l’USM Alger a fait, en cette fin du mois de juillet, son show de la rentrée en présentant officiellement l’effectif version 2011/2012 avec en vedettes les nouvelles recrues qui sont venues s’exhiber aux journalistes et à une bonne frange de personnes au stade Omar-Hamadi de Bologhine. Il faut dire que le club de Soustara a voulu faire les choses en grand et annoncer, à l’occasion, que la nouvelle saison sera la sienne sur tous les plans : meilleur effectif d’Algérie, jouer tous les titres pour les gagner et faire le spectacle, sans oublier l’attractivité médiatique que les Usmistes savent manier lorsqu’ils sont sous les feux de la rampe, avec l’aide d’une galerie en or.
Il faut dire que la première étape des plans du président Haddad a été bien négociée en mettant la barre très haut en matière de transfert et en raflant toutes les «stars» locales, voire un Bezzaz qui a délaissé le monde professionnel pour revenir au pays. Bilan des emplettes de l’été 2011 : 300 millions de dinars, soit 30 milliards de centimes (voir encadré) rien que pour l’opération recrutement jugée très satisfaisante par l’entraîneur Français Hervé Renard qui l’a chapeautée en personne, mais qui a tout de même nuancé en affirmant que «pour l’instant nous n’avons pas d’équipe». Et la nuance est de taille. Il est vrai que rassembler les meilleurs joueurs, c’est une bonne chose, mais en faire une équipe, c’est mieux. Cette politique de vedettariat pour laquelle semblent opter les dirigeants de l’USM Alger, n’est pas forcément porteuse de succès, comme en témoigne l’expérience sétifienne de ces deux dernières saisons. En effet, le club d’Aïn El-Fouara, profitant d’une période faste et de l’aide inestimable de l’ex-wali de Sétif, Nouredine Bedoui (aujourd’hui à Constantine pour rééditer peut-être la même opération avec le CSC) qui a mobilisé tous les opérateurs et autres sponsors de la région, a déboursé pas moins de 1 600 millions de dinars (160 milliards de centimes) pour gagner une Coupe d’Algérie (2010) et deux coupes de l’UNAF (une des champions en 2009 et une des vainqueurs de coupe en 2010).
Très peu pour un tel niveau d’investissement, car en championnat les Sétifiens ont été coiffés par une jeune équipe du MC Alger avec moins de deux fois et demi son budget, lors de la saison 2009/2010, puis la saison d’après, 2010/2011, par l’ASO Chlef avec la moitié de son budget. L’Entente, qui visait l’Afrique, comme l’ambitionne l’USMA, est passée à côté d’un succès en s’inclinant, en 2009, en finale de la coupe de la CAF face au Stade Malien, un club plutôt formateur, alors qu’en Ligue des champions ce fut un fiasco puisque le club des Hauts Plateaux n’a pu se qualifier pour la phase des poules. C’est dire que l’expérience sétifienne est édifiante et que les dirigeants de l’USMA ont tout intérêt à en retenir les leçons.
A. S-B